|
LES MICRO-ALGUES , ESSENCE DU FUTUR ?
Des micro-algues pour remplacer le pétrole
Ces organismes peuvent, dans certaines conditions, se charger en lipides qui sont ensuite transformés en carburant.
En plus de produire la moitié de l'oxygène de la planète, les micro-algues pourraient se révéler une source considérable de carburant. Ces organismes microscopiques peuvent en effet, sous l'effet d'un stress métabolique, se charger d'importantes quantités de lipides que l'on transforme ensuite en biocarburant. Le procédé est connu aux États-Unis depuis le début des années 1970 où, sous l'effet du premier choc pétrolier, les scientifiques ont cherché des techniques visant à diminuer la dépendance de la société américaine au pétrole. Las, la baisse du prix du baril a sonné le glas d'une rentabilité économique de ces projets. Mais, aujourd'hui, alors que la fin d'un pétrole abondant et bon marché semble inéluctable, plusieurs industriels remettent ces programmes au goût du jour. Ainsi, ExxonMobil annonçait le 14 juillet dernier son partenariat avec Synthetic Genomics pour la production de biocarburant à partir d'algues. Si les tests sont concluants, le pétrolier américain prévoit d'investir 600 millions de dollars dans ce secteur. Après l'Amérique du Nord, l'Europe s'intéresse de près aussi à cette alternative potentielle au pétrole.
À Ploemeur, dans le Morbihan, la carrière de kaolin exploitée par Imerys Ceramics prépare sa reconversion. L'arrêt de l'extraction du minerai est prévu pour 2016. La surface de la carrière pourrait être utilisée pour la production de biocarburant algal. C'est le sens du projet Safe Oil, labellisé par le Pôle Mer Bretagne en mars dernier. À partir de micro-algues de la famille des diatomées déjà présentes sur le site, Sarp Industries, une filiale de Veolia Propreté, souhaite extraire des lipides pour les transformer en biodiesel. « Le démonstrateur que nous souhaitons mettre en place à Ploemeur a pour objectif de valider dans la pratique un certain nombre de données théoriques sur la production de biocarburant algal », indique Cendrine Carnel, en charge du projet chez Sarp Industries. La proportion attendue d'huiles est comprise dans une fourchette de 30 % à 40 %. Les coproduits générés après extraction de l'huile seraient valorisés dans l'agroalimentaire pour l'aquaculture.
huiles alimentaires
La carrière de Ploemeur cumule plusieurs avantages pour une telle production : la présence naturelle de silice, contenue dans le kaolin, essentiel au développement des micro-algues, des radiations du soleil suffisantes et la proximité de la mer pour acheminer les quantités d'eau nécessaires à l'alimentation des bassins. L'huile extraite serait ensuite transformée en carburant dans l'usine de Sarp Industries à Limay (Yvelines), entrée en fonction en juin dernier. Veolia a investi 25 millions d'euros dans ce site qui utilise actuellement des huiles alimentaires usagées pour la production de carburants.
Si Safe Oil obtient les 500.000 euros de subventions demandés à la Région Bretagne, la construction du démonstrateur sur un bassin d'une centaine de mètres carrés pourrait débuter au début de l'année 2010. « Nous nous donnons deux ans ensuite pour tirer les premiers bilans en termes techniques et financiers », explique Cendrine Carnel. L'idée est de pouvoir proposer ce biocarburant sur le marché aux alentours de 1 euro par litre afin d'être compétitif par rapport au gazole. Ifremer, le partenaire scientifique du projet, estime à 14.200 l/ha/an le niveau de production envisageable. À Nice, le projet Shamash, mené par l'équipe Comore de l'Inria, envisage également la production de biocarburant algal à l'échelle industrielle et travaille sur ce thème depuis trois ans.
Sélection des variétés d'algues, contrôle de leurs prédateurs, validation du procédé de production dans le respect des normes environnementales, mise en place d'une filière rentable? les frontières à franchir restent encore nombreuses pour ces nouveaux chercheurs d'or. nL'idée est de proposer ce biocarburant sur le marché aux alentours de 1 euro par litre afin d'être compétitif par rapport au gazole.
par Mikaël Cabon
DOCUMENT LATRIBUNE.FR |