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Le risque cardiovasculaire lié à la consommation de viande, en partie expliqué par des métabolites issus de la digestion

 


 

 

 

 

 

NUTRITION

Le risque cardiovasculaire lié à la consommation de viande, en partie expliqué par des métabolites issus de la digestion

Par Sophie Vanel le 05.08.2022 à 12h37
Lecture 6 min.

Des chercheurs viennent de confirmer le lien entre les molécules produites par des bactéries intestinales après avoir mangé de la viande et un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires. Ces composés chimiques n’expliquent cependant qu’une partie du mécanisme. D’autres facteurs, comme l'insulino-résistance, entrent également en jeu dans ce processus complexe.

Une consommation régulière de viande rouge et de viande transformée favorise les maladies cardiovasculaires. Certains composés issus de la digestion seraient en partie responsables.

ARTUR WIDAK / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
Les maladies cardiovasculaires constituent la principale cause de décès dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Consommer régulièrement de la viande rouge et de la viande transformée, comme la charcuterie, semble être un des multiples facteurs impliqués dans la survenue de ces maladies.

Bien que largement étudiés, les mécanismes physiologiques expliquant le lien entre consommation de viande et maladies cardiovasculaires restent controversés. Jusqu’à présent, les études s’étaient plutôt penchées sur les niveaux de graisses saturées et le cholestérol sanguin pour expliquer le lien entre produits animaux et risques cardiovasculaires. Une nouvelle étude publiée le 1er août 2022 dans la revue Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Biology révèle cependant le rôle du microbiote intestinal dans les liens entre consommation de viande et survenue de maladies cardiovasculaires.
Les chercheurs ont tout d'abord mis en évidence une augmentation significative de 15% d’événements cardiovasculaires chez les personnes qui mangent de la viande rouge cinq fois par semaine ou plus, par rapport aux individus qui en consomment seulement une fois par semaine ou moins. L'étude suggère également que la L-carnitine, un acide aminé très présent dans la viande rouge, joue un rôle relativement important dans cette augmentation du risque.

La L-carnitine et ses métabolites associés à un risque accru
En effet, en digérant la L-carnitine, les bactéries de notre tube digestif produisent des métabolites, dont est issu le N-oxyde de triméthylamine (TMAO). "Après avoir mangé des aliments d'origine animale, nos microbes intestinaux peuvent transformer les nutriments comme la L-carnitine en γ-butyrobétaïne et crotonobétaïne. Chacun d'eux peut être transformé en TMA par nos bactéries intestinales. La TMA peut ensuite être convertie en TMAO par certaines enzymes du foie", explique à Sciences et Avenir Meng Wang, un des auteurs de l'étude.
Les scientifiques ont découvert qu'une plus forte présence de TMAO et de ses métabolites explique environ 8% à 11% des risques de maladies cardiovasculaires associés à la consommation de viande. "Quelques études ont été faites sur le TMAO et les risques cardiovasculaires mais nous n'avions pas le schéma en entier. Cette étude est la première à montrer le chemin complet entre la viande rouge et les maladies cardiovasculaires en passant par le TMAO", affirme auprès de Sciences et Avenir Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’INSERM, extérieur à l'étude.

Augmentation des inflammations et thromboses
Le TMAO serait donc impliqué dans différents mécanismes ayant des conséquences sur le risque cardiovasculaire. Une récente revue de la littérature indique par exemple que ce métabolite augmenterait l'inflammation vasculaire et le risque de thrombose et diminuerait le transport du cholestérol. "Dans les études testées sur les animaux, le TMAO peut favoriser la coagulation du sang et la formation de plaques dans les vaisseaux sanguins", précise Meng Wang.
Mais pour l’instant, les mécanismes exacts conduisant à ces effets restent flous : "Nous ne savons toujours pas si le TMAO est juste un marqueur de l’état général de la santé cardiovasculaire ou une molécule qui agit directement. Pour l’instant nous pensons que c’est un peu les deux", admet Mélanie Deschasaux-Tanguy.

La TMA est produite par le microbiote au moment de la digestion de la L-carnitine, de la choline et d’autres éléments présents dans les produits animaux, en particulier la viande. Elle est ensuite convertie en TMAO dans notre foie. Le TMAO serait impliqué dans la survenue de maladies cardiovasculaires, en augmentant par exemple l’inflammation vasculaire. Crédit : Zhang X, Gérard P. Diet-gut microbiota interactions on cardiovascular disease. Comput Struct Biotechnol J. 2022 Mar 29.

Près de 4000 participants
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont récupéré les données de santé de 3931 états-uniens, hommes et femmes, initialement recrutés de 1989 à 1990 et suivis durant 12 ans en moyenne. Ils étaient tous âgés de 65 ans et plus, la moyenne d’âge tournant autour de 73 ans au moment de l’inclusion. 
A l’époque, les participants ont tous dû répondre à un questionnaire sur leur fréquence de consommation de viande rouge, de viande transformée, de poisson, de volaille et d'œufs, ainsi que sur leur hygiène de vie. Leur état de santé a été évalué au cours du suivi, notamment le développement de maladies cardiovasculaires.
Avec toutes ces données, plusieurs biomarqueurs sanguins liés à la viande, dont le TMAO, ont pu être mesurés par les auteurs de la récente étude, grâce à des échantillons sanguins prélevés au début de l’étude et à nouveau en 1996-1997. Les chercheurs ont réalisé que les produits de nos bactéries intestinales, au moment de la digestion, n’expliquent pas à eux seuls le lien entre consommation de produits animaux et risque cardiovasculaire.

L’insulino-résistance, meilleure indicateur que le TMAO
"Les relations entre TMAO ou ses métabolites et consommation de viande rouge ou transformée sont très modestes, ce que reconnaissent les auteurs. Cela ne plaide guère pour leur valeur de marqueur alimentaire", commente Didier Chapelot, médecin et enseignant-chercheur en physiopathologie de la nutrition humaine à l’Université Sorbonne Paris Nord, extérieur à l'étude.
Il existe en effet d’autres facteurs pouvant expliquer cette association.  Au-delà de ces 8 à 11 %, 90% de l’association viande rouge et maladies cardiovasculaires n’est pas expliquée par le TMAO et les précurseurs associés. Le glucose, l’insuline et la CRP, un marqueur de l’inflammation, expliquent finalement plus ce lien entre viande rouge et maladies cardiovasculaires. "Il semble que même pour la viande, l’insulino-résistance reste l’indicateur biologique majeur sur lequel il faut agir, et ceci peut passer par une multitude de mesures non seulement diététiques mais aussi comportementales comme l’activité physique", précise Didier Chapelot.

Le microbiote est complexe
Il faut également prendre en compte la complexité de notre microbiote : "Il existe une forte variabilité inter-individuelle. Certaines bactéries vont être capables de faire cette transformation de L-carnitine en TMA mais pas toutes. La quantité variable de ces bactéries présentes chez les gens va probablement influencer l’impact que va avoir la L-carnitine sur la production de TMA et le risque cardiovasculaire", ajoute Mélanie Deschasaux-Tanguy.
Pour limiter ce mécanisme, il serait possible d’envisager un traitement qui jouerait sur une modulation du microbiote afin d'éviter de produire du TMAO en excès. "Mais bien sûr, nous pouvons aussi jouer sur la prévention directement. La meilleure piste pour réduire le risque cardiovasculaire lié à la viande étant bien sûr de limiter sa consommation de viande", conseille la chercheuse de l'INSERM.

Plusieurs facteurs à prendre en compte
Il est également important de noter que les maladies cardiovasculaires ne sont pas uniquement expliquées par la consommation de viande. "Les maladies cardiovasculaires sont multifactorielles : l’âge, le tabac, l’alcool ou encore la sédentarité jouent aussi beaucoup", note Mélanie Deschasaux-Tanguy.

Consommer des fruits et légumes, pratiquer une activité physique régulière, dormir suffisamment ou encore adopter un régime à faible index glycémique sont autant de comportements qui permettent de s’assurer une bonne santé cardiovasculaire.

 

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Déchiffrer le code énergétique des cellules pour améliorer les thérapies anticancéreuses

 

 

 

 

 

 

 

Déchiffrer le code énergétique des cellules pour améliorer les thérapies anticancéreuses

COMMUNIQUÉ | 01 DÉC. 2020 - 17H00 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

IMMUNOLOGIE, INFLAMMATION, INFECTIOLOGIE ET MICROBIOLOGIE


Un procédé qui pourrait aider à personnaliser les thérapies anti-cancéreuses vient d’être mis au point par des scientifiques du CNRS, de l’Inserm et d’Aix-Marseille Université au Centre d’immunologie de Marseille Luminy, associés à des collègues de l’Université de Californie à San Francisco et à l’AP-HM, avec le soutien du Canceropôle Provence Alpes Côte d’Azur. Leur technique brevetée1 permet de connaître l’état énergétique des cellules, révélateur de leur activité. Elle est décrite dans la revue Cell Metabolism le 1er décembre 2020.

Les immunothérapies, qui consistent à mobiliser le système immunitaire pour qu’il reconnaisse les cellules cancéreuses et les détruise, sont une approche prometteuse pour lutter contre les cancers2. Néanmoins, l’environnement tumoral peut être hostile aux cellules immunitaires en les privant de leur source d’énergie, ce qui limite l’efficacité de ces traitements (actuellement, seul un tiers des patients répond aux traitements par immunothérapie). L’état énergétique des différents types de cellules immunitaires est ainsi un marqueur de leur activité, et en particulier de leur action pro- ou anti-tumorale. Afin d’augmenter l’efficacité des immunothérapies, il devenait donc indispensable de disposer d’une méthode simple pour caractériser le profil énergétique des cellules immunitaires provenant d’échantillons de tumeurs.

Appelée SCENITH1, la méthode mise au point entre Marseille et San Francisco permet d’identifier les sources d’énergie dont dépend chaque type de cellule présent dans la tumeur, et en particulier les besoins spécifiques des cellules immunitaires dans cet environnement hostile.

Elle utilise comme marqueur de l’état énergétique des cellules leur niveau de synthèse de protéines, ce processus consommant la moitié de l’énergie dans une cellule. L’échantillon prélevé par biopsie est séparé en différents lots, chacun étant traité par un inhibiteur d’une des voies métaboliques permettant aux cellules de produire de l’énergie. Le niveau de synthèse de protéines est ensuite analysé dans un cytomètre de flux3, qui permet en outre de différencier les différents types de cellules présentes dans l’échantillon et d’identifier les marqueurs qu’elles portent à leur surface, cibles des thérapies. Ainsi, la méthode SCENITH permet d’identifier l’état énergétique de chaque cellule de la tumeur, qu’elle soit immunitaire ou cancéreuse, ainsi que les sources d’énergie et les voies métaboliques dont elle dépend.

Les scientifiques ont déjà commencé à collaborer avec des équipes de recherche clinique afin de mieux cerner comment utiliser cet outil pour prédire la réponse des patients aux traitements4. Ils souhaitent accroître les collaborations de ce type afin d’identifier les profils liés aux différentes réponses aux immunothérapies et chimiothérapies. SCENITH a ainsi vocation à personnaliser les traitements en exploitant les forces de la réponse immunitaire et les faiblesses de la tumeur de chaque patient.
 
1 SCENITH: Single Cell ENergetIc metabolism by profilIng Translation inhibition (en français : sonder le métabolisme énergétique à l’échelle de la cellule en observant l’inhibition de la traduction). Brevet PCT/EP2020/060486

2 Récompensée par le prix Nobel de médecine en 2018. Pour en savoir plus sur l’immunothérapie :  https://lejournal.cnrs.fr/

3 Appareil permettant de mesurer les caractéristiques individuelles de chaque cellule telles que leur taille, leur forme, et n’importe quel composant ou fonction qui

4 Lopes N, et al. Metabolism and function of γδ T cell subsets in the tumour microenvironment. Nature Immunology (In press).

Cette étude a notamment bénéficié du soutien du Canceropôle Provence Alpes Côte d’Azur, de l’Institut national du cancer, de la région Sud et d’Inserm Transfert.


Pour plus d´informations :
*         scenith.com
*         Vidéo expliquant le principe de SCENITH.

 

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Le cervelet, une région du cerveau clé pour la socialisation

 

       

 

 

 

 

 

Le cervelet, une région du cerveau clé pour la socialisation

COMMUNIQUÉ | 16 JUIN 2022 - 17H01 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE
 
Situé à l’arrière du crâne, le cervelet est une région du cerveau essentielle au contrôle de la fonction motrice, mais il contribue également aux fonctions cognitives supérieures, notamment aux comportements sociaux. Dans une étude récente, un consortium de recherche international comprenant des scientifiques de l’Inserm, de l’Université de Montpellier, du CNRS, de l’Institut de Neurociències Universitat Autònoma de Barcelone (INc-UAB) (Espagne) et de l’Université de Lausanne (Suisse) a découvert comment l’action d’un neurotransmetteur dans le cervelet, la dopamine, module les comportements sociaux via une action sur des récepteurs à dopamine spécifiques appelés D2R. En utilisant différents modèles de souris et des outils génétiques, les chercheurs et chercheuses montrent que des changements dans les niveaux de D2R, dans un type spécifique de cellules du cervelet, modifient la sociabilité et la préférence pour la nouveauté sociale, sans pour autant affecter les fonctions motrices. Ces résultats, publiés dans le journal Nature Neurosciences, ouvrent la voie à une meilleure compréhension de certains troubles psychiatriques liés à la sociabilité, comme les troubles du spectre autistique (TSA), les troubles bipolaires ou la schizophrénie.

La dopamine (DA) est le neurotransmetteur clef dans le système de récompense du cerveau, impliquée dans le contrôle de la motivation, des états émotionnels et des interactions sociales. La régulation de ces processus repose en grande partie sur l’activation de circuits neuronaux intégrés dans les régions limbiques. Cependant, des preuves récentes indiquent que le cervelet, une région classiquement associée au contrôle moteur, peut également contribuer aux fonctions cognitives supérieures, y compris les comportements sociaux.
Pour aller plus loin et mieux comprendre le rôle du cervelet, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’Université de Montpellier, du CNRS, de l’Institut de Neurociències UAB (Espagne) et de l’Université de Lausanne (Suisse) ont mis en évidence un nouveau rôle de la dopamine au niveau du cervelet, montrant qu’elle module les comportements sociaux chez la souris.

En combinant une analyse transcriptomique[1] spécifique au type de cellule, des analyses par immunofluorescence et de l’imagerie 3D, les chercheurs ont d’abord démontré la présence d’un type particulier de récepteurs de la dopamine (nommé D2R) dans les principaux neurones de sortie du cervelet, les cellules de Purkinje. Grâce à des enregistrements de l’activité neuronale, ils ont pu montrer que les D2R modulaient l’excitation des cellules de Purkinje.
« Cette première série de résultats était déjà déterminante pour nous, car elle dévoilait que les D2R étaient bien présents dans le cervelet, ce qui n’était pas clair jusqu’à ce jour, et que, malgré leur faible niveau d’expression, ils étaient fonctionnels », souligne Emmanuel Valjent, directeur de recherche à l’Inserm et coordinateur de l’étude.

Comprendre le rôle de la dopamine dans le cervelet
Les chercheurs se sont ensuite intéressés à la fonction de ces récepteurs D2R au sein de ces neurones du le cervelet. En utilisant des approches génétiques permettant de réduire ou d’augmenter la quantité des récepteurs D2R sélectivement dans les cellules de Purkinje, ils ont analysé l’impact de ces altérations sur les fonctions motrices et non motrices du cervelet.

Les scientifiques ont ainsi montré qu’il existe une association entre la quantité de D2R qui sont exprimés dans les cellules de Purkinje et la modulation des comportements sociaux.
« Réduire l’expression de ce récepteur spécifique de la dopamine a altéré la sociabilité des souris ainsi que leur préférence pour la nouveauté sociale, alors que leur coordination et leurs fonctions motrices n’ont pas été affectées » explique le Dr Laura Cutando, post doctorante à l’Inserm, aujourd’hui chercheuse à l’UAB, et première auteure de l’article.
Cette étude constitue un premier pas vers une meilleure compréhension du rôle de la dopamine dans le cervelet et des mécanismes sous-jacents aux troubles psychiatriques tels que la schizophrénie, le TDAH et les troubles anxieux, qui ont tous en commun une altération des niveaux de dopamine et des comportements sociaux altérés.
 
[1] La transcriptomique est l’analyse des ARN messagers transcrits dans une cellule, tissu ou organisme, permettant de quantifier l’expression des gènes.

 

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Questionner l’application universelle des tests neurocognitifs

 

 

 

 

 

 

 

Questionner l’application universelle des tests neurocognitifs

COMMUNIQUÉ | 19 JUIL. 2022 - 10H00 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE

Les interactions humaines sont permises par un ensemble de mécanismes neurocognitifs définis par la notion de « cognition sociale ». © Ryoji Iwata /Unsplash

Les interactions humaines sont permises par un ensemble de mécanismes neurocognitifs définis par la notion de « cognition sociale ». Afin de détecter les patients atteints de troubles de la cognition sociale, les spécialistes utilisent des tests d’évaluation validés internationalement. Or, ces tests sont pour la plupart développés dans des pays occidentaux industrialisés, ce qui peut questionner la pertinence de les généraliser à l’ensemble de l’humanité. Une équipe de recherche de l’Inserm, du CHU Lille et de l’Université de Lille au sein du laboratoire Lille Neuroscience & cognition s’est intéressée à l’impact des différences culturelles sur les performances à deux des tests neurocognitifs les plus utilisés à travers le monde, en comparant les résultats de presque 600 participants sains à travers 12 pays. Leur étude, à paraître dans Neuropsychology, pointe des différences notables de performances d’un pays à l’autre et invite à prendre davantage en compte les sciences sociales dans le développement des tests neurocognitifs.

La notion de « cognition sociale » désigne l’ensemble des processus cognitifs (perception, mémorisation, raisonnement, émotion…) qui interviennent dans les interactions sociales. Les troubles de la cognition sociale se retrouvent dans de nombreuses maladies comme la schizophrénie ou la maladie de Parkinson, et dans les troubles neurodéveloppementaux comme l’autisme. Ils sont à l’origine de difficultés interpersonnelles très incapacitantes qui impactent fortement la vie des patients et de leur entourage. Par conséquent, la détection, la qualité de l’évaluation et le traitement de ces troubles représentent un enjeu majeur pour les spécialistes en santé mentale.

Pour évaluer les capacités de cognition sociale et diagnostiquer un éventuel trouble, il existe des tests utilisés internationalement, qui mesurent ce qu’on appelle les « fonctions cognitives », c’est-à-dire les capacités qui nous permettent d’interagir efficacement avec d’autres personnes.

Or, ces tests cognitifs de référence ont, pour la plupart, été développés dans des démocraties occidentales et industrialisées. Leurs « normes » sont par conséquent définies en grande majorité à partir de profils de personnes blanches, aisées et à haut niveau d’éducation. Dans la mesure où ces personnes ne constituent que 12 % de l’humanité, leur surreprésentation dans le développement des tests neuropsychologiques questionne la pertinence de l’application de ces derniers à d’autres populations.
Une équipe de recherche dirigée par le chercheur Inserm Maxime Bertoux au sein du laboratoire Lille Neuroscience & cognition (Inserm/CHU Lille/Université de Lille) a cherché à déterminer si les différences culturelles ont un impact notable sur les résultats aux tests de cognition sociale les plus couramment utilisés. Pour cela, les chercheurs et chercheuses ont réalisé une vaste étude internationale sur 587 participants sains, de 18 à 89 ans, à travers 12 pays (Allemagne, Angleterre, Argentine, Brésil, Canada, Chili, Chine, Colombie, Espagne, France, Italie, Russie). Des neuropsychologues ont soumis les participants à deux types de tests évaluant des capacités considérées comme primordiales dans la cognition sociale.

Le premier, créé au Royaume-Uni, a pour objectif d’évaluer la capacité à décoder les règles sociales et à comprendre l’état mental d’un interlocuteur en demandant aux participants d’identifier dans divers petits scénarii, si l’un des protagonistes commet un « faux pas » social (par exemple, confondre un client avec un serveur dans un restaurant). Le second test, créé aux États-Unis, évalue la capacité à reconnaître les émotions exprimées par le visage d’un interlocuteur, en demandant aux participants d’identifier diverses expressions faciales sur des photographies.
Les résultats de l’étude montrent qu’une part importante des écarts de performance à ces deux tests (environ un quart pour le test du faux pas et plus de 20 % pour le test de reconnaissance des émotions) est à attribuer aux différences de nationalité entre les participants.
Les meilleures performances au test des faux pas sont obtenues par les participants anglais, sans que la traduction littérale de l’anglais vers la langue d’origine des autres participants n’ait d’impact sur les résultats.
Par exemple, 100 % des participants anglais considèrent comme un faux pas de confondre un client et un serveur dans un restaurant contre seulement 65 % des participants canadiens. Ou encore, alors que 100 % des participants anglais considèrent qu’il est normal de céder sa place dans un bus à une personne âgée, 21 % des participants chinois considèrent qu’il s’agit d’un faux pas.

Dans les résultats au test de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles, la comparaison entre les pays révèle que certaines émotions ne sont pas identifiées de manière consensuelle par tous les participants : si les expressions positives comme la joie, sont interprétées sans ambiguïté d’un pays à l’autre, l’interprétation des émotions négatives est beaucoup plus variable. Par exemple, la peur est confondue avec la surprise par la majorité des participants canadiens et brésiliens tandis qu’anglais et argentins n’ont quasiment aucune difficulté à les différencier.
« Cette étude montre que les facteurs individuels et culturels impactent fortement les mesures de cognition sociale, déclare Maxime Bertoux. Au-delà de l’effet de l’âge, du genre et de l’éducation, il y a une influence des concepts locaux, des normes et des habitudes sur la catégorisation des émotions, l’identification des intentions et la compréhension du comportement d’autres personnes. » Ainsi, l’utilisation de tests conçus par des scientifiques américains ou anglais, blancs et aisés, favoriserait la performance des participants issus du même pays, de la même culture et du même niveau social.

« Bien sûr, cela ne veut pas dire que les habitants d’un pays sont meilleurs ou moins bons que ceux d’un autre, précise le chercheur. Notre étude montre qu’un test créé dans un contexte particulier favorise les personnes qui sont familières avec ce contexte. Par exemple, identifier un faux pas requiert de détecter qu’une règle sociale implicite a été brisée, or, les règles sociales fluctuent d’un pays à l’autre. »
Ces résultats questionnent donc l’applicabilité internationale d’un test neuropsychologique conçu et validé dans un pays en particulier pour l’évaluation et le diagnostic des troubles cognitifs.

Dans de prochaines études, l’équipe de recherche souhaiterait enrichir ses données en incluant davantage de participants et de pays – en particulier de régions du monde non représentées dans ces travaux, comme l’Afrique et le Moyen-Orient –, mais aussi en explorant les variations neurocognitives et culturelles au sein même de pays étendus comme la Chine ou le Canada. « Les neurosciences doivent interagir davantage avec les sciences sociales dans la connaissance et la prise en compte des diversités culturelles afin de construire une neuropsychologie plus rigoureuse, pertinente et inclusive », conclut Maxime Bertoux.

 

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