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LES UNIVERSAUX DE PENSEE |
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Les universaux de pensée
La pensée est liée au cerveau, une entité matérielle qui possède une organisation complexe. Les universaux de pensée se développent à partir de cette organisation. Elle se construit au court de l'évolution, ou plutôt d'une synthèse d'évolutions multiples. Elle résulte de l'évolution des espèces, de l'évolution au court du développement embryonnaire, de la formation des connexions entres cellules nerveuses avant et après la naissance. Des évolutions multiples, emboîtées qui correspondent aux niveaux d'organisation de la matière, de la molécule à la cellule nerveuse, de la cellule nerveuse au circuit, du circuit aux assemblées de neurones.
Au court de l'enfance, il y a des changements de la connectivité en fonction de la culture, de l'environnement. Durant ces évolutions emboîtées, des universaux vont être sélectionnés, ils vont dans un premier cas assurer la survie de l'individu, mais aussi des groupes sociaux. Des universaux qui se retrouvent au niveau du génome, de l'anatomie et de l'organisation du cerveau, ses dispositions fonctionnelles, physiologique et psychologique. Il y a une universalité du génome humain mais aussi une variabilité génétique et épigénétique qui permet l'évolution tout en préservant l'intercompréhension entre les individus.
CONFERENCE CANAL U LIEN
DOCUMENT PEDAGOGIQUE
Résumé* de la 443e conférence de l'Université de tous les savoirs donnée le 24 juillet 2002
Jean-Pierre Changeux : "Les universaux de la pensée"
Les "universaux" sont ces termes qui s'étendent à l'univers tout entier, à l'ensemble des êtres ou des idées et qui se distinguent des particuliers. Le philosophe médiéval Albert le Grand distinguait trois manières de considérer les universaux : ante rem en tant que cause universelle, possédant d'avance la totalité de ses effets causés, in re en tant que nature commune reçue dans les particuliers et post rem en tant qu'intention formelle et concept simple de l'esprit séparés du particulier par abstraction.
Aujourd'hui, si l'on reprend les définitions d'Albert le Grand, on peut dire que, ante rem, les universaux vont concerner la réalité physique du monde extérieur, la matière et ses régularités ; in re, les objets, les êtres issus de l'évolution de l'univers, de l'évolution des espèces, en particulier, le cerveau de l'homme qui présente une organisation, ou conformatio, commune aux membres de l'espèce homo sapiens ; et post rem, les représentations communes, ou concepts, qui se forment dans le cerveau de l'homme et s'organisent en pensée.
Cette conférence avance l'idée que le cerveau de l'homme est matériel et que les universaux de pensée se développent à partir de l'organisation de notre cerveau, laquelle se construit au cours de l'évolution.
Celle-ci est la synthèse d'évolutions multiples : celle des espèces au niveau des génomes, celle du cerveau au cours du développement embryonnaire, celle enfin des connexions entre cellules nerveuses après la naissance, puisque le bébé humain naît avec un contingent de connexions qui est la moitié de celui de l'adulte. On a affaire à des évolutions multiples, emboîtées, qui correspondent à ces niveaux d'organisation de la matière, de la molécule à la cellule nerveuse, de la cellule nerveuse aux circuits, des circuits aux assemblées de neurones et aux assemblées d'assemblées de cellules nerveuses.
Au cours de ces évolutions emboîtées, des universaux sont sélectionnés, qui, d'un point de vue darwinien, assurent la survie de l'individu, celle des groupes sociaux et, finalement, celle de l'humanité.
Il faut cependant prendre en compte un problème central, celui de la variabilité locale. Car s'il y a une universalité du génome humain, il y a aussi une variabilité de ce génome - une variabilité génétique- . Il y a aussi une variabilité épigénétique et fonctionnelle qui conduit à la dynamique de la pensée. Cette variabilité des universaux permet l'évolution et évite que nous ayons à concevoir l'homme, la nature, l'univers, dans un cadre fixiste.
L'universalité génétique et anatomique du cerveau de l'homme
Notre génome est composé de trente à quarante mille gènes qui déterminent toutes les protéines - et parmi elles celle du cerveau : 60 % de ces gènes sont exprimés dans le cerveau.
Ces gènes déterminent des molécules qui entrent dans la composition des contacts entre cellules nerveuses qui permettent aux neurones de se connecter entre eux et de constituer des réseaux d'une extrême complexité dans lesquels circulent des signaux électriques ou des signaux chimiques. La complexité de ces réseaux évolue du singe à l'homme. On assiste en particulier à un accroissement considérable, chez l'homme, de la partie qui se trouve en avant du cerveau, le cortex préfrontal, partie critique du développement à la fois de la conscience et de la pensée.
Si l'on compare le nombre de gènes dans le génome de l'homme et dans celui de la souris, on trouve un nombre de gènes très voisin. S'il n'y a pratiquement pas de différence en ce qui concerne le nombre, il y a évidemment des différences génétiques, qui sont cependant extrêmement modestes. Si on compare le génome du chimpanzé et celui de l'homme, il y a entre 1 et 2 % de différence, ce qui est extrêmement peu. Comment comprendre ces constances de nombre alors qu'on passe des 40 millions de neurones de la souris aux 10 à 100 milliards de neurones de l'homme ? La réponse est qu'il n'y a pas beaucoup de gènes de différence, mais que ces gènes portent sur le développement de formes critiques. On arrive ainsi à comprendre comment le cerveau a pu évoluer des ancêtres de l'homme aux anthropoïdes, à l' homo sapiens lui-même, et comment de ce fait un certain nombre de propriétés fonctionnelles associées à l'organisation de ce cerveau apparaissent spontanément, simplement du fait de l'innéité, en quelque sorte, de ce développement embryonnaire. Par exemple la succion du sein, le réflexe palmaire de préhension, la reconnaissance d'un visage humain, la distinction chez le bébé entre être vivant et objet inanimé... et beaucoup d'autres dispositions innées universelles de comportements liés à cette organisation cérébrale.
La variabilité individuelle permet à ces dispositions innées de présenter des formes de plasticité, de mémoire, de mise en place d'empreintes venant du monde extérieur. Au cours du développement du fStus à l'adulte, et notamment chez le nouveau né, à un stade où se constituent près de 50 % des connexions du cerveau de l'homme adulte, les synapses se forment, certaines en nombre supérieur à ce qu'il sera chez l'adulte. L'interaction avec le monde extérieur va contribuer à la sélection de certaines connexions et à l'élimination de certaines autres.
Epigénèse et variabilité individuelle
Si au cours du développement apparaît une variabilité de la connectivité, tous les individus vont être différents les uns des autres et ils n'arriveront plus à se comprendre. Comment apparaissent donc des universaux comportementaux - en particulier des représentations du monde universelles - en dépit de cette variabilité ?
Dans un réseau au sein duquel va se produire une sélection de connexions un même message entrant peut stabiliser des organisations connectionnelles différentes, mais conduire à une relation entrée/sortie identique. Cela veut dire qu'en dépit d'un système nerveux variable d'un individu à l'autre, il se construit de l'invariance.
Dans L'Homme neuronal avait été introduite la notion d'objet mental pour mettre en relation, par exemple, une activité perceptive (cela vaut aussi pour les activités sensorielle ou motrice) avec l'état d'activité de notre système nerveux central. Le constat auquel on parvient est qu'il se forme dans notre cerveau des représentations - représentations perceptives, motrices et conceptuelles. Une expérience réalisée au Japon par le groupe de Tanaka consiste à procéder, par imagerie optique, à des enregistrements de la surface du cortex de sujets regardant des visages. Un visage vu de profil suscite une activité différente de celle qui se produit quand le visage est vu de biais ou de face. Il y a donc des corrélats électro-physiologiques de ces représentations, qui sont des états physico-chimiques d'ensembles ou d'assemblées de cellules nerveuses dans notre cerveau. Selon ce que le sujet perçoit, on a affaire à des distributions d'activité différentes dans diverses régions du cortex cérébral : la reconnaissance des objets suscite dans notre cerveau des objets mentaux caractéristiques d'une catégorie d'objets particuliers. On constate des phénomènes similaires chez le singe, en l'absence d'apprentissage ou avec très peu d'apprentissage.
Invariance des représentations de la réalité extérieure
Comment aller plus loin, jusqu'à l'élaboration de représentations plus spécifiques, plus complexes ? Qu'en est-il pour des inventions techniques ou culturelles récentes ? Que se passe-t- il dans notre cerveau quand nous avons affaire à un objet récent, par exemple un objet technique ?
En fait à partir de ces dispositions innées se produit une évolution d'une autre nature au niveau de l'activité du système nerveux. Des changements d'efficacité entre connexions vont être mémorisées lors d'un apprentissage par essai et erreur. Vont être sélectionnées des représentations adéquates au monde extérieur. Il se formerait (Jean-Pierre Changeux, Stanislas Dehaene) des pré-représentations, c'est-à-dire des objets mentaux qui sont des esquisses des schémas assez grossiers du monde extérieur. Ces pré-représentations vont correspondre à la mobilisation spontanée de populations de neurones de manières variables au niveau de notre cortex cérébral. Un mécanisme de sélection va stabiliser la représentation adéquate au monde extérieur. Interviennent dans ce processus des systèmes de neurones du système nerveux central et qu'on appelle des neurones de récompense.
Ils ont été découverts fortuitement par Olds en 1958 en plantant des électrodes de stimulation chez le rat pour. Olds a remarqué qu'en plaçant l'électrode de stimulation dans certaines zones du cerveau du rat, il donnait au rat la possibilité de s'auto-stimuler en appuyant sur une pédale dans sa cage pour stimuler les cellules nerveuses située au niveau de l'électrode. Le rat qui essaie le dispositif trouve cela agréable, revient et appuie de nouveau. Il va ensuite s'auto-stimuler d'une manière effrénée. Il ne s'arrête que pour dormir, est indifférent à la nourriture, aux animaux de l'autre sexe, etc. Il se trouve en quelque sorte emprisonné dans son autostimulation. Cela correspond à l'activation de neurones dits de récompense qui interviennent lorsqu'il y a gratification.
L'idée de Jean-Pierre Changeux est que l'individu formule des hypothèses, des pré-représentations et les essaie sur le monde extérieur. Celles qui donnent une réponse positive vont être sélectionnées ; à l'inverse, celles qui apportent une réponse négative seront contre sélectionnées et disparaîtront.
Il a ainsi été construit (Changeux et Dehaene) un modèle de tri de cartes du Wisconsin. C'est une tâche cognitive destinée aux patients dont on veut voir s'ils ont des lésions du cortex frontal. Le modèle avance l'hypothèse que des assemblées de neurones sont activées un moment, les autres inhibées, et qu'il peut y avoir un essai de ces diverses assemblées de neurones jusqu'à ce que l'assemblée qui connaît la bonne règle soit sélectionnée par le système de récompense. On peut à partir de là construire un modèle informatique strictement neurochimique de cet apprentissage cognitif par sélection et par récompense. Un tel modèle permet de rendre compte de l'apparition de représentations du monde extérieur stables sur une base épigénétique.
Conscience et organisation universelle de la pensée
La conscience est un universel propre à l'espèce humaine, donc déterminé génétiquement au niveau d'une architecture cérébrale particulière.
Des philosophes, essentiellement anglo-saxons, pensent que la conscience est un phénomène réel, naturel et biologique, littéralement localisé dans le cerveau et entièrement causé par des processus neurobiologiques. A l'instar des neurobiologistes, ils distinguent d'une part des niveaux de conscience (la veille, le sommeil, le rêve), d'autre part le contenu de l'expérience consciente.
Il a été avancé (Stanislas Dehaene, Michel Kergsberg et Jean-Pierre Changeux) que nous avons des dispositifs particuliers dans le cerveau permettant d'atteindre cette disposition propre au développement de la conscience.
Pour qu'il y ait cet aspect global et unifié de la conscience il faut des neurones avec des connexions permettant de réunir les neurones qui se trouvent mobilisés dans l'ensemble de notre cortex cérébral ainsi que dans les régions sous corticales et en particulier le thalamus - des neurones à axones longues qui se trouvent principalement présents dans la région préfrontale du cortex, cette région qui se développe de manière spectaculaire du singe à l'homme. Apparaît ainsi un espace de travail conscient avec ces neurones à axones longs et des processeurs spécialisés, modulaires, qui pourraient intervenir, eux, dans nombre de processus non conscients comme la motricité.
On peut identifier par imagerie cérébrale les aires corticales qui interviennent dans des processus non conscients et dans des processus conscients, avec par exemple des mots masqués perçus de manière non consciente et des mots visibles perçus consciemment. On peut aussi mener des études d'imagerie cérébrale quand un sujet effectue un raisonnement logique, ou une sorte de choix instinctif. Dans le cas d'un choix instinctif, peu d'activités se manifestent au niveau du cortex préfrontal. Au contraire pour une tâche logique avec effort, sont mobilisés les neurones à axones longs avec une activation spectaculaire des aires préfrontales. Telles sont les premières bases neurales du raisonnement logique. L'on en est aux toutes premières expériences montrant des corrélations entre états d'activité de l'encéphale et raisonnement logique et ce domaine d'étude se développera dans les années qui viennent.
Ces raisonnements s'effectuent de manière épigénétique. L'individu qui effectue une tâche de cette nature utilise son système de neurones cortico-thalamique, en particulier son système de neurones préfrontaux, élabore des représentations, les enchaîne, et découvre que certains raisonnements réussissent. Ce qui est mémorisé alors, ce sont les règles épigénétiques de raisonnement, de calcul, de jugement, de représentations symboliques.
Communication sociale, diversité culturelle et intercompréhension
Une fois ces représentations formées dans le cerveau de l'individu, stabilisées, sélectionnées et réutilisées par le sujet, comment sont-elles être communiquées entre individus ?
Il faut se souvenir en ce point de la distinction faite par de Saussure entre le concept, la représentation mentale telle que je viens de la présenter, c'est-à-dire des représentations du monde qui ont acquis chez l'individu une invariance du fait des mécanismes de sélection par récompense, et le son, la voix qui communique ces représentations. Comment se fait-il qu'avec des cerveaux variables, nous arrivions à nous comprendre ?
Les études aussi bien sur d jeunes animaux que sur de tout jeunes enfants (Thomas Veleau) suggèrent que c'est par un processus de récompense partagée que l'on passe du niveau individuel au niveau social, qu'est validée en quelque sorte l'universalité de la représentation.
Cela vaut non seulement pour la validation du sens des mots, la relation du signifiant au signifié, mais aussi pour l'organisation générale de la phrase et de la pensée, avec au delà un partage d'intentions tel que les linguistes comme Sperber et Wilson, ou Grice le décrivent. Le partage d'intentions, la reconnaissance des intentions d'autrui, l'intercompréhension mettent en jeu des dispositifs qui mobilisent le cortex préfrontal et qui permettent cette capacité d'attribution d'intentions à autrui, d'échange d'intentions et qui font en sorte qu'on puisse parler de la même chose et se comprendre.
Universalisation des connaissances et universalité des savoirs : la connaissance scientifique
De là l'importance de l'éducation, dans les relations parentales ou au niveau de l'école, c'est-à-dire de cette transmission épigénétique de la diversité des cultures, des langues, des écritures, des systèmes de croyance, mais aussi des connaissances partagées, en particulier lorsqu'elles sont tout à fait élémentaires.
Le problème maintenant est de savoir si tous les signifiés qui se trouvent associés aux signifiants sont acceptés universellement comme correspondant à une représentation du monde qui soit une représentation aussi proche du réel que possible. Y a-t-il des représentations du monde acceptées au niveau de l'ensemble de l'humanité ou pas ?
Il existe bien entendu des systèmes de représentation symboliques, entre autres mythiques, très importants dans les sociétés humaines, jouant un rôle crucial pour l'identité et la survie des groupes. Ces représentations, ces mythes correspondent-ils à la réalité du monde ? Leur fonction de renforcement du lien social est importante, mais cela se fait-il à l'avantage ou au détriment de l'objectivité des connaissances ?
C'est là probablement qu'il faut faire intervenir une évolution extraordinaire, qui a pris place en Grèce : le changement de régime politique et juridique rendant possible un débat public et critique acceptant la multiplicité des écoles de pensée, un débat sur les solutions. Par exemple, quel est le meilleur moyen de traiter la maladie ? Invoquera-t-on les dieux ? Fera-t-on un sacrifice ? Prendra-t-on une poudre magique ? Un antibiotique ou un agent antiviral ? A question posée, débat public : qu'est-ce qui marche le mieux ? Qu'est-ce qui fonctionne ? Qu'est-ce qui est le plus adéquat au réel et qu'est-ce qui est le plus universel ?
A partir de ces représentations sociales, peut se dégager une distinction entre les croyances et les objets de science. La représentation scientifique apparaît alors, avec sa remise en cause permanente, son mode d'exposition publique et sa nécessaire et constante capacité de révision.
* Par Y. Michaud
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L'ART |
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- Art, nature, réalité
1- "C'est l'art qui, loin d'imiter la nature, ne s'en inspire que pour la faire comprendre". Le Senne, Traité de morale.
2- "L'art n'a pas la vérité pour objet. Il faut demander la vérité aux sciences ...". Anatole France, Le Jardin d'Épicure.
3- "La nature est belle quand elle a l'aspect de l'art, et l'art ne peut être appelé beau que si nous avons conscience que c'est de l'art et s'il offre cependant l'apparence de la nature". Kant.
"L'art se distingue de la nature comme faire (facere) d'agir... A vrai dire on ne devrait nommer art que le produit de la liberté, c'est à dire d'un vouloir qui fonde ses actes sur la raison." Kant. (Comprendre que le travail des abeilles n'est pas une oeuvre d'art)
4- "L'art d'imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s'il peut tout exécuter, c'est, semble-t-il, qu'il ne touche qu'une petite partie de chaque chose, et cette partie n'est qu'un fantôme." Platon La République, X.
5- "Mais il est permis de soutenir que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature." Hegel, Esthétique.
-"D'une façon générale, il faut dire que l'art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu'il ressemble à un ver qui s'efforce en rampant d'imiter un éléphant". Hegel, Esthétique.
-"L'œuvre d'art, tout en ayant une existence sensible, n'a pas besoin d'avoir une réalité tangiblement concrète ni d'être effectivement vivante". Hegel, Esthétique.
-"Rien ne nous empêche de dire que, comparée à cette réalité, l'apparence de l'art est illusoire; mais l'on peut dire avec autant de raison que ce que nous appelons réalité est une illusion plus forte, une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art." Hegel, Esthétique.
6- "L'individualité des choses et des êtres nous échappe toutes les fois qu'il ne nous est pas matériellement utile de l'apercevoir." Bergson, Le rire.
7- "Du fond de cette caverne qui fascine, les artistes anonymes, effacés, de Lascaux nous invitent à nous souvenir d'un temps où les êtres humains ne se voulurent de supériorité que sur la mort." G. Bataille.
8- "L'art est ce par quoi les formes deviennent style". Malraux, Les Voix du silence.
"L'art naît... de la fascination de l'insaisissable, du refus de copier des spectacles, de la volonté d'arracher les formes au monde que l'homme subit pour les faire entrer dans celui qu'ils gouvernent ... Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux." Malraux, Les Voix du silence.
B- ART et inspiration.
1- "C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée: il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire oeuvre poétique et de chanter des oracles." Platon, Ion.
2- "C'est pour cela sans doute que le mot génie a été tiré du mot genius, qui signifie l'esprit particulier qui a été donné à un homme à sa naissance, qui le protège, le dirige et lui inspire des idées originales." Kant, Critique du jugement.
3- "L'activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître en tactique ... Toute activité de l'homme est compliquée à miracle, non pas seulement celle du génie; mais aucune n'est un "miracle". Nietzsche, Humain, trop humain.
LIEN |
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CITATIONS PHILOSOPHIQUES |
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LIEN
* "Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse." (Épicure, Lettre à Ménécée)
Dictionnaire des citations (classement par Notions)
On trouvera ici un choix de citations classées selon les notions du programme. Certaines d'entre elles sont commentées dans le Dictionnaire des citations (classement par auteurs). Elles sont précédées d'un astérisque.
La conscience, l'inconscient, le sujet
* "Connais-toi toi-même" (Socrate)
* "La conscience est toujours conscience de quelque chose." (Husserl, Méditations cartésiennes)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)
* "Le moi (...) n'est pas seulement maître dans sa propre maison" (Freud, Introduction à la psychanalyse)
* "L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique." (Freud, La science des rêves)
"Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas." (Lacan, Écrits)
* "Je pense donc je suis" (Descartes, Discours de la méthode)
Autrui
"Le chemin le plus court de soi à soi passe par autrui" (Lavelle)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)
Le désir
* "Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux" (Rousseau, La Nouvelle Héloïse)
"L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin." (Bachelard, La psychanalyse du feu)
L'existence et le temps (et la mort)
* "Le corps est le tombeau de l'âme" (Platon, Cratyle)
* "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant." (Pascal, Pensées)
"La vie est un songe un peu moins inconstant" (Pascal, Pensées)
* "L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes." (Hegel, Encyclopédie)
* "L'homme est un animal métaphysique" (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation)
* "La vie oscille, comme une pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui." (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation)
* "Il ne peut y avoir un système de l'existence." (Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes philosophiques)
* "L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)
* "L'existence précède l'essence" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre." (Sartre, L'Être et le Néant)
* "L'homme est une passion inutile" (Sartre, L'Être et le Néant)
"Si je veux que ma vie ait un sens pour moi, il faut qu'elle en ait pour autrui ; personne n'oserait donner à la vie un sens que lui seul apercevrait." (Bataille, L'expérience intérieure)
* "Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant" (Montaigne, Essais)
* "Qui a appris à mourir, il a désappris à servir" (Montaigne, Essais)
* "On mourra seul" (Pascal, Pensées)
* "La sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie" (Spinoza, Éthique)
* "Se faire tuer ne prouve rien, sinon qu'on n'est pas le plus fort." (Diderot, Nouvelles pensées philosophiques)
* "L'humanité se compose de plus de morts que de vivants" (Comte)
* "La mort n'est jamais ce qui donne son sens à la vie, c'est au contraire ce qui lui ôte toute signification." (Sartre, L'Être et le Néant)
* "Être mort, c'est être en proie aux vivants." (Sartre, L'Être et le Néant)
La nature - La nature et la culture
* "La nature ne fait rien en vain" (Aristote, Métaphysique)
* "Dieu, c'est-à-dire la nature" (Spinoza)
* "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" (Leibniz)
* "L'Univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger" (Voltaire)
* "L'homme est naturellement un animal politique." (Aristote, Politique)
* "A l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme" (Hobbes, Léviathan)
* "L'homme est naturellement bon et c'est la société qui le déprave." (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)
Le langage
* "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire." (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus)
"Le pouvoir est là tapi dans tout discours que l'on tient, fût-ce à partir d'un lieu hors pouvoir." (Roland Barthes, Leçon)
L'art
* "L'art est imitation de la nature" (Aristote)
"Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux / Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux." (Boileau, Art poétique)
* "Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux" (Pascal, Pensées)
* "La réalité est "une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art." (Hegel, Esthétique)
"La vie imite l'art beaucoup plus que l'art n'imite la vie." (Oscar Wilde, Intentions)
* "L'art n'a d'autre objet que d'écarter (...) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité même." (Bergson, Le rire)
"L'art est la magie délivrée du mensonge d'être vrai" (Adorno, Minima moralia)
"L'art ne reproduit pas le visible mais rend visible." (Paul Klee, Théorie de l'art moderne)
* "Le beau plaît immédiatement. Il plaît en dehors de tout intérêt."(Kant, Critique de la faculté de juger)
Le travail et la technique
* "Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon." (Rousseau, Émile ou de l'éducation)
* "L'homme est intelligent parce qu'il a une main" (Anaxagore, Fragments)
* "On ne commande à la nature qu'en lui obéissant" (Bacon, Novum Organum)
* La technique nous rend "comme maîtres et possesseurs de la nature" (Descartes, Discours de la méthode)
* "L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. (Bergson, L'évolution créatrice)
La religion
* "Je crois parce que c'est absurde" (Saint Augustin)
* "Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés" (Montesquieu, Lettres Persanes)
* "L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un." (Diderot, Pensées philosophiques)
* "La religion est l'opium du peuple." (Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit)
* "Dieu est mort" (Nietzsche)
"Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause." (Paul Valéry, Petite lettre sur les mythes)
L'histoire
* "Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé" (Pascal, Pensées)
* "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "La Raison gouverne le monde" (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes." (Marx, Manifeste du parti communiste)
"L'histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout" (Paul Valéry, Regards sur le monde actuel)
La raison et le réel
* "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas" (Pascal, Pensées)
* "Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel" (Hegel, Principes de la philosophie du droit)
Théorie et expérience
* "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" (Héraclite d'Éphèse, Fragments)
* "Des pensées sans matière sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles" (Kant, Critique de la Raison pure)
* "L'homme connaît le monde en le transformant et le transforme en le connaissant." (Marx)
* "Une expérience scientifique est (...) une expérience qui contredit l'expérience commune." (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)
* "Une théorie qui n'est réfutable par aucun évènement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique." (Popper, Conjectures et réfutations)
La démonstration
* "Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de la chose" (Spinoza, Éthique)
L'interprétation
"L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine." (Foucault, Les mots et les choses)
Le vivant
"La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort" (Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort)
La matière et l'esprit
La vérité
* "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" (Socrate)
* "L'homme est la mesure de toute chose" (Protagoras d'Abdère)
"Car je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre." (Anselme, Proslogion)
* L'imagination est "maîtresse d'erreur et de fausseté" (Pascal, Pensées)
" Il viendra un jour où l'humanité ne croira plus, mais où elle saura." (Renan, L'avenir de la science)
* "L'opinion a, en droit, toujours tort." (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)
* "Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont" (Aristote, Métaphysique)
* "Science, d'où prévoyance ; prévoyance d'où action." (Comte, Cours de philosophie positive)
* "L'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elle peut résoudre." (Marx)
"La chance ne favorise que les esprits préparés." (Pasteur)
* "Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible' (Platon, Phédon)
* "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre" (Platon, phrase gravée sur le fronton de l'Académie)
* L'oisiveté est la mère de la philosophie" (Hobbes, Léviathan)
* "Se moquer de la philosophie c'est vraiment philosopher" (Pascal, Pensées)
* "La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule." (Hegel, Principes de la philosophie du droit)
* "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde : il s'agit maintenant de le transformer." (Marx, Thèses sur Feuerbach)
* " La phénoménologie (...) c'est d'abord le désaveu de la science." (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception)
La société et les échanges
* "La propriété, c'est le vol" (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?)
* "Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur être social, c'est leur être social qui détermine la conscience des hommes." (Marx)
"La première règle est la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses." (Durkheim, Les règles de la méthode sociologique)
L'État, la justice et le droit
* "Il faudrait pour le bonheur des États que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes" (Platon, La République)
* "C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir." (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
"L'État est une communauté humaine qui dans les limites d'un territoire revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime" (Max Weber, Le savant et le politique)
* "Commettre l'injustice est pire que la subir, et j'aimerai mieux quant à moi, la subir que la commettre." (Platon, Gorgias)
* "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà" (Pascal, Pensées)
* "Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien" (Rousseau, Du Contrat social)
* "Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites." (Kant, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique)
* "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" (Marx, L'idéologie allemande)
La liberté
* "Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas." (Épictète)
* "Être libre, c'est vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent" (Épictète)
* "Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme" (Rousseau, Du Contrat social)
* "L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté." (Rousseau, Du Contrat social)
* "Aie le courage de te servir de ton propre entendement !" (Kant, Qu'est-ce que les Lumières)
* "L'homme est condamné à être libre" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande." (Sartre, Situations, III)
"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux" (La Boétie, Discours sur la servitude volontaire)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres" (La Boétie, Discours sur la servitude volontaire)
* "La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir." (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire." ( Phrase attribuée à Voltaire)
"Entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit." (Lacordaire, Conférences de Notre Dame)
"Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir." (Tocqueville, L'Ancien régime et la Révolution)
* "Il faut avoir le courage de rompre les chaînes du consentement, qui sont les vraies chaînes." (Alain)
* "Tout peuple qui s'endort en liberté se réveillera en servitude." (Alain, Politique)
* "Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre, par la résistance il assure la liberté." (Alain, Propos d'un Normand)
* "La liberté ne peut être limitée que par la liberté." (Rawls)
Le devoir et le bonheur
* "Nul n'est méchant volontairement" (Socrate)
* "Conscience ! Conscience ! Instinct divin (Rousseau, Émile ou de l'éducation)
* "Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen" (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Il n'y a qu'une chose qu'on puisse tenir pour bonne sans restriction, c'est une bonne volonté." (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Tu dois donc tu peux" (Kant)
"Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine" (Jonas, Le principe de responsabilité)
"Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future de la vie." (Jonas, Le principe de responsabilité)
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LE POUVOIR |
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Le pouvoir
"Dans cette Université de tous les savoirs, il semble que vienne naturellement prendre place une étude du pouvoir. Je suis conscient de ce qu'il y avait de téméraire à la prendre en charge. Il n'est pas, en effet, de discipline scientifique dont l'objet spécifique soit la nature, l'origine et l'exercice du pouvoir, bien que ce phénomène ait suscité depuis longtemps la réflexion de grands esprits. Je doute d'ailleurs qu'une telle discipline ait quelque chance de se former, pour des raisons qui apparaîtront au cours de cet exposé. Rien, en tout cas, ne permet de croire que nous puissions bénéficier des acquis d'un savoir cumulatif. Qu'appelle-t-on pouvoir ? Question préalable, semble-t-il. Mais, pour répondre, il faudrait énoncer un critère qui permette aussitôt de trancher un noeud de représentations dont chacune porte la marque d'une expérience collective. Si l'on veut bien admettre que le pouvoir ne peut se réduire à la domination, à la puissance, au commandement ou à l'autorité, ce n'est pas toutefois sans raison qu'on en reconnaît le signe, soit à la capacité de décider des affaires publiques, soit à celle de disposer des moyens de coercition, soit à celle de commander, soit à celle d'incarner ou de représenter quelque puissance au-dessus des hommes ou bien d'en participer, soit à celle de posséder un savoir-faire qui échappe à l'intelligence commune. Bref, il peut être associé à l'image du prince, du gouvernant, du guerrier, du prêtre ou du magicien. Dans tous les cas, le caractère du pouvoir est lié à celui de l'obéissance, et l'obéissance elle-même implique un certain mode de croyance. D'une domination établie par la force on peut même se demander, comme nous y invitait La Boétie, si elle a jamais pu s'entretenir durablement sans bénéficier d'une "" servitude volontaire "".
CONFERENCE CANAL U LIEN
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