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PREMIER EMPIRE

 

 

 

 

 

 

 

PREMIER  EMPIRE

PLAN
        *         PREMIER EMPIRE
        *         1. Les origines
        *         2. Le despotisme
        *         2.1. Des libertés bafouées
        *         2.2. Noblesse d’Empire
        *         3. La société
        *         3.1. Une France de notables
        *         L'essor de la bourgeoisie
        *         La fortune foncière
        *         Le développement du commerce
        *         Naissance de l'industrie contonnière et chimique
        *         3.2. Paysans et ouvriers
        *         Essor démographique
        *         4. Le Grand Empire
        *         4.1. La Grande Armée
        *         4.2. L’Europe comme champ de bataille
        *         4.3. L'Empire des Bonaparte
        *         4.4. L'Empire miné
        *         5. La chute de l'Empire
        *         5.1. La campagne de Russie ou le début de la fin
        *         5.2. « Le vol de l’aigle »
        *         5.3. Septième coalition (mars
premier Empire


Régime politique établi en France le 18 mai 1804 par Napoléon Ier et qui dura jusqu'au 6 avril 1814.

1. Les origines
Le coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799) institue le Consulat et porte le général Bonaparte au pouvoir. En théorie, la République continue : elle inscrit son nom sur les pièces de monnaie et sur les documents officiels. Son effigie, ses emblèmes, ses chants, son drapeau demeurent. Mais en cinq ans, la France devient un vaste chantier où les finances, l'administration, l'État, l'économie et la société sont reconstruits. Bonaparte établit la paix à l'intérieur et à l'extérieur ; les Français, d'abord réticents, se rallient à sa personne jusqu'à en faire un nouveau monarque, un empereur, un « roi du peuple ».

L'établissement de la monarchie impériale résulte du sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII (18 mai 1804) [ou Constitution de l'an XII], approuvé massivement par plébiscite (6 novembre), qui confie le gouvernement de la République au Premier consul avec le titre d'Empereur des Français, et proclame la dignité impériale héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte. Le nouveau régime complète ses attributs par le sacre à Notre-Dame de Paris de Napoléon Ier (2 décembre 1804), par la création d'une cour avec sa hiérarchie (grands dignitaires, grands officiers civils et militaires, dont dix-huit maréchaux) et d'une noblesse d'Empire (1806, 1808).

2. Le despotisme2.1. Des libertés bafouées

L'Empire se veut l'aboutissement de la Révolution, désormais close, dont il est chargé de préserver les conquêtes essentielles (égalité civile, respect de la propriété, abolition de la féodalité). Il est la garantie contre le retour de la Contre-Révolution et de l'anarchie jacobine. À ce titre, il justifie la mise en place d'un despotisme centralisateur. Napoléon maintient le système hérité du Consulat qui assure la primauté de l'exécutif sur un législatif impuissant et partagé entre le Conseil d'État, le Corps législatif et le Sénat. Le Tribunat, seule assemblée délibérative, est supprimé en 1807. Les ministres sont de simples agents d'exécution.
La police, confiée à Fouché puis (1810) à Savary, forte de ses multiples informateurs officiels et secrets, est l'instrument du règne par excellence. Elle viole le secret des correspondances, fait comparaître des suspects devant des magistrats serviles ou bien les enferme arbitrairement ; cependant, l'on ne dénombre guère que 2 500 arrestations « politiques » durant tout l'Empire. La liberté individuelle n'est pas respectée.
La liberté d'opinion est abolie : journaux, livres, pièces de théâtre sont objet de censure. La direction des esprits est complétée par la mainmise sur l'Église de France, chargée d'enseigner le catéchisme impérial (publié en 1806) imposant le devoir d'obéissance à l'Empereur (« honorer l’Empereur, c'est honorer et servir Dieu lui-même »), et sur l'enseignement, dont le monopole est donné à l'Université impériale (loi du 10 mai 1806 et décret du 17 mars 1808) qui décerne les grades, baccalauréat et licence, règle la vie et les programmes des professeurs de l'enseignement public ou de l'enseignement privé, toléré mais surveillé, et doit modeler l'opinion morale de la jeunesse.

2.2. Noblesse d’Empire
La cour impériale, formée des princes membres de la famille de Napoléon, des grands dignitaires, des grands officiers de la couronne, et secondée d'une cohorte d'écuyers, de hérauts d'armes et de pages, est destinée à glorifier l'Empereur aux yeux des Français et des étrangers. Elle est un moyen d'attirer les nobles de l'Ancien Régime et de contrôler les grands de l'Empire. Mais Napoléon échoue dans sa volonté de renouveler les fastes de Louis XIV : la cour, où tout se règle « au tambour et au pas de charge », sue l'ennui.
En 1808, Napoléon crée une noblesse impériale. Aux princes et aux ducs s'ajoutent des comtes, des barons et des chevaliers. Napoléon argumente : la nouvelle noblesse, contrairement à l'ancienne, est largement ouverte au mérite et au talent, elle ne dispose pas de privilèges, hormis ceux, honorifiques, qui marquent l'utilité sociale de quelques-uns, premiers dans une société d'égaux. Le raisonnement ne convaincra qu'à moitié les Français, qui estimeront que Napoléon viole ainsi un des principes fondamentaux de la Révolution. Pour le choix des membres de cette noblesse, les critères appliqués sont la fortune ou le mérite acquis au service de l'État : 59 % des 3 263 personnages annoblis sous l'Empire furent des militaires, 22 % des hauts fonctionnaires, préfets, évêques ou magistrats, 17 % des notables, membres des collèges électoraux, maires ou sénateurs. La part laissée au monde du commerce et de l'industrie fut restreinte, comme le fut celle des artistes et des hommes de lettres. Les milieux sociaux les plus représentés furent la noblesse de l'Ancien Régime, les « comtes refaits » (22 %), et la petite et la moyenne bourgeoisie française, belge ou hollandaise. Cette noblesse est un instrument politique : Napoléon espère de cette manière confondre la noblesse d'Ancien Régime dans la nouvelle ; il cherche là encore à rapprocher l'ancienne et la nouvelle élite. Elle est aussi un outil fidèle et dévoué du despotisme.
Pour en savoir plus, voir les articles Ancien Régime, noblesse.

3. La société

3.1. Une France de notables
L'essor de la bourgeoisie

La bourgeoisie voit sa prépondérance consolidée. Les institutions politiques et universitaires lui réservent l'accès aux fonctions administratives. La multiplication de ces fonctions lucratives, les encouragements donnés par l'Empereur aux industriels, aux négociants, aux financiers, et la prospérité générale concourent à son essor. Les notables, maîtres d'un peuple immense de fermiers et de métayers – en 1812, sur 31 851 000 Français, 22 251 000 sont des ruraux –, d'ouvriers, de domestiques et de fournisseurs, rassemblent des nobles de l'Ancien Régime et des propriétaires jadis roturiers ; les notables remplacent les gentilshommes d'autrefois.

La fortune foncière
La société nouvelle est fondée sur la fortune foncière et, dans une certaine mesure, sur le talent et le mérite. Jusqu'en 1808 et la guerre d'Espagne, les notables seront les piliers du régime ; l'aventure guerrière et la crise économique et religieuse de 1810-1811 rompront leur alliance avec l'Empire. Posséder une propriété foncière importante fait le notable : tradition ancienne ancrée dans les mentalités. Beaucoup d'hommes d'affaires, de négociants et d'industriels disposent d'une partie de leur capital pour l'investir dans la terre. Jusqu'en 1811, les conditions climatiques sont favorables aux récoltes, qui se vendent bien. Il n'y a pas de révolution agricole, les techniques anciennes ne se modifient pas, mais les grands propriétaires mettent plus de soin à gérer leurs domaines. C'est le cas notamment des nobles rentrés d'émigration qui retrouvent pour la plupart leurs biens. Le gouvernement pousse aux défrichements, aux assèchements, à l'amendement des terres. Il incite aussi à l'introduction ou au développement de cultures nouvelles comme le maïs et la betterave à sucre pour suppléer les matières jusqu'alors importées et que le Blocus continental interdit d'acquérir.

Le développement du commerce
Les notables qui, à côté de leurs terres, exploitent des maisons de commerce souffrent du blocus des côtes. Ceux de la façade atlantique, jadis prospère, abandonnent ou bien transfèrent leurs affaires vers Paris, le nord et l'est de la France. Jusqu'en 1809, c'est là que se développe le commerce en relation avec le marché européen : la conquête l'ouvre aux entrepreneurs. Le régime facilite ces échanges par la construction de routes dans le Nord-Est, dans les Alpes ou vers l'Espagne : elles ont un but essentiellement militaire, mais elles désenclavent des régions et rendent plus aisées les communications avec le reste de l'Europe.

Naissance de l'industrie contonnière et chimique
Si le paysage industriel reste encore marqué plus par les petits ateliers que par les usines, celles-ci se multiplient. La guerre continuelle n'interdit pas la croissance de certains secteurs qui connaissent un « démarrage » annonciateur de la révolution industrielle du xixe siècle. C'est le cas de l'industrie cotonnière ou de l'industrie chimique qui lui est en partie liée. Là sont à l'œuvre « les aventuriers du siècle », comme les frères Ternaux, qui ont plusieurs fabriques de draps à travers la France et concentrent dans leurs usines machines à filer le coton, à le tisser et à le blanchir. Richard Lenoir fabrique, à Paris et en Normandie, du coton filé, des calicots, des basins et des piqués. Faisant travailler plusieurs milliers d'ouvriers, il dispose d'un capital de 6 millions de francs et d'un revenu de 50 000 F. Il fait partie du Conseil général du commerce, créé par le régime pour développer l'économie, et participe aux expositions qu'organise le gouvernement.

3.2. Paysans et ouvriers
Les gros fermiers connaissent, pour la plupart, une relative aisance, due à l'achat de biens nationaux et à la hausse du prix du grain. Le nombre des propriétaires ruraux s'est élevé de 4 millions en 1789 à 7 millions en 1810. Mais la plupart des paysans ne possèdent pas leur terre. La culture du blé l'emporte toujours sur la prairie artificielle et l'élevage, d'autant que le prix du blé n'a cessé de monter entre 1800 et 1812. Les journaliers ou les domestiques, grâce à la conscription qui allège le poids des jeunes, trouvent plus facilement que jadis du travail. Mais il suffit qu'une crise survienne et ils sont mendiants.
Les ouvriers, soumis à une législation reprise de celles de l'Ancien Régime et de 1791 (interdiction des grèves et des coalitions, livret ouvrier délivré par la police), améliorent, en revanche, leur condition économique, la hausse des salaires dépassant celle du prix du pain (50 % contre 28 %). Malgré la loi, on fait parfois grève, mais la plupart du temps le « pain du despotisme » n'est pas cher, et chacun l'a sur sa table. Là aussi les besoins de l'armée ont raréfié la main-d'œuvre, ce qui a permis une diminution du chômage et une augmentation des salaires. Quelques compagnons parviennent à gravir l'échelle sociale. Des ouvriers qualifiés réussissent à s'établir à leur compte.

Essor démographique
L'élévation du niveau de vie de l'ensemble de la société se traduit par un accroissement de la population, qui augmente de 1 700 000 habitants. Cet essor démographique contribue à la prospérité économique, que favorisent aussi la stabilité de la monnaie (assurée par la loi du 7 germinal an XI [28 mars 1803] qui fixe le poids du franc), le soutien du gouvernement à l'économie et la politique extérieure de Napoléon.

4. Le Grand Empire

Les objectifs de la politique extérieure napoléonienne sont divers et circonstanciels : abattre la Grande-Bretagne, puissance économique concurrente et animatrice des troisième, quatrième et cinquième coalitions contre la France ; renforcer les frontières naturelles ; construire le Grand Empire par la conquête, qui s'explique par la volonté de puissance de Napoléon, et aussi par l'hostilité de l'Europe des rois envers un homme qui demeure, à ses yeux, le soldat de la Révolution.

4.1. La Grande Armée

La conquête de l'Empire est d'abord l'œuvre de l'armée. L'armée de Napoléon est une armée de conscription. Les jeunes âgés de 20 à 25 ans sont inscrits ensemble (« conscrits ») sur les registres militaires. Tous ne partent pas. Un contingent est fixé chaque année. Les soldats sont les hommes qui ont tiré au sort un mauvais numéro. Ils peuvent, s'ils sont riches, se faire remplacer : il leur en coûte jusqu'à 6 000 F. De 1800 à 1814, on voit partir ainsi 2 millions d'hommes, soit 36 % des mobilisables et 7 % de la population. Napoléon fait de plus en plus appel à des contingents étrangers et l'armée de la campagne de Russie en sera composée pour moitié.
Napoléon n'innove guère : les armes données à l'infanterie comme à l'artillerie sont copiées sur les modèles de l'Ancien Régime. Napoléon n'utilisera ni le ballon d'observation ni le sous-marin de Robert Fulton. L'armée est divisée en corps, mêlant infanterie, artillerie et cavalerie légère, aux ordres des maréchaux. La cavalerie lourde donne les coups de boutoir. La Garde impériale forme une masse de manœuvre de plusieurs dizaines de milliers d'hommes. On surnomme les gardes les « immortels », car Napoléon ne les utilise qu'en cas de péril extrême.
Les cadres sont instruits dans des écoles militaires. Le temps manque pour accroître le nombre de ces élèves officiers et, à 90 %, les gradés sortent de la troupe, où ils ont fait preuve de courage et d'initiative. Ce sont des hommes jeunes, bons entraîneurs d'hommes, mais de piètres tacticiens.

La tactique de Napoléon est inspirée de celle des stratèges du xviiie siècle et de l'expérience des guerres de la Révolution : tout dépend « du coup d'œil et du moment ». L'armée est comme une gigantesque main s'ouvrant sur le théâtre des opérations et laissant l'ennemi dans l'incertitude sur le point d'attaque. L'action décidée, la main se referme avec rapidité et le poing frappe et écrase. Les deux manœuvres les plus courantes sont celles que résument les batailles d'Ulm – une action sur les arrières de l'adversaire le coupe de ses zones d'approvisionnement et une attaque de flanc le pousse dans une nasse – et d'Austerlitz, où une masse centrale, obtenue en dégarnissant les secteurs secondaires, fractionne l'armée adverse et accable tour à tour ses divers éléments.
Pour en savoir plus, voir l'article Grande Armée.

4.2. L’Europe comme champ de bataille

De 1805 à 1810, après le désastre naval de Trafalgar (21 octobre 1805), la Grande Armée (200 000 hommes en 1805, 900 000 en 1809 dont 160 000 sont fournis par la conscription) remporte les victoires d'Austerlitz (2 décembre 1805), d'Iéna (14 octobre 1806), de Friedland (14 juin 1807), du col de Somosierra (30 novembre 1808) et de Wagram (6 juillet 1809), qui permettent à Napoléon de dominer l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et de s’être fait une alliée de la Russie, après Friedland, lors de l’entrevue de Tilsit (→ traités de Tilsit, 1807).
Mais, dès l’origine, la conquête de l’Espagne tourne au désastre. Napoléon s’est persuadé que les Espagnols accepteraient un roi français. Le 23 mars 1808, Murat entre à Madrid. Le 2 mai , la population se soulève (→ El dos de mayo de 1808. L'armée française réprime la révolte dans le sang. Convoquant à Bayonne la famille royale espagnole et jouant de ses dissensions, Napoléon obtient du roi et de son fils une double abdication. Le 10 juillet, il fait de son frère Joseph un roi d'Espagne et de Murat le roi de Naples. Mais l'armée française est mise en échec par les guérilleros espagnols (capitulation, le 19 juillet, du général Dupont à Bailén) et Joseph Bonaparte se retire derrière l'Èbre.

Après l'entrevue d'Erfurt (septembre-octobre 1808), où il consolide ses liens avec la Russie, Napoléon intervient lui-même en Espagne et réinstalle son frère à Madrid, le 4 décembre 1808. Mais Talleyrand et Fouché complotent contre l'Empereur : l'armée, engagée dans une guerre atroce, est en fait prise dans un guêpier ; la bourgeoisie française commence à se méfier de l'« aventurier corse ».
Le Blocus continental (1806-1807), qui vise à acculer la Grande-Bretagne à la négociation par la ruine économique et à donner à la France l'hégémonie sur le marché européen, est aussi une arme de guerre. Cette politique profite jusqu'en 1808 au commerce français. Mais le Royaume-Uni a des atouts pour vaincre le Blocus : sa flotte de guerre qui protège les vaisseaux qui font de la contrebande, la possession de marchés en Méditerranée, en Extrême-Orient et en Amérique. Il parviendra à surmonter la crise, mais le Blocus entraîne Napoléon dans une guerre perpétuelle contre les États qui sont dans la nécessité de commercer avec Londres. Le Blocus distend l'Empire aux dimensions du continent.

4.3. L'Empire des Bonaparte
En 1811, l'Empire français s'étend de Lübeck à Rome sur 130 départements peuplés de 45 millions d'habitants. Autour de lui gravitent des États vassaux (royaumes d'Italie, d'Espagne, de Westphalie et de Naples, Confédération du Rhin et Confédération helvétique) qui lui fournissent argent, hommes, matières premières.

Ces États vassaux sont gouvernés par des parents ou des serviteurs de Napoléon, ou placés sous la protection de l'Empereur. Napoléon a mis en place un système continental fondé sur des alliances matrimoniales. En 1806, Eugène de Beauharnais, fils d'un premier mariage de l'impératrice Joséphine et adopté par Napoléon, a épousé la fille du roi de Bavière. Eugénie de Beauharnais, la cousine d'Eugène, adoptée elle aussi par l'Empereur, s’est mariée avec l'héritier du duché de Bade. Le royaume de Hollande a été confié à Louis Bonaparte, la Westphalie au plus jeune frère de l’Empereur, Jérôme. Depuis 1805, Élisa Bonaparte est princesse de Lucques et de Piombino. Murat, marié à Caroline Bonaparte, a été fait grand-duc de Berg et de Clèves en 1806.

Ces États appliquent le Blocus continental comme les États alliés (Russie, Prusse, Autriche, Danemark, Suède). Une partie de l'Europe est ainsi soumise au système de gouvernement napoléonien et régie par le Code civil. Le Grand Empire qu'elle forme avec la France semble même devoir se perpétuer avec la naissance du roi de Rome (1811), fils de Marie-Louise d’Autriche et de Napoléon, mariés un an plus tôt après que celui-ci ait divorcé de Joséphine de Beauharnais.
Pour en savoir plus, voir l'article Bonaparte.

4.4. L'Empire miné
Mais l'édifice impérial est un géant aux pieds d'argile. En 1810, Napoléon est maître de l'Europe, mais son pouvoir est miné : à l'intérieur par la crise économique, sociale et religieuse ; à l'extérieur par l'éveil des nations, dont les rois de l'Europe se servent bientôt pour l'abattre. Les premières fissures de l'Empire apparaissent. Crise financière et industrielle en 1810 : des banques font faillite, les entreprises, qui ont trop emprunté, sont aux abois, le marché intérieur se dérobe. Le commerce français en Europe est de plus en plus concurrencé par la contrebande anglaise. En 1811, de mauvaises récoltes appauvrissent les campagnes et la crise se répercute sur le commerce et l'industrie.
Crise religieuse aussi : le pape, spolié de ses États et prisonnier à Savone, refuse de donner l'investiture aux nouveaux évêques et suspend la vie de l'Église. Napoléon, pour tourner le pouvoir pontifical, réunit un concile national des évêques (juin-août 1811) ; c'est un échec : les évêques résistent, certains sont emprisonnés, le pape est déporté à Fontainebleau en 1812. Désormais, le clergé prêche l'insoumission contre le César qui maltraite le pape et la religion. Napoléon voit dans la guerre un dérivatif au mécontentement, un moyen de remplir son trésor de guerre et de rétablir ses finances.
Enfin, la guerre est nécessaire pour soutenir sa politique en Europe. Le tsar Alexandre Ier, poussé par les magnats russes liés aux commerçants britanniques, n'applique pas le Blocus. Il reproche aussi à Napoléon de ne pas tenir ses promesses et de ne pas l'aider à agrandir sa zone d'influence en Europe orientale et méridionale.

5. La chute de l'Empire
À partir de 1811, plusieurs événements (conjoncture économique défavorable, éveil des nationalismes dans les États vassaux, rupture de l'alliance franco-russe, opposition en France de la bourgeoisie à la guerre, hostilité des catholiques à la politique religieuse de Napoléon) se conjuguent donc pour provoquer la chute de l'Empire.

5.1. La campagne de Russie ou le début de la fin

Le 24 juin 1812, Napoléon franchit le Niémen avec 620 000 hommes appartenant à 20 nations. Il pense mener, comme à l'accoutumée, une campagne éclair. Mais l'armée russe se dérobe, jouant de son premier atout : le vaste espace de l'Empire. Deuxième atout du commandement russe : la religion orthodoxe ; l'armée qui se bat commence d'abord par prier, ce qui l’unifie. Enfin, au bord de la Moskova, le général Koutouzov accepte le combat pour protéger Moscou. Du 5 au 7 septembre, Napoléon l'emporte à Borodino, dans une bataille acharnée qui lui coûte 30 000 hommes (→ bataille de la Moskova). Le 14 septembre, il entre à Moscou, mais y attend en vain les envoyés du tsar. Celui-ci dispose d'un troisième atout : le « général hiver » qui approche. Moscou brûle, incendiée sur ordre du gouverneur russe selon les Français, par les soldats français ivres, selon les Russes exaspérés par le ravage de la ville sainte. Napoléon ordonne la retraite. Dans le froid (− 30 °C), sans habits chauds, sans nourriture, harcelée par les cosaques et les paysans, l'armée franchit la Berezina, les 27 et 29 novembre, grâce au sacrifice des pontonniers. Elle a perdu près de 500 000 hommes.

En Europe, les nations s'éveillent. Déjà, de 1806 à 1809, la haine du despotisme français avait agité les populations : dans le Tyrol, par exemple, une révolte paysanne avait été animée par Andreas Hofer. À Berlin, en 1807, Fichte avait appelé la nation allemande à se rebeller. S'appuyant sur ce mouvement pour le contrôler, la Prusse entre en guerre le 17 mars 1813, bientôt rejointe par l'Autriche et la Suède, dont Bernadotte est devenu le prince héritier. À Leipzig, du 16 au 19 octobre 1813, dans la « bataille des Nations », 160 000 Français affrontent 320 000 coalisés et sont obligés de reculer jusqu'au Rhin. En Espagne, en Hollande, partout l'ennemi progresse. En Italie, Murat, par ambition ou fidélité « à ses peuples », se tourne contre son beau-frère. Avec une armée improvisée de 175 000 jeunes, les Marie-Louise, Napoléon mène la campagne de France et y retrouve son génie de capitaine. En vain. Les notables et les ministres complotent. Les maréchaux le pressent d'abdiquer. Il s'y résout le 6 avril 1814. Les Alliés entrent dans Paris et établissent Louis XVIII roi de France. Napoléon n'est plus le souverain que d'une île de la Méditerranée : l'île d'Elbe.

5.2. « Le vol de l’aigle »

Si Louis XVIII est assez habile pour « octroyer » une charte libérale qui reconnaît les acquis de la Révolution, les émigrés de retour choquent les Français par leur volonté de revanche.
Napoléon sait ce retournement de l'opinion et la désunion installée dans le camp des vainqueurs. Avec une petite troupe, il débarque le 1er mars 1815 à Golfe-Juan, et, comme il l'avait prédit, « l'aigle impérial vole de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame ». Il est à Paris le 20 mars, sans avoir fait tirer un coup de feu, l'armée se ralliant et les populations ouvrières acclamant en lui l'héritier de la Révolution. Il ne veut pourtant pas être le « roi de la rue ». Il se tourne à nouveau vers les notables, et Benjamin Constant rédige un Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire qui instaure une monarchie constitutionnelle.

5.3. Septième coalition (mars 1815)

Napoléon croit la paix possible, mais les grandes puissances, toujours occupées au congrès de Vienne à réorganiser l'Europe, se coalisent à nouveau contre lui. Avec une armée de vétérans, il se porte à la rencontre des Anglo-Prussiens. Le 18 juin 1815, il livre bataille à Waterloo, sur la route de Bruxelles, aux troupes de Wellington. Ce dernier a tiré la leçon de ses luttes en Espagne contre les Français : il accroche ses troupes au terrain et multiplie les feux croisés. Napoléon attend pour l'assaut final l'arrivée d'un de ses lieutenants, Grouchy. Celui-ci tarde et ce sont les Prussiens qui apparaissent sur le champ de bataille. On entraîne l'Empereur, tandis que la Garde se sacrifie.
À Paris, Fouché, la Chambre des représentants et les notables le forcent à une nouvelle abdication, le 22 juin. Napoléon demande l'asile aux Britanniques, mais ceux-ci le déportent à l'île de Sainte-Hélène. Il y mourra le 5 mai 1821.

 

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PRÉCAMBIEN

 

 

 

 

 

 

 

précambrien

Cet article fait partie du dossier consacré à l'histoire de la Terre.


Le précambrien est la première période de l'histoire de la Terre. Il comprend plusieurs ères, qui remontent au-delà de 542 millions d'années (moment où commence le paléozoïque). Sa durée est évaluée à 4 milliards d'années. C'est de loin la plus longue de toutes les périodes géologiques, mais aussi la plus mal connue. Les roches du précambrien, plissées et métamorphosées, n'ont livré que des vestiges rares et fragmentaires d'êtres vivants. Les bouleversements ultérieurs qui ont affecté la croûte terrestre rendent difficiles le déchiffrement des terrains les plus anciens.
Les datations absolues montrent que l'on trouve les roches les plus anciennes dans des boucliers rigides qui constituent l'ossature des continents actuels. Ces boucliers sont formés de terrains métamorphiques et granitiques, qui ont été plissés et replissés, témoignant de la superposition de plusieurs cycles de constitution de chaînes de montagnes. Ils affleurent au Canada, en Sibérie, au Brésil, en Afrique, en Antarctique, en Australie. La disposition de ces masses continentales était certainement très différente de celle d'aujourd'hui. Le démantèlement de chaînes de montagnes a alimenté le dépôt des premiers sédiments. Les roches les plus anciennes sont datées de plus de 3,85 milliards d'années.
Les plus anciennes manifestations de la vie remontent à 3,8 milliards d'années (traces d'activité d'organismes procaryotes, sous la forme de bactéries associées à des algues bleues). Les premières traces sûres de vie dans les océans sont des organismes déjà relativement évolués (vers, algues, cyanobactéries, dont certaines ont laissé des structures appelées stromatolites, etc.) âgés de plus de 3,5 milliards d'années (site de Warrauwoona, en Australie). Ces organismes, par la photosynthèse, ont permis l'accumulation d'oxygène dans l'atmosphère. Les premières traces fossiles de cellules pourvues d'un noyau (eucaryotes) remontent à 1,7 milliard d'années, suivis par les premiers pluricellulaires, il y a 670 millions d'années. Les invertébrés prolifèrent, sous toutes leurs formes, à la limite précambrien-paléozoïque, vers 540 millions d'années.

1. Les caractères généraux du précambrien
C'est durant les temps précambriens que se sont constituées en majeure partie les grandes aires de croûte continentale stable, ossature des continents actuels.
Les divisions stratigraphiques du précambrien

L'étude des terrains précambriens montre qu'ils sont formés par le matériel de plusieurs grandes chaînes plissées, différant par leurs caractères et par leur âge suivant les régions et qui, les unes après les autres, ont été érodées puis reprises dans de nouvelles orogenèses. Dans ces vieilles chaînes profondément érodées, nous ne pouvons guère observer que les zones profondes, intensément transformées par le métamorphisme et le magmatisme. De plus, la continuité des structures a généralement disparu par le jeu des déformations, mais aussi des disjonctions et des soudures des masses continentales.
C'est montrer la complexité des formations précambriennes : ce sont essentiellement des schistes cristallins, des migmatites et des roches éruptives, portant généralement les marques de plusieurs tectoniques superposées.
Cependant, il est souvent possible de définir la nature originelle, sédimentaire ou volcanique, des schistes cristallins, grâce en particulier aux structures et aux textures caractéristiques encore conservées. Jusque dans les formations les plus anciennes, on identifie des laves, des conglomérats, des calcaires, etc., et on met en évidence des structures telles que la stratification entrecroisée, le granoclassement, la rythmicité, etc., ne différent en rien de ce qu'on observe dans les roches plus récentes, voire actuelles. Dès le début du précambrien, on retrouve ainsi des dépôts typiques des milieux continentaux et marins et les marques de processus géodynamiques comparables à ceux qui commandent l'évolution actuelle du globe.

2. L'origine de la vie remonte au précambrien


C'est certainement durant les temps précambriens que la vie a pris naissance, mais sous des formes que nous ne pouvons pas reconnaître. Des microorganismes assimilés à des bactéries ou à des algues ont été découverts dans des formations d'Afrique australe datées d'environ 3 200 millions d'années. Les stromatolithes, constructions lamellaires attribuées à des algues, sont connus depuis 2 700 millions d'années. Les lentilles graphitiques, fréquentes dans les schistes cristallins, sont sans doute des restes de matière organique, comme en témoigne le Corycium enigmaticum de Finlande.
Mais c'est surtout dans les formations du précambrien supérieur que les restes organiques se multiplient et, en Australie méridionale, à Ediacara, on a décrit des vestiges remarquablement conservés de vers, d'annélides et de nombreuses formes n'appartenant à aucun groupe connu. Ainsi apparaît l'ébauche du monde organique qui va s'épanouir au début du cambrien.

3. Les subdivisions
Il ne paraît pas possible de retrouver les traces d'une écorce primitive et le début du précambrien se perd dans le lointain des temps géologiques.
Mais le précambrien lui-même n'est pas toujours facile à définir, car la base du cambrien, bien caractérisée paléontologiquement, n'est que rarement observable. En plusieurs régions (Sud marocain, Australie méridionale), il existe de puissants ensembles concordants au-dessous de l'extrême base du cambrien et on les a rapportés à un infracambrien. La plupart du temps, on attribue au précambrien les terrains, généralement métamorphiques, recouverts en discordance par du paléozoïque inférieur et ceux qui paraissent s'y rattacher par leurs caractères.
Dans l'immense ensemble du précambrien, on s'est efforcé d'établir des subdivisions. Mais ici les principes de la chronologie du phanérozoïque ne sont pas applicables, et les notions d'ère, de système ou d'étage n'ont plus aucune signification.

4. La répartition géographique
Les vastes affleurements précambriens constituent des boucliers qui disparaissent généralement à leur pourtour sous des formations sédimentaires plus récentes et relativement peu déformées. Il s'agit alors de plates-formes dans lesquelles le socle précambrien se trouve à une profondeur plus ou moins grande et n'est connu que par des sondages. C'est en bordure de ces boucliers ou de ces plates-formes que se sont édifiées les chaînes phanérozoïques, reprenant souvent des fragments disjoints du socle précambrien et agrandissant progressivement, par leur soudure, le domaine cratonique : tel est le cas, en Europe, des chaînes calédonienne, varisque et alpine. Chacun de ces boucliers (et bien entendu le substratum des plates-formes) est lui-même extrêmement complexe, formé par la juxtaposition ou par la soudure d'éléments de chaînes successives qu'il est souvent difficile de distinguer.
Ces boucliers et plates-formes se distribuent en deux groupes, de part et d'autre de la grande chaîne plissée qui s'étend des Alpes à l'Indonésie, en passant par l'Himalaya.

4.1. Le groupe nord
Dans le groupe nord, on distingue le bouclier canadien et la plate-forme américaine, le bouclier baltique et la plate-forme russe, le bouclier de l'Aldan et la plate-forme sibérienne. Ces ensembles sont séparés les uns des autres par des chaînes plissées : chaîne appalachienne et calédonides de part et d'autre de l'Atlantique Nord, chaîne de l'Oural.


Le bouclier canadien s'étend sur toute la partie occidentale du Canada, séparé du bouclier groenlandais par la mer du Labrador. Il se poursuit sous la plate-forme américaine, entre les chaînes paléozoïques des Appalaches (qui se prolongent au Groenland oriental) et les chaînes plus récentes de l'Ouest américain. De plus, le socle précambrien apparaît localement en plusieurs régions, notamment dans le Colorado, où il forme le terme inférieur de la coupe célèbre du Grand Canyon.
C'est au Canada que la stratigraphie du précambrien a été pour la première fois esquissée, mais de profondes modifications ont été apportées aux schémas classiques par les données géochronologiques. Quatre grands cycles orogéniques au moins sont maintenant distingués, se développant dans différentes provinces : kénorien (de 2 700 à 2 300 millions d'années, hudsonien (1 700 millions d'années), elsonien (1 400 millions d'années), grenville (950 millions d'années), antérieurs au protérozoïque supérieur (keweenawien) non affecté par l'orogenèse.
Le Groenland, en majeure partie recouvert par un inlandsis, montre en bordure un précambrien dans lequel existe une succession assez comparable : Kétilid (de 2 700 à 2 300 millions d'années), Nagssugtoquides (de 1 650 à 1 500 millions d'années), cycle de Gardar (de 1 400 à 1 000 millions d'années).
En Europe, le bouclier baltique constitue l'affleurement majeur du précambrien. Masqué sous la plate-forme russe, il réapparaît largement en Ukraine. Ce vaste ensemble est bordé à l'est par les chaînes de l'Oural, à l'Ouest par la chaîne calédonienne. Au sud, il est repris par les chaînes varisque et alpine. Cependant, des fragments isolés de matériel précambrien sont incorporés dans les chaînes plus jeunes, en Écosse, en Bohême, dans le Massif armoricain, dans les Vosges, dans le Massif central, peut-être dans les Pyrénées, et enfin en Espagne. Dans les différentes régions, plusieurs cycles orogéniques ont été distingués, mais leur relations sont encore obscures.
En Finlande, on a mis en évidence l'existence d'un vieux craton antérieur à 2 800 millions d'années, constitué par un complexe granulitique et des plutonites, s'étendant au nord et à l'est. Il est bordé à l'ouest par les ensembles plissés des svécofennides et des carélides, que l'on considère tantôt comme des chaînes distinctes, tantôt comme des zones différentes d'un même orogène qui se placerait vers 1 800 millions d'années. Puis vient la mise en place des granites « rapakiwis » (1 650 millions d'années), suivie par le dépôt des sédiments détritiques du Jotnien (1 300 millions d'années). En Suède et en Norvège méridionale, il existe aussi un complexe de base repris dans la chaîne des Gothides. Celui-ci serait comparable aux carélides et plus jeune que les svécofennides. Les grès du dalslandien, analogues au jotnien, sont suivis par la série de la sparagmite, elle-même antérieure au cambrien.
Le précambrien de Russie montre des traits analogues : le prolongement du craton archéen correspond aux saamides, renfermant des roches datées à 3 500 millions d'années. Puis viennent les belomorides (de 2 100 à 1 950 millions d'années), les svécofennides et carélides (de 1 870 à 1 640 millions d'années), suivies par la mise en place de granites rapakiwis, les gothides (de 1 400 à 1 260 millions d'années), enfin le riphéen représentant des formations de 1 125 à 665 millions d'années antérieures aux calédonides.
Quant aux affleurements du précambrien français, ils sont isolés et repris dans la chaîne varisque. Dans le Massif armoricain, il est possible de distinguer une série ancienne, le pentévrien, suivie par le briovérien, qui correspondrait au riphéen.
Bien plus à l'est, la plate-forme sibérienne est séparée de la plate-forme russe par une vaste zone plissée paléozoïque à laquelle appartient l'Oural. Elle est limitée au sud par le grand ensemble plissé du lac Baïkal, daté du paléozoïque inférieur. Le précambrien affleure dans le bouclier de l'Anabar au nord, et surtout dans le bouclier de l'Aldan au sud-est.

4.2. Le groupe sud
Un autre groupe de boucliers précambriens apparaît au sud des précédents, dont ils sont séparés par les chaînes plissées alpines. Mais ils ne sont pas isolés les uns des autres par des chaînes phanérozoïques. Ils apparaissent comme des éléments disjoints d'un craton unique, auquel on a donné le nom de Gondwana, disloqué au permo-trias par l'ouverture des océans Atlantique Sud, Indien et Antarctique.
Les boucliers guyanais et brésilien appartiennent à un vaste ensemble qui occupe toute la partie orientale du continent sud-américain, à l'est de la chaîne des Andes. Ils présentent des analogies avec le précambrien africain.
La plate-forme africaine occupe la quasi-totalité du continent et la péninsule arabique à l'exception des chai- mes alpines de la Berbérie au nord et de celles, paléozoïques, des Mauritanides au Nord-Ouest et d'Afrique du Sud. Le socle précambrien affleure largement dans les boucliers sahariens (Mauritanie, Hoggar, Tibesti, chaîne arabique) isolés les uns des autres, mais est presque continu plus au sud. Dans la moitié nord-occidentale se trouve un vieux craton antérieur à 2 600 millions d'années, qui se prolonge en Amérique du Sud. D'autres cratons analogues apparaissent en Afrique centrale et australe. Ces cratons sont séparés par de larges zones allongées correspondant à plusieurs chaînes plissées qui souvent se recoupent : les unes ont plus de 1 000 millions d'années, et les plus récentes ont fourni des âges montant jusque dans le cambrien.
Le socle précambrien forme encore le bouclier indien, qui occupe toute la partie méridionale de la péninsule, le bouclier australien, s'étendant sur tout le continent à l'exception des chaînes paléozoïques de l'Est, enfin le bouclier antarctique, presque entièrement recouvert par l'inlandsis. Dans chacun de ces boucliers, des chaînes successives se superposent.

 

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CARTHAGE

 

 

 

 

 

 

 

CARTHAGE

PLAN
    *         CARTHAGE
    *         La Carthage punique
    *         Une cité conquérante
    *         Les guerres puniques
    *         Civilisation
    *         L’économie de Carthage
    *         Organisation politique et sociale
    *         La vie religieuse
    *         Littérature punique
    *         Topographie de la Carthage punique
    *         La Carthage romaine, chrétienne et byzantine
    *         L’art carthaginois
    *         Archéologie

Carthage

Cet article fait partie du dossier consacré à la Rome antique.

Localité de Tunisie, sur la côte est du golfe de Tunis, faubourg résidentiel de Tunis.
*         Population : 15 922 hab. (recensement de 2004)

Archevêché. Centre touristique. — C'est le site de la ville antique du même nom. Vestiges phéniciens. Ruines romaines (pour la plupart du iie s. : aqueduc, thermes d'Antonin, théâtre, port militaire, maisons ou sièges de sociétés). Basiliques chrétiennes. Important musée archéologique.

La Carthage punique
Histoire
Une cité conquérante

Carthage (en latin Carthago) est un des nombreux comptoirs fondés par les Phéniciens venus de Tyr en longeant les côtes de l'Afrique. La ville fut fondée vers 820 avant J.-C. selon la tradition, qui l'attribuait à la Phénicienne Élissa, ou Didon, sous le nom de Qart Hadasht (« Ville neuve »). Modeste bourgade à ses débuts, Carthage doit, en signe d'allégeance, verser une dîme à Tyr et, pendant un siècle et demi, payer un tribut aux Libyens. Mais, au cours de la seconde moitié du viie s., la ville, profitant du déclin de Tyr, incapable de contenir la progression des Grecs en Méditerranée occidentale, va progressivement mettre fin à cette dépendance. En 654, la fondation d'Ibiza (Baléares) marque une étape importante dans l'ascension de Carthage. Elle traduit sa volonté de s'implanter sur les routes commerciales établies par les Phéniciens, et tout particulièrement celles des matières premières – plomb, cuivre, fer, étain – et métaux précieux – or, argent surtout –, dont regorge l'Espagne.
Progressivement, Carthage impose donc sa domination aux comptoirs phéniciens de la Méditerranée occidentale et fonde un empire maritime sous la conduite de la famille des Magonides, en installant ses comptoirs sur les côtes d'Espagne, aux Baléares, en Sardaigne et dans l'ouest de la Sicile. Pendant près de huit siècles, Carthage va en effet disputer la Méditerranée aux Grecs puis aux Romains, attirés eux aussi par les mines d'Espagne, les greniers de Sardaigne, la Sicile et les relais maritimes indispensables à l'hégémonie commerciale.
Entre 750 et 600, les Grecs, tributaires d'un territoire exigu et pauvre, se lancent à la conquête de la Méditerranée – tels « des grenouilles autour d'une mare », selon Aristophane. Ils fondent des colonies en Italie méridionale (Tarente, Crotone, Naples), en Sicile (Agrigente, Syracuse), à Nice, Marseille, Agde et en Corse. Ils ambitionnent aussi de s'installer en Sardaigne et d'accéder au commerce ibérique. Ces projets sont incompatibles avec la politique marchande et, au moins depuis le vie s., l'expansionnisme territorial de Carthage. En 580, Carthage défend les Phéniciens de Motyé et de Palerme contre les Grecs, dont elle défait les armées à Sélinonte, sur la côte sud-ouest de la Sicile. Un demi-siècle plus tard, elle s'allie aux Étrusques d'Italie occidentale et expulse de Corse les Phocéens de Marseille. En 510, elle empêche, aux côtés des Libyens, les Spartiates de fonder une colonie en Tripolitaine.

Désormais, Carthage domine toute la Méditerranée occidentale et les grandes îles, laissant à ses alliés étrusques le contrôle de l'Italie continentale, comme en témoigne une feuille d'or trouvée à Pyrgi (au nord de Rome), sur laquelle est portée une dédicace du roi étrusque à Astarté, après la victoire d'Alalia (535) sur les Grecs. Cependant, Gélon, tyran de Gela et de Syracuse – devenue la ville la plus prospère du monde hellénique – et allié du puissant Théron d'Agrigente, ne tarde pas à reprendre l'offensive. Battue à Himère en 480, Carthage réussit cependant à sauvegarder les territoires convoités, dont le golfe de Gabès, mais doit payer une lourde indemnité de 2 000 talents. Après leur victoire d'Himère, les Grecs poursuivent leur progression en Méditerranée et remportent des victoires durant les guerres médiques contre les Perses et leurs alliés phéniciens et contre les Étrusques d'Italie. Dès lors, l'arrière-plan africain prend de l'importance dans la politique de relance économique engagée par Carthage.
La cité prend conscience de la précarité d'une économie entièrement subordonnée au commerce méditerranéen et engage une politique agricole. À défaut d'informations directes, l'étude de l'iconographie des stèles, des épigraphes, et la lecture du Traité d'agriculture, en vingt-huit volumes, rédigé au ive s. par Magon, peut éclairer cet aspect de la civilisation carthaginoise. La chora, c'est-à-dire la cité proprement dite, assure son autosuffisance alimentaire, notamment en produits d'arboriculture (olives, raisins, figues, amandes) et en viande. La Megara, quartier périphérique au nord de Carthage, abrite une agriculture intensive avec des potagers et des jardins séparés par des clôtures en pierres sèches, des haies vives d'arbustes épineux, de canaux, nombreux et profonds. Au-delà de la chora, les plaines du bassin de la Medjerda et de l'oued Miliane sont consacrées au blé. Le palmier-dattier, souvent représenté sur les stèles votives et les monnaies, a peut-être eu une fonction religieuse, alors que la grenade carthaginoise est si réputée que les Romains la dénomment mela punica. Entre autres instruments agricoles, on utilise pour le dépiquage le plostellum punicum, sorte de traîneau en bois pourvu de roulettes dentées, des araires munis d'un long mancheron recourbé accroché à un manche, avec, à l'extrémité, une poignée à angle droit et un soc dans la partie inférieure, comme on en trouve encore en Afrique. Le fourrage est transporté dans des chars à roues pleines, équipés de montants ouverts. Les rendements céréaliers sont modestes, les meilleures terres étant consacrées à la vigne et à l'olivette. Le territoire agricole ne se limite plus à une étroite bande côtière, de surcroît menacée par les Libyens, qui exigent un tribut, mais couvre la majeure partie de la Tunisie.

L'intérêt que porte Carthage à l'Afrique occidentale, dans la seconde moitié du ve s., est attesté par le développement de Sabratha et de Leptis Magna, débouchés de pistes transsahariennes. Les Garamantes et les Nasamons installés au sud du golfe de Syrte, à trente jours de marche de la côte, sont les intermédiaires entre le « Pays des Noirs » et Carthage. Ils connaissent aux ve et ive s. un accroissement démographique et un essor agricole qui ne sont pas sans relation avec l'influence des établissements carthaginois du littoral. Carthage reçoit des escarboucles et probablement de l'ivoire, des peaux, et des esclaves capturés par les Garamantes. Le transport de l'or est moins probable. Le redressement de Carthage est tel que, à la fin du siècle, elle reprend les hostilités, profitant des dissensions grecques. Elle met à sac Sélinonte, Himère, Gela, et occupe les territoires à l'ouest du fleuve Halycus. Jamais l'Empire punique n'a été aussi étendu. Cependant, en 310, Agathocle, tyran de Syracuse, réussit à débarquer au sud du cap Bon, dans le nord-est de la Tunisie actuelle, avec 14 000 hommes, et, durant trois années, dévaste un grand nombre de cités puniques, avant de regagner Syracuse. Carthage reste sauve, mais la preuve est désormais faite que son territoire est loin d'être inaccessible.
Pendant qu'elle combat les Grecs, Carthage s'allie avec Rome, comme en témoignent les accords d'échanges de 508, de 348 et de 306, ainsi que le traité de défense mutuelle signé en 279. Les intérêts des deux États semblent convergents. Mais une fois les Grecs évincés de la Méditerranée occidentale, au milieu du iiie s., les impérialismes romain et punique se retrouvent face à face. « Les Romains, selon l'historien grec Polybe, constatant que les Carthaginois avaient étendu leur domination non seulement sur les rivages de l'Afrique, mais encore sur une bonne partie de l'Espagne et qu'ils étaient en outre maîtres de toutes les îles de la mer Tyrrhénienne, songeaient avec inquiétude que, si la Sicile tombait également entre leurs mains, ils auraient là des voisins excessivement encombrants et dangereux, par lesquels ils se trouveraient encerclés, et qui pourraient menacer directement toutes les parties de l'Italie. »

Les guerres puniques
La première guerre punique (264-241) se solde par la victoire de Rome. Après vingt-deux années de guerre, Carthage est définitivement vaincue à la bataille navale des îles Égates. Elle doit évacuer la Sicile et la Sardaigne, payer un lourd tribut de 4 400 talents, restituer les prisonniers de guerre, renoncer à toute hostilité contre Rome et ses alliés, s'abstenir de conduire des navires dans les eaux italiennes et d'engager des mercenaires dans la péninsule.

L'équilibre de la Méditerranée s'en trouve profondément modifié. Pour la première fois au cours de son histoire, Carthage perd la suprématie navale. Les Romains s'inspirent de la technologie punique et l'enrichissent par la création d'une passerelle qui s'accroche au navire ennemi et sur laquelle on combat comme sur la terre ferme. Carthage doit faire face à d'énormes problèmes de trésorerie alors que ses ports sont pillés et ses campagnes dévastées. En 240, plusieurs dizaines de milliers de Libyens, accablés par l'effort de guerre, mais aussi les mercenaires d'Afrique et de Sardaigne, restés plusieurs mois sans salaire, se soulèvent, occupent l'isthme de Carthage, assiègent Utique et Bizerte. Il faut quatre ans et des méthodes sanguinaires au général Hamilcar Barca pour remporter cette « guerre inexpiable » décrite par Flaubert dans Salammbô.

Carthage, meurtrie, prépare sa revanche ; cette fois à partir de l'Espagne, où, en 237, Hamilcar Barca fonde un État prospère, bien administré et doté d'une armée de plus de 50 000 hommes. En 221, son fils Hannibal accède au pouvoir. Élevé dans les campements de l'armée carthaginoise d'Espagne, nourri de culture grecque, doté d'un grand courage physique, il se révèle un génie militaire hors pair. Par ses conquêtes, il élargit les limites de l'Empire punique et réorganise l'armée de manière à tirer le meilleur parti des particularismes culturels et militaires de chaque peuple : Numides, Ibères, Gaulois ; les Libyens cessent de combattre comme les hoplites grecs et remplacent la pique par l'épée, plus adaptée aux combats rapprochés. En 219, Hannibal prend Sagonte, alliée de Rome, qui, alors, rompt la trêve et déclenche la deuxième guerre punique en 218. Hannibal traverse l'Èbre, franchit les Alpes avec des éléphants et pénètre en Italie, où il écrase plusieurs armées romaines ; on retient les victoires du lac Trasimène (217) et de Cannes (216). Rome évite le combat frontal. Hannibal, coupé de ses arrières – Rome conquiert les possessions espagnoles de Carthage en 209 –, mal soutenu par le sénat carthaginois et en butte à l'hostilité des populations demeurées fidèles à Rome, doit abandonner le siège de Capoue et regagner Carthage. En 201, Cornelius Scipion, dit l'Africain, s'allie à Masinissa, chef des Numides de l'Est, et défait l'armée punique à Zama, en terre africaine. Encore une fois, les conditions de la paix (201) sont draconiennes pour les Puniques. De retour à Carthage, Hannibal entreprend le redressement économique, notamment par l'exploitation des ressources agricoles, en dépit des agressions de son vieil ennemi numide, Masinissa. Mais l'hostilité de l'aristocratie le conduit à l'exil en 195, et au suicide en 183.
Cependant, Carthage est redevenue si prospère que Rome, dirigée par les courants politiques les plus extrémistes, décide de l'anéantir : delenda est Carthago (« Carthage doit être détruite »). C’est sous l'impulsion de Caton, auteur de la formule, qu’une troisième guerre punique (149-146 avant J.-C.) vient à bout de Carthage, qui est anéantie après un siège de trois ans.

Civilisation
L’économie de Carthage
Les conceptions de l'économie sont très simples. L'État prélève des taxes sur les importations et les exportations, mais ne pratique pas de politique commerciale spécifique.
La monnaie, dont l'étalon est phénicien, est apparue tardivement, au ive s. Dans la première phase de son développement, Carthage importe des denrées alimentaires de ses colonies. Mais ce sont les métaux précieux de la péninsule Ibérique, particulièrement l'argent, qui constituent l'essentiel de ses importations. Ils sont destinés à l'artisanat et à la fabrication des monnaies. De la Berbérie, la cité carthaginoise obtient des produits agricoles et des animaux – autruches, éléphants de Numidie, singes, perroquets, fauves – qu'elle revend en Méditerranée, notamment pour les jeux d'amphithéâtre. De nombreuses mosaïques, comme celles d'Hippone au ive s., représentent des scènes de capture de fauves. Elle exporte des produits d'artisanat – tapis, parfums, étoffes de couleurs, cuillères, tuyaux en terre cuite, etc. – et de pacotille, dont de petits masques en pâte de verre.

Organisation politique et sociale
Sur le plan politique, les suffètes exercent la magistrature suprême. Au nombre de deux, ils sont élus pour un an et veillent à la bonne marche des affaires politiques et administratives, à l'exécution des décisions du conseil des anciens (sénat), de 300 membres, ou de celles de l'assemblée du peuple. Ils remplissent aussi une fonction législative et judiciaire importante. La cour des Cent, composée de nobles, contrôle le gouvernement. La vie politique reste dominée par les riches, et tout particulièrement les Magonides (535-450) et les Barcides, même si les citoyens participent à l'élection des suffètes et sont consultés en cas de désaccord entre ces derniers et le conseil.
Au sommet de l'échelle sociale trône une aristocratie de riches armateurs, négociants et propriétaires fonciers. Elle tire son prestige et sa légitimité de son origine phénicienne, rappelée avec ostentation dans les épigraphes, ainsi que de sa fortune, acquise par le commerce, l'exercice de charges publiques et, à partir du ve s., par l'exploitation des riches domaines agricoles. Cette aristocratie réussit à sauvegarder ses privilèges en dépit des réformes entreprises par les Barcas. Par exemple, elle écarte Hannibal lorsque celui-ci, devenu suffète après la bataille de Zama, fait voter par le peuple des lois visant à limiter le pouvoir des nobles en matière de justice et à réprimer les abus financiers.
Dans les rues de Carthage, sur les ports, grouille une foule de citoyens modestes – artisans, marins, dockers, ouvriers agricoles, mineurs – à laquelle se joignent de nombreux étrangers originaires, pour la plupart, des colonies grecques et étrusques, et qui jouent un rôle important dans l'économie.Au bas de l'échelle sociale, on retrouve une importante main-d'œuvre servile, employée dans les champs, les carrières, les mines, les ateliers, ou vouée aux tâches domestiques.
Bien que vivant dans des conditions misérables, les esclaves jouissent de la liberté de culte et ont la possibilité d'acheter leur liberté. Est-ce la raison pour laquelle ils ne sont jamais source d'agitation, du moins dans les villes ? Les Libyens, c'est-à-dire les Africains autochtones vivant en dehors de Carthage, connaissent les pires conditions. Certes ils sont libres, mais n'ont aucun droit civique et doivent payer de lourdes charges. En cas de guerre, par exemple, ils versent à l'État une redevance pouvant représenter jusqu'à la moitié de leur récolte. Ils sont, avec les esclaves ruraux, à l'origine des révoltes survenues en 396 et 379.

La vie religieuse
La civilisation et les mœurs ont gardé une forte empreinte orientale dont témoigne particulièrement la vie religieuse. Le panthéon est dominé par Baal Hammon, le dieu mâle suprême, très souvent associé à Tanit, la divinité féminine surnommée « face de Baal ». L'épithète Hammon (« ardent ») pourrait évoquer le soleil ou le brasier sur lequel s'accomplissent les sacrifices. Contrairement à celui de Baal et de Melqart, le culte de Tanit n'est pas d'origine phénicienne mais africaine. Divinité de la Fécondité, elle semble surtout liée à un rite agraire. Elle porte aussi le nom africain d'Ashtart et prend le pas sur Baal au ve s., au moment où Carthage se tourne vers l'agriculture et semble renouer avec son contexte africain. Les Carthaginois croient en l'existence de forces maléfiques contre lesquelles l'homme mène un combat inégal, et en la possibilité d'agir à distance sur les choses. La maladie est considérée comme le résultat d'une absence de protection divine et appelle l'intervention d'un guérisseur. Eshmoun, le dieu guérisseur, réside dans le temple le plus riche, au sommet de la colline de Byrsa. Ils croient aussi à la divination : il semble qu'Hamilcar ait attaqué Syracuse parce qu'un devin lui avait prédit qu'il dînerait le soir même dans la ville. La vie se poursuit dans l'au-delà ; le mort, pour éviter qu'il devienne un esprit malfaisant, est l'objet de certains soins : lavé, épilé, maquillé, habillé et paré, il est incinéré et enterré, avec mobilier et provisions, dans une fosse pour les pauvres et dans un caveau pour les riches. Le sacrifice, humain ou animal, est l'acte essentiel du culte punique. Le sacrifice d'enfants effectué dans des sanctuaires spéciaux, les tophets, choque beaucoup, mais était une pratique courante dans les sociétés antiques, où il accompagnait souvent l'accomplissement d'un vœu.
Comme en Phénicie, la prostitution sacrée est aussi pratiquée. Sous l'influence des résidents grecs (ive s. avant J.-C.), Carthage a adopté le rite de l'incinération des morts ; de même, le culte de Déméter et de Coré a été institué avec succès jusqu'à la fin de l'Antiquité.

Littérature punique
Divers témoignages, surtout extérieurs, confirment que les Puniques avaient élaboré une riche littérature : annales, chroniques, ouvrages de droit, d'histoire, de géographie, d'agronomie, textes religieux, poèmes mythologiques, etc. On sait, en effet, par les écrivains grecs et latins, que Carthage avait constitué d'immenses bibliothèques, dont la plupart ont disparu lors de la destruction de la cité. De toute cette littérature, les quelque 7 000 inscriptions puniques connues ne nous ont conservé que d'infimes vestiges : il s'agit avant tout d'inscriptions votives et, à un moindre degré, funéraires, mais on possède aussi de longs tarifs sacrificiels, des textes commémoratifs, etc. Cependant, des spécimens de textes proprement littéraires sont connus en transcription latine (ainsi dans le Poenulus de Plaute) et en traduction, ou adaptation, grecque et latine, comme c'est le cas du Serment d'Hannibal, transmis par Polybe, du célèbre Périple d'Hannon ou du Traité d'agriculture de Magon, non dépourvu de qualités littéraires.

Topographie de la Carthage punique
Carthage était située sur une presqu'île comprise entre le golfe et le lac de Tunis. La triple enceinte barrait l'isthme, à 4 km environ du front de mer. Le port, creusé dans les terres, comprenait un bassin de commerce rectangulaire et un bassin de guerre circulaire. L'un et l'autre subsistent encore. Tout près de là s'étend le tophet, où des milliers de stèles et d'urnes contenant les ossements calcinés de milliers d'enfants ont été découvertes, ainsi qu'une chapelle du viiie s. avant J.-C. Sur les collines (notamment Byrsa, lieu du premier habitat), les vestiges de quelques maisons ont été retrouvés. Recouvertes par les cendres de l'incendie de 146 avant J.-C., elles ne diffèrent guère des maisons hellénistiques. L'eau était emmagasinée dans de nombreuses citernes. Entre les nécropoles qui bordaient la ville et l'enceinte, la vaste banlieue de Megara était occupée par des maisons de campagne, des champs et des jardins.

La Carthage romaine, chrétienne et byzantine

En 122 avant J.-C., C. Gracchus tente de fonder une colonie Colonia Junonia sur le site de Carthage. Après son échec, la colonisation est reprise en 44 avant J.-C. par César et complétée par Auguste. La nouvelle Carthage (Colonia Julia), port du blé d'Afrique exporté vers Rome, siège du proconsul d'Afrique, a été une des plus grandes villes du monde romain. Les communautés chrétiennes y ont été précoces et très vigoureuses : les noms de Tertullien (iie-iiie s. après J.-C.) et de saint Cyprien (iiie s.) témoignent de leur éclat, en attendant saint Augustin (ve s.). Geiséric prend Carthage en 439, et en fait la capitale des Vandales. Bélisaire la reconquiert au profit de l'Empire byzantin, en 534. Justinien en fait le siège de son diocèse d'Afrique, reconstruit sa muraille et restaure ses monuments. Mais les séditions, la peste décimèrent la population, divisée par les querelles religieuses. Après la conquête arabe (698), la ville est abandonnée au profit de Tunis, bâtie avec les pierres de la cité disparue.

L’art carthaginois

Dans le monde punique, la limite est difficile à fixer entre art et artisanat ; aussi considère-t-on comme œuvres d'art tous les objets, sacrés ou profanes, magiques ou apotropaïques, en métal, pierres précieuses, terre cuite, ivoire ou os, que sont bijoux, amulettes, figurines et scarabées, auxquels il faut ajouter les masques et les stèles.
Les masques semblent ne rien devoir à la tradition syro-palestinienne. Ce sont des têtes avec ou sans amorce de buste, présentant parfois un aspect négroïde, et dont le visage, plus ou moins grotesque, contraste avec l'impassibilité ou la jovialité des protomés. Accrochés dans les demeures et dans les tombeaux, ils remplissent une fonction apotropaïque, mais peuvent aussi, reproduits en miniature, servir de parures ou d'amulettes. Les bijoux constituent la production la plus abondante, la plus représentative et, sûrement, la plus attrayante de l'art punique.
Les traditions syro-palestinienne, phénicienne et grecque se combinent au génie punique en une profusion de genres : pendants d'oreilles, bracelets, bagues, pendentifs, colliers, pendeloques et amulettes réalisés au repoussage ou au grènetis. Les plus anciens remontent à la seconde moitié du viie s. De très bonne facture, ils se caractérisent par un décor granulé, le filigrane étant utilisé en bordure. Les productions postérieures sont pauvres, tant au niveau de la facture que des matériaux.
Quant aux stèles, en pierre ou en grès, de dimensions variables (entre 0,20 et 1 m), elles portent, gravé, un décor géométrique, anthropomorphe ou animal. Elles sont particulièrement riches entre les iiie et iie s. et se trouvent en grand nombre dans les tophets, où elles signifient l'accomplissement d'un vœu.

Archéologie
L'exploration de Carthage (quartiers d'habitations sur la colline de Byrsa et dans la ville basse, ports et tophet), menée sous l'égide de l'Unesco, a enrichi l'archéologie punique ; quant à Kerkouane (à la pointe du cap Bon), qui a été détruite en 256 avant J.-C. par Regulus, elle a livré ses temples, ses habitations et quantité d'objets. La civilisation punique, tout en gardant de fortes traditions phéniciennes, s'en distingue nettement. Motyé en Sicile et les colonies puniques de Sardaigne reflètent fidèlement la culture punique.

 


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ESCLAVAGE

 

 

 

 

 

 

 

esclavage
(de esclave)

État, condition d'esclave.

1. Introduction
1.1. Selon Aristote
L'esclavage est une institution sociale qui fait de certains êtres humains des marchandises, ou, comme le dit Aristote, « une sorte de propriété animée ». Le propriétaire possède son esclave comme un bien ou une chose, et peut exiger de lui travail et autres services sans aucune restriction. Il peut lui refuser la liberté d'agir et de se déplacer. Il a le droit de séparer les membres d'une même famille et de refuser un mariage. L'esclavage est donc un rapport de domination fondé sur la menace et la violence.

1.2. Une pratique quasi universelle
L'esclavage a existé aussi bien en Asie dans les tribus nomades de pasteurs, en Amérique du Nord dans les sociétés d'Indiens chasseurs, en Scandinavie chez les marins, que dans des sociétés sédentaires fondées sur l'agriculture. Dans ce dernier cas, les esclaves sont considérés comme une force de production irremplaçable. De telles sociétés, notamment l'Empire romain et le vieux Sud des États-Unis, sont quelquefois désignées sous le nom de sociétés d'« esclavage commercial », par opposition aux « sociétés d'esclavage personnel », où les esclaves sont principalement utilisés à des fins domestiques, notamment comme serviteurs ou concubines ; ce dernier type d'esclavage a été fortement implanté dans les pays du Moyen-Orient, en Afrique et en Chine. Cependant, les deux formes coexistent, et dans l'Empire romain comme aux États-Unis, les esclaves étaient contraints de se soumettre aux exigences sexuelles de leurs maîtres, ainsi que le montrent aussi bien le Satiricon de Pétrone que les innombrables cas de viols d'esclaves aux États-Unis.

1.3. Économie de profit et de plantation
L'économie de profit a beaucoup contribué à développer l'emploi de la force de travail servile. La canne à sucre porte la lourde réputation d'avoir été génératrice d'esclavage, en Iraq dès le viie siècle, dans les îles de l'Atlantique et en Amérique à partir du xvie siècle. L'économie de plantation a provoqué les plus gros transferts de main-d'œuvre de toute l'histoire, au détriment des Noirs d'Afrique. Les mines, de l'argent du Laurion, exploité par Athènes au ve siècle avant J.-C., à l'or des Achantis du Ghana au xviiie siècle, ont aussi utilisé de grandes quantités d'esclaves.

2. L’esclavage depuis les premières civilisations
2.1. Mésopotamie, Égypte, Inde, Perse
Prisonniers de guerre
Les codes juridiques de Sumer prouvent que l'esclavage existait dès le IVe millénaire avant J.-C. Le symbole sumérien correspondant au terme « esclave », en écriture cunéiforme, signifie « étranger », ce qui indique une origine essentielle : les premiers esclaves étaient probablement des prisonniers de guerre.

La servitude pour dette
Mais dans l'Égypte antique apparaît un phénomène que l'on retrouvera jusque dans l'Europe chrétienne : des hommes se vendent comme esclaves ou vendent leur femme et leurs enfants afin de payer leurs dettes. En Mésopotamie, l'esclavage, attesté depuis le IVe millénaire, pèse sur le prisonnier de guerre, l'enfant vendu par son père et le pauvre qui se vend lui-même. Les prisonniers de guerre sont utilisés pour les grands travaux.

Des statuts divers
Le code d'Hammourabi, roi de Babylone au xviiie siècle avant J.-C., comprend de nombreuses lois s'appliquant aux esclaves. Ceux-ci ont le droit de posséder des biens, de faire des affaires et d'épouser des femmes libres. La manumission – affranchissement prononcé officiellement par le maître – est possible soit par l'achat de la liberté, soit par l'adoption. Néanmoins, l'esclave est toujours considéré comme un objet et une marchandise (sa valeur est celle d’un âne).
Le code des Hittites, appliqué en Asie occidentale de 1800 à 1400 avant J.-C., reconnaît, lui, que l'esclave est un être humain, même s'il appartient à une classe inférieure.

L'Égypte pharaonique
Les esclaves forment dans l'Égypte pharaonique un corps peu nombreux (mineurs, mercenaires, interprètes, intendants de domaine), dont disposent le roi et sa famille, les temples et les grands personnages de l'État.
Les Hébreux n’en sont pas moins asservis par les Égyptiens durant la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C. : dans la Bible, le livre de l'Exode relate que les Égyptiens maintiennent les Hébreux « en esclavage, les obligeant à manier la brique et le mortier ainsi qu'à rendre divers services dans les champs. Quels que soient les travaux effectués, ils les traitent avec dureté ». Cependant, nulle part dans l'Ancien Testament il n'apparaît de critiques ouvertement dirigées contre l'esclavagisme, les Hébreux adhérant eux-mêmes à ce système ; tout au plus, chez ces derniers, l'esclavage, situation provisoire, ne peut-il dépasser une période de sept ans.
Inde et Perse
Dans la vallée de l'Indus, les premiers documents prouvant l'existence de l'esclavage coïncident avec l'invasion aryenne, vers 1500 avant J.-C. En Perse, le nombre d'esclaves augmente par reproduction naturelle et grâce aux conquêtes militaires : les victoires perses sur les îles de la mer Égée, Chio, Lesbos et Ténédos, ont pour conséquence l'asservissement de populations entières.

2.2. La Grèce antique
Principales sources d'esclaves
L'esclavage fait partie intégrante de l'histoire de la Grèce probablement dès 1200 avant J.-C. Les guerres, la piraterie (jusqu'à son éradication au ve siècle avant J.-C.) et les tributs dus par les pays vaincus constituent pour les Grecs les principales sources d'esclaves. Les marchands d'esclaves se fournissaient essentiellement en Thrace, Carie et Phrygie. Les débiteurs insolvables pouvaient être vendus comme esclaves, le prix de la vente revenant au créancier ; c'est Solon qui interdit cette dernière pratique à Athènes.
Une augmentation rapide à la fin du ve siècle avant J.-C.

Au ve siècle avant J.-C. – mis à part les mineurs du Laurion, en Attique –, les esclaves, surtout ruraux, sont peu nombreux, même sur les plus grands domaines ; leur emploi reste lié à des cultures délicates, permanentes et de faible extension (vigne, cultures maraîchères) ; leur présence est contestée dans la Grèce centrale et, d'après Thucydide, les habitants du Péloponnèse auraient même été souvent seuls à leur travail. Mais, dès la fin du ve siècle et surtout au ive siècle avant J.-C., le nombre des esclaves augmente à un rythme rapide, et le travail servile l'emporte très vite sur le travail libre dans les mines, les travaux publics, la production industrielle et même la production agricole. On compte 10 000 esclaves ruraux dans l'Attique de la fin du ve siècle, soit un par paysan libre. Les esclaves urbains sont plus nombreux : les listes d'affranchissement du Pirée, entre 340 et 320 avant J.-C., en mentionnent 123 sur 135 affranchis, et les estimations faites pour la fin du ve siècle évaluent entre 150 000 et 400 000 le nombre total des esclaves vivant en Attique. Un esclave s'affranchit en achetant sa liberté, en la recevant en récompense de ses services, ou en legs après le décès de son maître. Le quasi légendaire Ésope, l'auteur des Fables, passe pour un esclave grec affranchi au vie siècle avant J.-C.

L'époque hellénistique
Extension géographique (Épire) et concentration des esclaves au profit des grands et aux dépens des petits propriétaires, trop pauvres pour en posséder, caractérisent l'époque hellénistique ; les affranchissements se multiplient, au point que Philippe II de Macédoine les interdit, après Chéronée (338 avant J.-C.), pour des raisons de sécurité militaire. Cette concentration des esclaves explique les premières guerres serviles : vers 131 et vers 104-100 avant J.-C., au Laurion ; 130 avant J.-C., à Délos (le grand marché, dont on a prétendu qu'il s'y vendait 10 000 esclaves par jour au iie siècle), d'où partent les esclaves vers l'Ouest, désormais grand acheteur.

2.3. Rome
L'asservissement des peuples vaincus
Les esclaves sont utilisés très tôt (→ lois des Douze Tables). Mais c'est seulement l'expansion romaine à partir du iiie siècle avant J.-C. qui provoque leur afflux massif ; au fur et à mesure des conquêtes (les guerres puniques, la guerre des Gaules), soldats et peuples vaincus sont asservis : les conséquences en sont considérables.

Un traitement inhumain, source de révoltes
Sur le plan économique, la main-d'œuvre servile hâte la désagrégation de la petite propriété et son remplacement par de vastes domaines, notamment dans le Sud : dès le ier siècle avant J.-C., des équipes entières travaillent dans d'immenses propriétés, dépourvues de tout contact avec leurs maîtres. Le pouvoir détenu par les maîtres est pratiquement illimité, et le traitement infligé aux esclaves réellement barbare. De telles conditions de vie, alliées à la supériorité numérique des esclaves sur les hommes libres, génèrent inévitablement des révoltes (136-132 et 104-100, en Sicile ; 73, soulèvement de Spartacus).

Le Haut et Bas-Empire
Au début de l'ère chrétienne, les esclaves sont cependant moins systématiquement maltraités ; ils vivent souvent mieux que les Romains libres réduits à la misère, et certains d'entre eux occupent même des situations importantes dans les affaires ou dans les bureaux du gouvernement impérial. Sur le plan culturel, enfin, les esclaves lettrés africains, asiatiques, grecs exerceront une influence durable. Les affranchissements, d'ailleurs, se multiplient, en partie grâce aux théories stoïciennes. L'historien Jérôme Carcopino estime à 400 000 le nombre des esclaves à Rome sous Trajan (98-117). L'arrêt des conquêtes freine leur afflux ; leur prix s'accroît. Sous le Bas-Empire (iiie-ve siècle, si les esclaves sont encore nombreux, d'autres catégories sociales leur sont préférées dans les campagnes, en Orient notamment : les colons.

3. Le Moyen Âge
3.1. En Occident : de l’esclavage au servage
L'Europe carolingienne
On estime que l'Europe carolingienne comptait environ 20 % d'esclaves ; l'Église en possédait elle-même un grand nombre, à l'image du théologien Alcuin qui utilisait quelque vingt mille esclaves dans ses quatre abbayes. On parle de mancipia, servi et ancillae, mots latins qui désignent les esclaves de l'un ou l'autre sexe, dans les descriptions de biens appartenant aux grands domaines ruraux, et l'on distingue les tenures « ingénuiles », confiées à des hommes libres, des tenures serviles, confiées à des esclaves.

Colons et métayers
Dans l'Espagne wisigothique, au vie siècle, si l'affranchissement personnel des esclaves est recommandé, c'est à la condition qu'ils demeurent, par contrat, comme force de travail sur les biens qu'ils cultivent. Les esclaves ruraux se transforment ainsi progressivement en colons ou en métayers (métayage) employés sur de grandes propriétés. Cependant, ce changement de statut est plus formel que réel : les métayers doivent perpétuellement de l'argent à leur propriétaire et restent attachés à la terre qu'ils travaillent afin de rembourser leurs dettes.

Vers le servage
Sans doute l'Église ne condamne-t-elle pas l'esclavage, mais, en fait, l'organisation d'une société chrétienne, composée de frères, ne peut se concilier avec l'esclavage, que remplace donc peu à peu le servage, dépendance personnelle et héréditaire. Cette forme s'intègre mieux au cadre de l'économie fermée et essentiellement rurale du haut Moyen Âge, qui ne permet plus les achats massifs d'esclaves.
Dans ces conditions, le vieux mot latin servus finit par perdre son antique sens d'« esclave » pour désigner celui qui est lié à la terre ou à un seigneur par des obligations relativement limitées : le serf. C'est alors qu'apparaît, dans le latin médiéval (xe siècle), le mot sclavus, qui donnera, au xiiie siècle, le terme « esclave », et qui est une autre forme de slavus, rappelant que les populations slaves des Balkans fournissaient, au Moyen Âge, l'essentiel des masses serviles en Occident. On « importe » aussi des Angles, et Verdun est, jusqu'au xe siècle, l'« entrepôt » des Slaves destinés à l'Espagne.
Dans l'Empire byzantin, l'esclavage se poursuivra sans qu'on lui oppose de résistance : les esclaves sont souvent utilisés comme employés et travaillent également sur les domaines ecclésiastiques.

3.2. L’esclavage en terre d’islam
Une institution préislamique

Au Moyen-Orient, l'esclavage est déjà une institution ancrée dans les mœurs avant Mahomet (viie siècle), et l'islam ne tente pas de mettre un terme à cette situation. Le Coran, pas plus que la Bible, ne condamne l'esclavage, même s'il milite en faveur d'un traitement humain. Aussi affranchir un esclave est-il jugé comme un acte digne d'éloges. Toutefois, l'immensité de l'empire islamique et l'interdiction de réduire un musulman ou un « protégé de l'islam » en esclavage conduisent à importer de grandes quantités d'esclaves, nécessaires à l'armée ou à la production, à l'administration parfois, sans oublier la traite des Blanches pour fournir les harems.

Provenance des esclaves
Des Slaves païens, acheminés par les Vénitiens vers l'Espagne musulmane et le Moyen-Orient, alimentent des marchés d'esclave dès le viie siècle ; d'Asie viennent des Turcs, amenés jouer un grand rôle dans l'histoire de l'islam. L'Afrique noire fournit chaque année des contingents de plusieurs milliers d'esclaves, qui transitent par les ports de la mer Rouge, de l'océan Indien, et par le Sahara. L'une des plus importantes révoltes d'esclaves est celle qui, en Iraq, se déroula de 869 à 883, et qui mit fin à l'exploitation massive des Noirs dans le monde arabe.
Les conflits entre chrétiens et musulmans en Méditerranée – de l'Espagne au Proche-Orient (→ Reconquista, croisades, guerres navales) – conduisent à l'asservissement de nombreux prisonniers de guerre ; le plus souvent, il s'agit d'un excellent moyen d'obtenir leur rachat par l'adversaire.
Le monde musulman procure à son tour des esclaves à l'Espagne : à l'époque classique, les Noirs sont nombreux à Séville et à Lisbonne.

4. La traite des Noirs
4.1. Les Portugais
La production de sucre au Levant espagnol et dans les îles de l'Atlantique, comme les Canaries, commence à concurrencer, au xve siècle, celle de Venise à Chypre, que complètent des importations en provenance du monde musulman. Le sucre devient ainsi un produit de plus large consommation : les Portugais développent sa production à l'aide de capitaux, dont une partie vient de l'Europe du Nord, marché de plus en plus important. La demande d'esclaves africains commence, dès le milieu du xve siècle, le long des côtes atlantiques qu'explorent les Portugais. La première vente d'esclaves africains en Occident date de 1444 et se déroule au Portugal, à Lagos. Les Portugais organisent autour de l'île de São Tomé et du comptoir de Saint-Georges-de-la-Mine un fructueux trafic ; les esclaves sont vendus aussi bien à des souverains africains, qui les emploient dans les mines ou les plantations, qu'à des Européens qui les transportent vers la péninsule Ibérique. En 1472, les Cortes de Lisbonne demandent à la Couronne de réserver ces importations aux besoins des plantations portugaises.

4.2. Les exigences de la conquête coloniale
Des Amérindiens aux Africains

La demande de main-d'œuvre est considérablement accélérée à la suite de la conquête des Amériques par les Espagnols et les Portugais. Dans un premier temps, la conquête coloniale se traduit par le quasi-asservissement de populations entières d'indigènes, au Pérou et en Amérique centrale.
Au début du xvie siècle, Hernán Cortés fait allusion au grand nombre d'esclaves indigènes rassemblés et vendus dans la capitale du Mexique. Cependant, l'encomienda et le repartimiento, systèmes de travail forcé institués par les conquistadores, se révèlent peu satisfaisants.
Les Espagnols découvrent bientôt que les Indiens, vulnérables aux maladies européennes, ne constituent pas une main-d'œuvre idéale. D'autre part, comme ils vivent dans leur propre pays, révoltes et fuites s'en trouvent facilitées. Les Indiens tentent ainsi, au début, de s'opposer par la force à ceux qui entreprennent de les priver de leur liberté. Mais lorsque, domptés, ils subissent d'énormes pertes dans les mines d'or et d'argent, une partie de l'opinion européenne s'émeut, notamment parmi le clergé régulier au cours la controverse de Valladolid (1550-1551) : face aux arguments de Juan Ginès de Sepúlveda qui condamne les sociétés indigènes pour leurs pratiques du sacrifice humain et du cannibalisme, les réformes humanitaires prônées par le dominicain Bartolomé de Las Casas finiront par alléger les souffrances des Indiens.
Mais les esclavagistes, après avoir réduit la population amérindienne dans une proportion considérable, même si le chiffre est controversé, se tournent vers l'Afrique. Las Casas lui-même prône la traite des Noirs afin de sauver les indigènes d'Amérique, ce qui montre la complexité des enjeux.

Le début du trafic esclavagiste transatlantique
L'une des plus importantes migrations humaines qui aient existé commence alors. Aux razzias des dynastes locaux, en accord avec les négriers arabes, s'ajoutent, en Afrique, celles des marchands européens : les établissements portugais de la côte occidentale d'Afrique (Madère, Açores, cap Vert, Guinée, Luanda, Benguela) et de la côte orientale (Delagoa, Sofala, Mozambique) constituent les premiers centres d'« exportation », en particulier en direction de l'Amérique.
Les Portugais et les Espagnols se réservent, dans un premier temps, le monopole d'État du trafic entre côtes africaines et américaines, le premier asiento (contrat avec une compagnie) datant de 1528. Mais ils sont vite concurrencés par les Hollandais, les Français et les Anglais qui, à leur tour, recherchent à la fois la main-d'œuvre pour leurs plantations et les profits du trafic esclavagiste transatlantique. De 1 à 3 millions d'esclaves sont transportés en Amérique dès cette époque.
4.3. Le commerce triangulaire

C'est aux xviii et xixe siècles que le « commerce triangulaire » connaît son apogée : les navires quittent les ports – en France, ce sont Nantes, surtout, ainsi que Bordeaux, La Rochelle et Le Havre – à destination de l'Afrique, chargés de présents sans grande valeur mais aussi de fusils qui seront échangés contre les esclaves. Ils prennent livraison de leur marchandise humaine dans des comptoirs comme celui de l'île de Gorée, au large de Dakar, puis font voile vers la Guyane, les Antilles et l'Amérique du Nord où ils vendent ceux des esclaves qui ont survécu à la traversée ; enfin, ils reviennent vers l'Europe chargés de marchandises diverses (coton, tabac, café…).

Le trafic triangulaire est d'un énorme rapport, et la concurrence très forte. Les négriers sont les véritables maîtres de ce trafic : ils tiennent à leur merci aussi bien les Africains que les planteurs, qui réclament une main-d'œuvre toujours renouvelée. Interdit en Europe à la suite du congrès de Vienne (1815), le trafic se poursuivit cependant jusqu'au milieu du xixe siècle.

4.4. « Déportation sans retour »

En Afrique même, la demande d'esclaves ne crée pas de toutes pièces, dans une société idéalement égalitaire, les conditions de la dépendance : il existe, dans la plupart des sociétés africaines, comme dans les sociétés antiques, des dépendants, réduits à travailler au service des autres, pour de multiples raisons. Le fait nouveau réside dans la « déportation sans retour » au-delà de l'Océan. La demande désorganise les sociétés africaines, même si certaines trouvent dans cette déportation une solution aux problèmes que posent les asociaux. La complicité de certains royaumes côtiers facilite, en outre, la collecte des esclaves.

La désorganisation durable des sociétés africaines

L'évaluation de l'impact de la traite sur l'histoire future de l'Afrique varie en fonction des approches. Cependant, l'on peut estimer que le trafic a durablement désorganisé le continent, jusque dans les régions les plus centrales, notamment par la peur qu'il engendrait. De plus, face au trafic négrier, les seuls appuis pour un individu face à une razzia se trouvaient parmi les membres de sa propre ethnie ; l'exaltation des liens ethniques que connaît encore aujourd'hui l'Afrique serait ainsi une conséquence directe de la traite.
Enfin, l'extension de l'emploi des esclaves dans le sud des actuels États-Unis pour la culture du coton va créer, dans ce pays, une situation de conflit qui deviendra l'un des plus grands problèmes sociaux et politiques du monde moderne.

Un trafic d'une grande intensité

L'énormité des profits réalisés dans les plantations conduit à l'augmentation constante de la demande d'esclaves noirs ; pour le seul xviiie siècle, leur nombre est estimé à près de 6 millions. Les historiens hésitent sur le chiffre global ; du xvie au xixe siècle, certains parlent de 8 à 10 millions, d'autres de 15 à 20 millions. Pour tâcher d'estimer le nombre de Noirs ainsi déportés, l'on ne dispose en effet que de chiffres partiels ou de séries limitées dans le temps. L'on sait, par exemple, que 103 135 esclaves ont été convoyés par des navires nantais entre 1763 et 1775. L'une des sources qui permettent d'évaluer l'intensité du trafic est constituée par les archives de la compagnie d'assurances maritimes britannique, la Lloyd's. Celle-ci enregistra pas moins de 1 053 navires coulés en face de l'Afrique entre 1689 et 1803, dont 17 % pour faits de révolte, pillage ou insurrection.

De nombreuses révoltes
En effet, en Afrique même, les révoltes liées à l'esclavage furent très importantes ; elles furent le fait à la fois des populations de la côte et de celles de l'intérieur. Car si certains potentats africains se sont livrés à la traite de concert avec les Européens ou les Arabes, la population s'y opposa souvent violemment. Mais si l'on sait que des navires négriers ont été attaqués à proximité des côtes par les Africains, les documents sont quasi inexistants pour mesurer précisément l'ampleur des révoltes sur l'ensemble du continent.

4.5. Traitements inhumains

À bord des navires négriers, les conditions sont effroyables : on entasse un maximum d'esclaves dans la coque du navire et on les garde enchaînés afin de prévenir tout risque de révolte ou de suicide par noyade. La nourriture, l'aération, la lumière et le système sanitaire suffisent à peine à les maintenir en vie. Si la traversée dure plus longtemps que prévu, l'eau manque plus encore que les vivres, et les épidémies se déclarent. Les observations médicales réalisées aux xviie et xviiie siècle à propos de ces traversées montrent le nombre de maux qui s'abattent, d'abord sur les esclaves, parfois sur l'équipage ; les pertes sont énormes : sur les 70 000 esclaves embarqués par la Real Compañía Africana espagnole entre 1680 et 1688, 46 000 seulement survécurent à la traversée.

Le fouet et le pilori
Le travail auquel les esclaves sont soumis est accablant dans les plantations de canne à sucre du Nordeste brésilien et des Antilles, ou de coton du sud des États-Unis. L'arbitraire de leurs maîtres aggrave leur situation, et les fuyards sont nombreux (esclaves « marrons » des Antilles).

Le Code noir

Aussi Colbert, par une ordonnance dite Code noir (1685), précise-t-il la condition civile des esclaves noirs selon le droit romain, mais en leur déniant toute personnalité politique et juridique, car l'esclave est un meuble qui peut être acheté, vendu, échangé ; il est également un incapable, ne pouvant ni témoigner en justice, ni posséder ; enfin, si la responsabilité civile lui est déniée, sa responsabilité criminelle reste entière. En revanche, reconnaissant dans les esclaves des êtres de Dieu, pour lesquels il prévoit d'ailleurs des affranchissements dans des cas limités, Colbert autorise les intendants à les protéger contre l'arbitraire des propriétaires.

5. Vers l’abolition de l’esclavage
5.1. L’exemple d’Haïti
La première source d'opposition à l'esclavage vient des esclaves eux-mêmes. Ce sont leurs révoltes qui ont conduit certains de leurs propriétaires à remettre en cause un système qui leur causait trop de problèmes par rapport aux avantages économiques qu'ils pouvaient en retirer. La révolte des esclaves de Haïti, qui commence en 1791 et que les Blancs ne parvinrent pas à mater, est décisive : c'est d'abord elle qui entraîne la suppression de l'esclavage dans l'île le 29 août 1793, suppression proclamée par Sonthonax, membre de la Société des amis des Noirs, et Polverel, commissaires de la République munis de pouvoirs extraordinaires.
Cependant, cette abolition est aussi le fruit des circonstances : les troupes républicaines non seulement avaient été incapables de ramener l'ordre, mais, de plus, avaient besoin de soldats supplémentaires pour espérer repousser les Espagnols, installés à l'est de l'île, et les Britanniques, qui menaçaient de débarquer. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la mesure des deux commissaires est ratifiée par la Convention, qui l'étend à toutes les colonies françaises.
Cependant, dès 1799, la traite reprend en secret au Sénégal sous des formes déguisées – le commandant français du Sénégal est alors chargé de recruter des Noirs… consentants –, puis l'esclavage est rétabli en 1802 par le Premier consul, Bonaparte, sous la pression des commerçants français du sucre. La révolte des Noirs qui s'ensuivit, notamment aux Antilles, conduira à l'indépendance de Haïti le 1er janvier 1804.
5.2. L’Angleterre en première ligne
Des penseurs, des économistes abolitionnistes

Les excès des esclavagistes provoquent également, à la fin du xviiie siècle, une réaction abolitionniste. Renouant avec la critique formulée par Montaigne, les auteurs français Montesquieu, Voltaire, Raynal, Marivaux, Bernardin de Saint-Pierre s'en prennent au principe même de l'esclavage.
Sur le plan économique, Adam Smith fait valoir le faible rendement du travail servile (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776) ; plus tard, Rossi montrera (Cours d'économie politique, 1839-1841) l'obstacle que l'esclavage oppose au développement technique et économique.
De l'interdiction de la traite à l'émancipation des esclaves

La suppression de l'esclavage est réalisée en deux étapes : interdiction de la traite (1807 par l'Angleterre ; 29 mars 1815 par la France), puis émancipation des esclaves (1833 par l'Angleterre ; 1848 par la France, une nouvelle fois, sur l'initiative de Victor Schoelcher, qui se rend aux Antilles pour proclamer l'abolition décidée par le décret du 4 mars 1848). Dans les deux cas, une indemnité a été prévue, et l'Angleterre a donné l'exemple, sous l'impulsion des sectes religieuses et des hommes politiques (tels William Pitt, Castlereagh, George Canning) ; le rôle de William Wilberforce et de la Société antiesclavagiste a été décisif.

La condamnation de la traite

Championne du mouvement abolitionniste, l'Angleterre veut, pour des raisons à la fois humanitaires et économiques (concurrence de main-d'œuvre), obtenir la suppression générale de l'esclavage dans le monde. Aussi Castlereagh fait-il condamner la traite par les congrès de Vienne (8 février 1815), d'Aix-la-Chapelle (1818) et de Vérone (1822).
Malgré l'opposition des pays esclavagistes, des clauses de renonciation à la traite sont prévues dans les conventions et les traités signés avec la France (1831, 1833, 1841, 1845), l'Espagne (1835), le Portugal (1839), le Brésil (1850), clauses sanctionnées par un droit de visite réciproque, que la France refuse de ratifier en raison de l'énorme supériorité de la flotte britannique.

Une pratique qui perdure
Cependant, entre 1817 et 1830, malgré l'interdiction, on enregistre 305 voyages négriers au départ de Nantes – la dernière expédition française partira du Havre en 1847.
L'Empire ottoman, pour sa part, avait interdit la traite dans le golfe Persique et fermé les marchés publics d'esclaves d'Istanbul en 1847. Les pays d'Amérique du Sud abolissent l'esclavage à leur indépendance, mais, dans ces régions, le système du péonage succède bientôt à l'esclavage. En 1840, le Portugal et l'Espagne aboliront officiellement le trafic des esclaves, mais les vaisseaux négriers portugais continueront à traverser l'Atlantique durant tout le xixe siècle.

5.3. États-Unis : un long combat
Dans les colonies nord-américaines, les premiers signes d'opposition à l'esclavage émanent des quakers, qui se prononcent contre l'asservissement en 1724. Bien que le marché aux esclaves soit un spectacle courant, bon nombre de colons considèrent cette forme d'exploitation de l'homme comme un phénomène injustifiable. Les États vont ainsi abolir progressivement l'esclavage. Rhode Island est ainsi le premier État abolitionniste (1774). Mais la Constitution fédérale, ratifiée en 1788, prévoit la continuation du système esclavagiste pendant vingt années supplémentaires. Alors que le décret de 1787 interdit l'esclavage dans les États du Nord-Ouest, le bénéfice éventuel de cette action va s'effacer devant la généralisation de l'égreneuse de coton, inventée en 1793 par Eli Whitney ; en effet, l'utilisation de cette machine accéléra tellement la commercialisation du coton que les besoins en esclaves augmentèrent.
Le sentiment antiesclavagiste s'intensifie, en 1831, avec la publication du journal abolitionniste The Liberator ; cette même année voit aussi la révolte d'esclaves menée par Nat Turner, qui s'inscrit dans une vague de révoltes commencée en 1829 à Cincinnati et qui se prolonge jusque dans les années 1840. En 1833, une société antiesclavagiste est créée à Philadelphie. Dès 1840, les esclaves s'échappent vers les États du Nord pour y gagner la liberté.
La publication du livre de Harriet Beecher-Stowe, la Case de l'oncle Tom (1852), élargit l'audience du mouvement abolitionniste ; finalement, au terme de la guerre de Sécession, les États-Unis, après le Danemark et les Pays-Bas (1860), libèrent leurs esclaves en adoptant le 13ème amendement de la Constitution (31 janvier 1865).
La voie est ouverte aux condamnations internationales du système et des idéologies qui l'acceptent : acte de Berlin (26 février 1885) ; conférence coloniale de Bruxelles (acte antiesclavagiste du 2 juillet 1890) ; articles 21 à 23 et 42 à 61 du pacte de la Société des Nations (SDN) ; article 11 de la convention de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919) ; convention de Genève sur l'esclavage (25 septembre 1926) ; article 4 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de l'ONU (10 décembre 1948).
L'esclavage a persisté après la Seconde Guerre mondiale sur les rives de la mer Rouge. Il a été aboli officiellement par l'Arabie saoudite en 1962. En Afrique, en Mauritanie, il n’a été aboli qu’en 1981. Sur ce continent, le trafic des enfants, en particulier, s'est poursuivi longtemps au-delà de la date d'interdiction officielle. Dans un rapport de 1992, l'Organisation internationale du travail (OIT) révèle que l'esclavage n'a pas disparu de Mauritanie, pas plus que du Soudan où des rapts d'enfants vendus ensuite comme esclaves ont été signalés en 1993.

6. Survivance de l’esclavage : le travail forcé
On a récemment défini la notion d’« esclavage moderne », qui s’applique à la condition de personnes qui accomplissent un travail forcé au service d’un employeur agissant ainsi en toute illégalité. En effet, le travail forcé subsiste dans nombre de régions; il s'agit essentiellement d'esclavage pour dettes – Asie du Sud-Est, Amérique latine… – et d'exploitation de femmes et d'enfants pour la prostitution. Ainsi, en 1999, l'OIT a condamné la Birmanie pour son recours systématique au travail forcé – plus de 500 000 personnes seraient concernées.
En Inde, l'esclavage pour dettes est toujours présent dans l'agriculture, les métiers du bâtiment, ou encore la production de tapis ou de poteries ; le travail des enfants est utilisé dans la fabrication de perles de verre, le tissage des tapis ou encore la confection de feuilles d'or ou d'argent. Au Pakistan, l'esclavage pour dettes se rencontre dans les secteurs de la briqueterie, de la cordonnerie, du tissage, dans l'agriculture ou dans la fabrication de bidis (cigarettes d'eucalyptus). Les dettes revêtant parfois un caractère héréditaire, l'institution du servage pour dettes s'assimile à une forme réelle d'esclavage.

Ce n'est pas forcément le cas de la prostitution, bien que la question soit de plus en plus actuelle. En Thaïlande, aux Philippines, certains adolescents des deux sexes se prostituent contre leur gré. Le phénomène a pris une telle ampleur que certaines organisations parlent, à propos de la vente par leurs parents ou du rapt puis de la prostitution d'enfants birmans en Thaïlande, de politique délibérée de destruction de certaines ethnies de Birmanie. La prostitution des enfants n'épargne pas les pays occidentaux, comme l'ont montré plusieurs affaires, tant en Belgique qu'en France, à la fin des années 1990.

Enfin, dans certaines régions d'Afrique et du Moyen-Orient, des formes d'esclavage subsistent ; la Société internationale antiesclavagiste de Londres estime que la servitude financière, le servage sous couvert de contrats de travail, les fausses adoptions et l'asservissement imposé aux femmes mariées sont encore responsables de l'assujettissement de plusieurs millions d'êtres humains. Il existe aussi des personnes vivant dans la misère qui se vendent ou qui vendent leurs enfants comme esclaves. En Arabie saoudite, le gouvernement estimait, en 1962, que le pays comptait encore quelque 250 000 esclaves.
Dans l'Empire français, le travail forcé n'a été aboli qu'en 1946, sur les instances, entre autres, de Félix Houphouët-Boigny et de Léopold Sédar Senghor, alors députés à l'Assemblée nationale ; les travailleurs africains réquisitionnés de force étaient notamment employés à des constructions d'infrastructures comme des voies de chemin de fer.

 

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