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JOHN FITZGERALD KENNEDY |
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John Fitzgerald Kennedy
Homme d'État américain (Brookline, près de Boston, Massachusetts, 1917-Dallas 1963).
1. Un jeune patricien de Nouvelle-Angleterre
1.1. Le clan Kennedy
Pur produit de l'establishment catholique aux États-Unis, John Fitzgerald Kennedy va accomplir le parcours type d'un fils de famille. L'histoire de son « clan » commence en 1849, lorsque débarque à East Boston Patrick Kennedy, immigrant irlandais. Ce dernier est le père de Joseph Patrick, alias Joe Kennedy, homme d'affaires qui a neuf enfants. John Fitzgerald, le deuxième, est diplômé de Harvard.
Sous l'influence de Joe, les enfants apprennent à rester unis, à former un clan qui se retrouve dans le malheur comme dans le bonheur.
1.2. Un élève médiocre
John suit des études dans les meilleurs établissements d'enseignement : Choate Academy à Wallingford (Connecticut), la London School of Economics, Princeton, enfin Harvard. Ses résultats scolaires et universitaires ne sont pas brillants. En 1937, puis en 1939, son père lui fait visiter l'Europe, et sa thèse de science politique, « Why England Slept » – sujet d'une actualité brûlante – remporte un beau succès de librairie.
1.3. L'officier de marine héroïque
De retour aux États-Unis, John s'inscrit à Stanford, où il ne reste que quelques mois, et part pour l'Amérique du Sud. Quand les États-Unis entrent en guerre, il parvient, malgré une colonne vertébrale fragile, à obtenir un poste de combattant dans la marine ; en 1943, il accomplit un exploit dans le Pacifique en sauvant plusieurs de ses camarades, en dépit de ses propres blessures. Il termine la guerre à l'hôpital et en convalescence.
2. L'ascension politique
2.1. Représentant démocrate de l'État du Massachusetts (1946-1953)
En 1945, la politique l'attire, à moins que son père l'ait convaincu qu'après la mort de l'aîné il se devait de briguer un mandat. De fait, la politique est une passion familiale, et l'esprit de clan n'est pas absent : « Je suis entré dans la vie politique, dira-t-il plus tard, parce que Joe est mort. Si quelque chose m'arrivait demain, mon frère Bobby se présenterait à mon siège de sénateur. Si Bobby mourait, Teddy lui succéderait. » John commence donc par tenter sa chance dans un quartier ouvrier de Boston lors des élections à la Chambre fédérale des représentants. Il dépense sans compter, fait jouer les relations de sa famille, utilise ses amis de Harvard, mène une très efficace campagne et se fait élire.
Réélu en 1948 et en 1950, il fait partie des libéraux et s'oppose, par exemple, à la loi Taft-Hartley.
2.2. Sénateur du Massachusetts (1953-1960)
En 1952, le voilà candidat aux élections sénatoriales ; son adversaire s'appelle Henry Cabot Lodge, un grand nom du Massachusetts, le président du Comité national républicain. Les Kennedy, frères, sœurs et conjoints, se lancent dans la bataille. Si, dans l'élection présidentielle, Dwight David Eisenhower remporte le Massachusetts par plus de 200 000 voix, Lodge, lui, est battu dans l'élection au poste de sénateur. En 1958, contre un rival moins prestigieux, Kennedy sera réélu triomphalement, avec une avance de plus de 870 000 suffrages.
Le sénateur Kennedy se marie en 1953 avec Jacqueline Lee Bouvier (1924-1994), et subit l'année suivante deux opérations délicates, que ses blessures de guerre ont nécessitées. Il profite de sa convalescence pour écrire Profiles in Courage (1956), où il trace le portrait de quelques sénateurs américains. La maladie l'empêche de voter lorsqu'en 1954 Joseph McCarthy est censuré ; sans doute est-il hostile, plus que ses électeurs, aux excès du sénateur du Wisconsin, mais son frère Robert sert quelques mois comme conseil juridique auprès du sous-comité de McCarthy.
Émergence d'une nouvelle personnalité politique
À la fin de l'année 1955, John Fitzgerald Kennedy devient une personnalité de premier plan. Il propose des mesures législatives qui visent à améliorer la condition des travailleurs, mais celles-ci sont rejetées ou modifiées. Il prend la parole sur la limitation des importations de pétrole et de laine, sur l'aide à l'étranger, sur les subventions fédérales aux villes, sur les droits civiques. Dès 1956, il réclame l'indépendance de l'Algérie, critique le président Eisenhower et sa politique chinoise, intervient plusieurs fois dans les débats de politique étrangère.
Vers la présidence des États-Unis…
C'est que John Fitzgerald Kennedy a décidé, dès ce moment-là, de se présenter à l'élection présidentielle. À la convention démocrate de 1956, Adlai Stevenson reçoit l'investiture du parti. Comme candidat à la vice-présidence, John Fitzgerald Kennedy est battu de peu par Estes Kefauver (1903-1963).
Son succès aux sénatoriales de 1958 augmente ses chances ; le 2 janvier 1960, il annonce qu'il sera candidat dans une dizaine d'élections primaires. Il élimine l'un de ses rivaux, Hubert Horatio Humphrey, en remportant la victoire dans le Wisconsin et surtout en Virginie-Occidentale, État foncièrement protestant. Reste le sénateur Lyndon Baines Johnson, qui ne s'est pas présenté aux primaires et qui compte beaucoup d'amis et de partisans chez les démocrates modérés. À la convention de Los Angeles, l'organisation Kennedy, dirigée par Robert, fonctionne parfaitement : John est investi dès le premier tour de scrutin. Songeant au poids politique de Lyndon Baines Johnson, il propose à ce dernier – à la surprise de son propre frère – d'être candidat à la vice-présidence. Lyndon Baines Johnson accepte.
… pour remettre l'Amérique en mouvement
Chez les républicains, le candidat à la présidence est Richard M. Nixon, le bras droit et l'héritier du général Eisenhower. Les sondages lui donnent l'avantage jusqu'à la fin de septembre : les Américains ne paraissent croire que modérément au projet de « Nouvelle Frontière » du démocrate, une invitation à remettre l'Amérique en mouvement ; ils préfèrent Richard M. Nixon, qui possède une certaine expérience du pouvoir.
Puis, dans les dix dernières semaines de la campagne, quatre débats télévisés mettent aux prises les deux adversaires : le charme, l'esprit de repartie, les connaissances précises de John Fitzgerald Kennedy impressionnent, d'autant plus que Richard M. Nixon est particulièrement maladroit. Le lendemain des élections, un avantage de 100 000 voix sur 68 millions de suffrages exprimés donne à John Fitzgerald Kennedy la présidence. Celui-ci a bénéficié du soutien des Noirs, qui ont applaudi l'appui du candidat au pasteur Martin Luther King – alors emprisonné en Géorgie. Il a surtout inspiré confiance à cette Amérique, riche mais inquiète, puissante mais menacée, qui s'incarne dans cet homme de quarante-trois ans.
3. Le 35e président des États-Unis (1960-1963)
3.1. Mille jours pour réussir
Kennedy prévient les Américains : il a fallu cent jours à Roosevelt pour recueillir les premiers fruits du New Deal ; il en faudra mille au nouveau président pour réussir. Comme son illustre prédécesseur, il s'entoure de jeunes collaborateurs, sortis des universités de la côte Est, et attache une importance particulière à la communication politique.
3.2. Politique intérieure : un bilan décevant
Elle vise à atteindre deux objectifs : faire sortir les États-Unis de la récession et stimuler la croissance économique – aider les groupes socio-économiques défavorisés. Or, il est clair qu'en trois ans de pouvoir les résultats ont été médiocres. Certes, 5 milliards de dollars sont alloués à la construction de logements sociaux ; le salaire minimum est porté de 1 à 1,25 dollar par heure ; 400 millions de dollars sont attribués aux régions victimes de la stagnation économique ; les sociétés sidérurgiques qui voulaient augmenter leurs prix, en dépit de la politique anti-inflationniste de la Maison-Blanche, se soumettent à la volonté du président ; enfin, le Trade Expansion Act de 1962 réduit les droits de douane de 50 % et quelquefois de 100 % sur les produits échangés avec le Marché commun.
Échec en matière de relance économique
Mais les échecs sont plus nombreux que les réussites : le projet d'aide fédérale aux écoles, le contrôle de la production du blé, l'assistance médicale gratuite aux personnes âgées (Medical Care), la création au sein du cabinet d'un département des Affaires urbaines et cet allégement fiscal que les conseillers économiques du président jugent indispensable pour relancer l'expansion, toutes ces mesures se heurtent à l'hostilité ou à l'inaction du Congrès.
En effet, si les démocrates sont majoritaires dans les deux Chambres fédérales, ils n'éprouvent pas tous des sympathies pour John Fitzgerald Kennedy ; les conservateurs du Sud, qui détiennent un pouvoir d'autant plus grand que leurs circonscriptions sont « sûres », s'unissent aux républicains pour empêcher le passage d'une législation progressiste. Pourtant, John Fitzgerald Kennedy s'est efforcé de rassurer le monde des affaires : il refuse de suivre une politique de grosses dépenses ; il tâche de redonner confiance dans le dollar.
La lutte pour les droits civiques
Le président fait ce qu'il peut pour tenir ses promesses envers la communauté noire. L'attorney général, Robert Francis Kennedy, est actif ; il protège les « Freedom Riders », ces libéraux blancs et noirs qui se rendent dans le Sud en autocars pour abattre directement et immédiatement les dernières traces de la ségrégation. En novembre 1962, il est interdit de procéder à une discrimination raciale dans les logements construits ou achetés avec des fonds fédéraux. La Maison-Blanche emploie la force pour contraindre l'université du Mississippi à accepter la présence de James H. Meredith, dont la faute impardonnable est d'être le premier étudiant noir à vouloir pénétrer dans cet établissement. En 1963, dans sa campagne en faveur des droits civiques, le pasteur King sait qu'il peut compter sur l'appui du président Kennedy.
Mais celui-ci ne parvient pas à faire voter une nouvelle loi sur les droits civiques. L'opposition d'une partie du Congrès paraît irréductible. Aussi faut-il bien admettre que le programme de 1960 n'est toujours pas, trois ans plus tard, réalisé.
3.3. Politique extérieure : une nouvelle approche
Endiguer l'expansion du communisme dans le tiers-monde
Au début de 1961, la CIA (Central Intelligence Agency) soumet un projet de débarquement à Cuba, qui serait exécuté par des exilés cubains ; les États-Unis fourniraient une aide matérielle et politique. Ce projet, préparé sous la présidence d'Eisenhower, John Fitzgerald Kennedy l'accepte finalement, après avoir beacoup hésité.
Le débarquement a lieu le 17 avril, dans la baie des Cochons. L'échec est total : Fidel Castro capture 1 200 hommes et tire le plus grand parti de cette agression. Les États-Unis sortent de l'aventure affaiblis et ils ont été mis en accusation par l'opinion américaine et internationale. De cette tragique erreur, John Fitzgerald Kennedy a assumé l'entière responsabilité ; il a même consenti à livrer du matériel aux Cubains, malgré l'embargo, pour obtenir la libération des prisonniers.
En mai, il fait voter un crédit de 500 millions de dollars pour aider l'Amérique latine dans le cadre d'une « Alliance pour le progrès ». Créé en mars 1961, le Peace Corps (Corps de la paix)– armée de volontaires qui enseignent des méthodes agricoles dans les régions en voie de développement – contribue à améliorer l'image des États-Unis. Même limités, les résultats de cette politique valent d'être soulignés.
Entre crise et détente avec l'Union soviétique
La seconde crise de Cuba touche aux relations entre l'Union soviétique et les États-Unis. Dès 1961, John Fitzgerald Kennedy se déclare partisan d'une réponse graduelle si les Soviétiques déclenchent une attaque contre l'Ouest ; en conséquence, il accroît les forces conventionnelles. En même temps, il cherche à rattraper le retard que son pays a pris sur l'URSS dans le domaine des expériences spatiales et à gagner la course à la conquête de la Lune.
En juin 1961, il rencontre à Vienne Nikita S. Khrouchtchev : les deux hommes s'entendent sur la neutralisation du Laos, mais ne tombent d'accord sur aucun autre problème. Bien plus, l'Union soviétique déclenche une nouvelle crise à Berlin. John Fitzgerald Kennedy demande alors et obtient du Congrès la mobilisation de 250 000 réservistes ; les Soviétiques préfèrent la prudence et se contenteront, en août, de construire le mur de Berlin.
John Fitzgerald Kennedy, le 22 octobre 1962John Fitzgerald Kennedy, le 22 octobre 1962
Les négociations sur le désarmement progressent peu ; le 31 août, Moscou décide de reprendre ses expériences nucléaires. Les Américains répliquent qu'ils feront de même si un traité d'interdiction n'est pas immédiatement signé. Les Russes refusent. Les relations entre les deux pays se tendent, lorsqu'en octobre 1962 éclate la crise de Cuba. Des photographies aériennes révèlent que l'URSS installe une quarantaine de missiles nucléaires à moyenne portée. Le 22, dans un discours télévisé, John Fitzgerald Kennedy annonce le blocus des côtes cubaines pour tous les bateaux transportant des armes offensives ; mais, en même temps, il négocie avec Nikita S. Khrouchtchev, qui, le 28, s'incline.
Sauvegarder la coexistence pacifique
Les États-Unis viennent de remporter une belle victoire, avec l'aide de leurs alliés. Une étape de la guerre froide s'achève. Russes et Américains s'orientent vers une nouvelle conception de leurs relations : chaque camp sait jusqu'où il peut aller s'il ne veut pas affronter l'autre directement ; tous les deux s'efforcent d'éviter une guerre nucléaire.
En 1963, l'Union soviétique propose que les puissances nucléaires renoncent à leurs essais ; les États-Unis acceptent. C'est que, désormais, la puissance de la Chine hante les imaginations. Les Chinois dénoncent la complicité objective des deux super-grands, qui, selon eux, se partagent le monde aux dépens des autres nations. Aussi s'efforcent-ils de brouiller les cartes.
L'engagement au Viêt Nam
L'Asie du Sud-Est devient un problème brûlant de la politique américaine. En juillet 1962, le Laos est neutralisé à la suite de la conférence de Genève, mais, au Viêt Nam du Sud, le régime de Ngô Dinh Diêm lutte contre des maquis communistes. John Fitzgerald Kennedy envoie des armes, des hélicoptères, des conseillers militaires, des soldats enfin (il y a 16 000 Américains en novembre 1963). Quand Ngô Dinh Diêm est assassiné – quelques jours avant John Fitzgerald Kennedy –, Saigon connaît une période d'instabilité et une vacance de pouvoir qui déroutent les États-Unis. John Fitzgerald Kennedy ne veut pas abandonner cette partie du monde à ce qu'il croit être l'influence chinoise ; sa politique est hésitante et ouvre la voie à toutes les aventures. Il est vrai que la Chine ne fait rien pour rassurer : en octobre 1962, à propos de la question des frontières himalayennes, elle entre en conflit avec l'Inde, que les États-Unis soutiennent.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre du Viêt Nam.
Un « grand dessein » pour l'Europe…
John Fitzgerald Kennedy, le 26 juin 1963, « Ich bin ein Berliner »John Fitzgerald Kennedy, le 26 juin 1963, « Ich bin ein Berliner »
John Fitzgerald Kennedy se préoccupe de l'évolution de la situation européenne. Ses voyages lui donnent, dans cette partie du monde, une popularité qui n'a d'égale que celle de sa femme. Quand il crie à Berlin en 1963 « Ich bin ein Berliner », il devient un héros en Allemagne. Le président veut réaliser un « grand dessein » : unir par des intérêts communs son pays et la Communauté européenne élargie à la Grande-Bretagne. Il imagine une zone de libre-échange qui permettrait aux Américains d'écouler leurs produits et de limiter leurs dépenses militaires.
… contrecarré par le général de Gaulle
Mais la France se montre un partenaire difficile : elle fait exploser sa première bombe atomique en 1960 et refuse en 1963 de signer le traité sur les essais nucléaires ; elle ne ménage pas son appui dans les affaires de Cuba ou de Berlin, mais prend ses distances à l'égard de l'OTAN.
En janvier 1963, le général de Gaulle met son veto à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun et signe un traité de réconciliation avec le chancelier Konrad Adenauer. Quelques mois plus tard, John Fitzgerald Kennedy se rend en Europe pour rassurer l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne sur les intentions de son pays, qui s'engage une nouvelle fois à protéger l'Europe occidentale contre une éventuelle agression soviétique.
4. Le mystère Kennedy
Lee Harvey Oswald, le 21 août 1963, interview radiophoniqueLee Harvey Oswald, le 21 août 1963, interview radiophonique
Sur le trajet de John Fitzgerald Kennedy, en visite à Dallas le 22 novembre 1963, trois coups de feu retentissent. Atteint en pleine tête dans sa limousine, le président s'écroule, aux côtés de son épouse Jacqueline, épargnée par l'attentat. Le 29 novembre 1963, le nouveau président Lyndon B. Johnson crée une commission d'enquête, qui est placée sous la responsabilité du juge Earl Warren, président de la Cour suprême. Dix mois plus tard, le rapport Warren conclue au geste d'un déséquilibré agissant en son nom personnel : Lee Harvey Oswald (1939-1963), qui, peu après, est lui-même abattu par Jack Ruby (1911-1967), dont le mobile n'a jamais été clairement établi.
Aucune hypothèse n'a été écartée pour expliquer le meurtre du président américain. On y a vu tour à tour la main de l'URSS, celle de la Mafia, celle des exilés cubains anticastristes, celle des sudistes d'extrême droite. Les soupçons pesèrent même sur le FBI et sur la CIA. L'une des plus grandes énigmes du xxe siècle n'a jamais trouvé de réponse définitive.
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Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev
Mikhaïl Gorbatchev, 1988
Mikhaïl Gorbatchev, 1988Démission de Mikhaïl Gorbatchev, décembre 1991
Homme d'État russe (Privolnoïe, territoire de Stavropol, 1931).
Premier secrétaire du territoire de Stavropol de 1970 à 1978, il entre à cette date au secrétariat du Comité central du parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), où il est chargé de l'agriculture. Élu membre du Bureau politique en 1980, il devient, après la mort de Konstantine Tchernenko, en mars 1985, secrétaire général du PCUS. À partir d'octobre 1988, il cumule cette fonction avec la présidence du Praesidium du Soviet suprême. En mars 1990, il est élu président de l'URSS par le Congrès des députés du peuple. Soulignant, dès son arrivée au pouvoir, la nécessité pour son pays d'un tournant décisif et dénonçant la stagnation (zastoï) et le dogmatisme de la période brejnévienne, M. Gorbatchev lance une série de réformes qui visent à la restructuration (perestroïka) de la société, à la réforme de l'économie, à la transparence (glasnost) et à la démocratisation.
Pour en savoir plus, voir les articles glasnost, perestroïka.
En politique extérieure, il inaugure un style dynamique et médiatique, multipliant les appels au désarmement. Lors du sommet de Washington (décembre 1987), il signe avec Donald Reagan un accord sur l'élimination des missiles à moyenne portée en Europe. Il ne s'oppose pas aux changements qui affectent l'Europe de l'Est depuis la fin de 1989 et accepte l'unification de l'Allemagne (traité de Moscou, septembre 1990). Perçu par de nombreux Occidentaux comme le libérateur de l'Europe de l'Est, le champion du désarmement et l'initiateur d'une révolution non violente, il se voit attribuer le prix Nobel de la paix en 1990. Au même moment, la situation économique désastreuse, la montée des tensions interethniques et des revendications indépendantistes des républiques conduisent M. Gorbatchev à se rapprocher des conservateurs. Il apparaît dès lors à beaucoup de Soviétiques comme le représentant et le défenseur d'un système en faillite. En décembre 1990, M. Gorbatchev renforce ses pouvoirs présidentiels et s'entoure d'une nouvelle équipe conservatrice, qui tente de le renverser par un coup d'État (19-21 août 1991). L'échec de cette tentative de reprise en main provoque le démantèlement de l'URSS. Les réformateurs, avec à leur tête Boris Ieltsine, composent désormais la principale force politique. Rétabli dans ses fonctions, M. Gorbatchev démissionne du secrétariat du PCUS (24 août), qui est suspendu deux jours après. Plaidant pour la constitution d'une nouvelle Union d'États souverains qui garantisse le maintien d'un système commun de défense et d'échanges économiques, M. Gorbatchev se fait déposséder de tout pouvoir par les présidents des Républiques qui décident la disparition de l'URSS et la constitution, en décembre, d'une Communauté des États indépendants (CEI).
Sa participation à l'élection présidentielle de Russie en juin 1996, se solde par un grave échec avec moins de 1 % des voix.
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KHROUCHTCHEV |
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Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev
Homme d'État soviétique (Kalinovka, province de Koursk, 1894-Moscou 1971).
Les origines
Né aux confins russo-ukrainiens, Nikita Khrouchtchev est d'origine modeste. Il ne reçoit pas d'éducation secondaire et passera pour ne pas savoir lire à l'âge de dix-sept ans. D'abord berger, il travaille ensuite comme ouvrier, puis comme mineur dans le bassin du Donets. En 1918, il entre dans la garde rouge de Iouzvka (aujourd'hui Donetsk) et rejoint le parti communiste.
Inscrit pendant trois ans aux cours de la faculté ouvrière, puis, de 1929 à 1931, à l'académie industrielle de Moscou, Khrouchtchev bénéficie des conditions de l'époque postrévolutionnaire, marquée par un recrutement intensif des cadres. Il suit la carrière d'un petit apparatchik (secrétaire de cellule, puis secrétaire de district) et se montre un fonctionnaire modeste et sérieux. L'époque des purges staliniennes crée de nombreux vides dans l'appareil du parti : il devient alors le protégé et l'adjoint, puis, en 1935, le successeur de Lazar Moisseïev Kaganovitch à la tête du parti communiste de la région de Moscou.
D'un premier mariage, il a une fille et un fils, qui mourra comme aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. D'un second mariage avec Nina Pretrovna, il aura un fils et une fille.
En 1938, Khrouchtchev devient secrétaire du comité central du parti communiste de la république d'Ukraine, où il applique la politique stalinienne d'épuration et de russification. Les services qu'il rend lui permettent de devenir suppléant au bureau politique du parti communiste de l'Union soviétique, puis membre titulaire en 1939. Il est alors pleinement stalinien et entonne avec les autres dirigeants les louanges du « phare et guide de l'humanité progressiste » (article de Khrouchtchev dans la Pravda de 1937).
La montée vers le pouvoir
Nikita Khrouchtchev, mars 1946Nikita Khrouchtchev, mars 1946
Après la conquête de l'Ukraine par l'Allemagne nazie, Khrouchtchev organise un groupe de partisans, devient général et remplit les fonctions de commissaire politique pendant la bataille de Stalingrad. Revenu à Kiev après la victoire contre l'Allemagne, il prend avec Kaganovitch la responsabilité de la reconstruction de la république d'Ukraine (1945 à 1949), puis il retourne à Moscou, où il réintègre le secrétariat du parti pour la capitale. Il devient alors secrétaire du comité central. En 1951, il se heurte à Malenkov en proposant le regroupement des kolkhoses : son projet est repoussé par la direction du parti.
Le 5 mars 1953, Staline meurt. Molotov, Beria et surtout Malenkov, l'adversaire de Khrouchtchev, sont les mieux placés pour la succession. Après une courte période où Beria exerce le pouvoir (il est destitué en juin, arrêté en juillet et exécuté le 23 décembre 1953), c'est Malenkov, président du Conseil des ministres d'U.R.S.S., qui devient le numéro un soviétique. Et, dès le 29 mars, Khrouchtchev a abandonné son poste à la section régionale moscovite pour se consacrer au secrétariat général du parti, alors que Malenkov a quitté sa place au comité central le 14. Khrouchtchev est désormais le maître de l'appareil du parti, alors que Malenkov tient l'appareil d'État. Or, l'expérience stalinienne a prouvé la suprématie de l'appareil du parti sur celui du gouvernement : les cadres du parti, exilés en province par la nouvelle direction officielle, deviennent les soutiens de Khrouchtchev. À la session de septembre du comité central, il devient premier secrétaire du parti communiste de l'U.R.S.S.
De la fin 1953 à 1955, Khrouchtchev renforce la puissance de l'appareil du parti. Il l'emporte ainsi sur Malenkov, qui démissionne en 1955 et est remplacé par N. A. Boulganine.
La déstalinisation et la politique intérieure
Khrouchtchev avait été un fidèle stalinien, et les débuts de la déstalinisation s'étaient faits contre lui : dès mars 1953, Beria annulait les dernières mesures de Staline. Malenkov mettait l'accent sur la production des biens de consommation, alors que Khrouchtchev restait fidèle à la doctrine stalinienne de priorité à l'industrie lourde.
Mais, arrivé au pouvoir, Khrouchtchev va être l'homme de la déstalinisation. Il a déjà critiqué, en septembre 1953, la politique agricole stalinienne. Mais c'est au XXe Congrès du parti communiste de l'Union soviétique, en présentant en séance secrète son rapport sur le culte de la personnalité et ses dangers, qu'il lance véritablement l'attaque (1956). Ce rapport est la première reconnaissance officielle de ce que recouvrait la dictature de Staline. L'ensemble des partis communistes se trouve d'un seul coup plongé dans un débat sans précédent. Il semble bien que ce soit vraiment la fin de l'ère stalinienne.
En Europe orientale, la critique du stalinisme déclenche la tempête. La révolte hongroise (1956) contraint l'U.R.S.S. à l'intervention armée, car la critique du stalinisme ne doit pas amener la fin de l'hégémonie soviétique. Le responsable du désordre est alors quelque peu mis à l'écart ; Molotov et Malenkov reprennent l'essentiel du pouvoir.
Mais, avec l'appui de certains partis communistes (dont le P. C. chinois), Khrouchtchev rétablit sa position. Il réorganise la vie intérieure de l'U.R.S.S., faisant sauter les verrous staliniens : il développe les biens de consommation, se fait l'apôtre de la croissance, du bien-être ; il préside à une refonte de l'administration, assouplissant la vieille machine stalinienne. Il lance une politique agricole ambitieuse de « conquête des terres vierges » (depuis 1954), qui sera un échec retentissant, contraignant pour de longues années l'U.R.S.S. à acheter du blé à l'Amérique du Nord. Enfin, il commence la conquête de l'espace (lancement du premier « Spoutnik » en octobre 1957) et allège les contraintes qui pèsent sur les intellectuels et les artistes (publication des œuvres de Soljenitsyne).
La coexistence pacifique
En juin 1957, les adversaires de Khrouchtchev, qui forment, réunis, la majorité au Praesidium du Comité central, tentent de l'éliminer. Khrouchtchev convoque alors le Comité central et fait condamner la majorité du Praesidium comme « groupe antiparti ». Le 27 mars 1958, il devient chef du gouvernement à la place de Boulganine. Pendant environ six années, son autorité bruyante et pleine d'imprévus sera incontestée.
Il lance alors une politique étrangère qui rompt totalement avec l'isolationnisme stalinien. Depuis 1948, la Yougoslavie a été exclue par Staline du camp socialiste. Dès mai 1955, Khrouchtchev s'est rendu à Belgrade. En 1955 et 1956 sont signées avec Tito les déclarations de Belgrade et de Moscou normalisant les rapports entre les deux pays. Mais Khrouchtchev, par un énergique ultimatum lors de l'expédition franco-anglaise contre Nasser (1956), a aussi montré sa force. Avec lui, l'U.R.S.S. s'implante dans le tiers-monde : au Proche-Orient, mais aussi à Cuba. En dépit de la crise permanente de Berlin (1953-1961), il multiplie les voyages à l'étranger, utilisant largement la télévision, répandant une nouvelle image de l'U.R.S.S. Il va aux États-Unis, où il remporte un immense succès, en Angleterre et en France. Il participe aux conférences au sommet à Genève (1955), à Paris (1960), à la session de l'O.N.U. en 1960, où il frappe sur la table avec son soulier, déclenchant un scandale. Il prend part à la conférence de Vienne en 1961. Au XXIIe Congrès du parti communiste de l'Union soviétique (1961), il renouvelle ses attaques contre Staline. En dépit d'une certaine remontée du néostalinisme dans l'appareil, sa position semble solide.
John Fitzgerald Kennedy, le 22 octobre 1962John Fitzgerald Kennedy, le 22 octobre 1962
Certes, la crise de Cuba en octobre 1962, où l'U.R.S.S. est obligée de reculer devant les États-Unis en enlevant ses fusées de l'île, porte un coup à son prestige. Mais, grâce à ses entretiens avec les présidents Kennedy et Johnson, Khrouchtchev peut continuer à se présenter comme l'artisan de la paix dans le monde par la coexistence pacifique. En 1963 est signé le traité sur la limitation des expériences nucléaires.
Depuis 1959, cependant, Khrouchtchev s'est brouillé avec la Chine : la critique de Staline (dont le corps est retiré du mausolée lors du XXIIe Congrès) et surtout la stratégie de coexistence pacifique, où la victoire du socialisme devient l'enjeu d'une concurrence économique avec le capitalisme, sont pour les Chinois le signe de l'abandon d'une position révolutionnaire. Khrouchtchev leur apparaît comme l'homme qui a renoncé à l'espoir d'une victoire du socialisme par le soutien aux révolutions.
La chute
De plus en plus coupé de la réalité russe (il s'absente longuement de Moscou), atteint par les échecs de la politique agricole et par la reculade de Cuba, Khrouchtchev est contraint en octobre 1964 de présenter sa démission de secrétaire général du parti communiste de l'Union soviétique et de président du Conseil. Dès lors, il vivra dans une retraite absolue.
Son activité brouillonne et contradictoire est alors ouvertement critiquée, ainsi que sa manière très personnelle d'exercer le pouvoir. Les libéraux lui reprochent d'avoir gâché les chances de la déstalinisation par les incohérences de sa politique. L'appareil du parti lui préfère des hommes plus effacés, Kossyguine et Brejnev. Il meurt le 11 septembre 1971, d'une maladie du cœur. Ses obsèques, discrètes, se déroulent en l'absence de tout représentant du parti.
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télévision
(anglais television)
Fonctionnement de la télévision en couleurs
Cet article fait partie du dossier consacré à l'information et du dossier consacré à la lumière.
Application de ce procédé pour la transmission au grand public de programmes visuels, avec les sons associés, ou dans le domaine industriel, scientifique, médical.
TECHNIQUE
La transmission des images et des sons
Le mot « télévision » évoque d'abord la diffusion d'émissions par ondes hertziennes ou leur distribution par câble. Or, cette technique permet aussi soit de visualiser instantanément une image sur un écran, soit de la transmettre à distance, soit encore de l'enregistrer sur une bande magnétique. La télévision trouve ainsi de nombreuses applications telles que la télésurveillance : surveillance à distance de travaux ou de manœuvres (plates-formes pétrolières en mer), de locaux (banques), d'espaces extérieurs (pistes d'aéroport), et la télécommunication : transmission d'images issues de milieux inaccessibles (certaines interventions chirurgicales, travaux effectués à des températures élevées ou sous atmosphère hostile), etc.
La chaîne d'opérations nécessaires à la radiodiffusion de la télévision doit assumer trois fonctions : la production (c'est-à-dire la fabrication) du programme, rôle dévolu au centre de production ; la diffusion vers les téléspectateurs, assurée soit par réseau terrestre, soit par satellite ; la réception, qui consiste à transformer l'onde hertzienne reçue en images et en sons.
Dates clés de la télévision
DATES CLÉS DE LA TÉLÉVISION
1926 Première démonstration de télévision en couleurs par le Britannique John Logie Baird.
1931 Le Français René Barthélemy fait la première démonstration publique de son système de télévision à 180 lignes.
1934 L'Américain Vladimir Zworykin présente son iconoscope, qui permet d'analyser une image selon un balayage de 450 lignes.
1937 Premier reportage télévisé en direct, lors de l'Exposition internationale, à Paris.
1938 Diffusion depuis la tour Eiffel d'émissions régulières de télévision (455 lignes).
1951 La Columbia Broadcasting System (CBS) fait à Paris une démonstration de télévision en couleurs.
1952 Retransmission dans cinq pays du couronnement de la reine d'Angleterre Élisabeth II.
1956 Présentation du magnétoscope par la société américaine Ampex.
Brevet du procédé de télévision en couleurs SECAM, mis au point par les Français Henri de France et Henri Peyrolles.
1962 Échange d'images entre les États-Unis et l'Europe par le satellite américain Telstar (première liaison transatlantique de télévision par satellite).
1969 Premiers pas de l'homme sur la Lune retransmis en direct en Mondovision.
1981 Première présentation d'un concept de télévision haute définition par les Japonais à San Francisco.
1991 Mise en service, au Japon, de la 1re chaîne de télévision à haute définition (Hi-Vision).
1994 Élaboration d'une norme internationale de compression des images animées (MPEG 2).
1997 Premiers bouquets diffusés par satellite.
Comment fonctionne la télévision hertzienne
Fonctionnement de la télévision en couleurs
Fonctionnement de la télévision en couleurs DéviateurTélévision, tube image trichrome
Ce sont les limitations de la vision humaine qui ont conduit au système d'analyse et de synthèse d'une image. L'œil perçoit simultanément tous les points constituant une image. Or, il n'est pas possible de transmettre instantanément tous ces points ; la transmission ne peut être que séquentielle. Mais, à cause de la persistance rétinienne, l'œil ne peut distinguer deux illuminations successives espacées de moins de 1/20 de seconde. On fait donc se succéder pendant une seconde un nombre suffisant d'images (25 en Europe, 30 aux États-Unis et au Japon). Par ailleurs, l'œil ne peut pas séparer deux points dont la distance angulaire est inférieure à une minute, ce qui permet de limiter le nombre d'informations à transmettre. L'analyse de l'image s'effectue en lignes horizontales, au nombre de 625 en Europe et de 525 aux États-Unis et au Japon. Les signaux de synchronisation, ajoutés au signal d'image, sont de deux natures : les « tops lignes », pour le retour horizontal, et les « tops trames », pour le retour vertical.
Une image couleur est décomposée en trois images, respectivement rouge, verte et bleue. Les signaux correspondants R, V et B sont transformés en trois composantes, la luminance Y (dégradé du noir au blanc), pour être compatibles avec les récepteurs noir et blanc, et deux composantes de couleur R-Y et B-Y constituant la chrominance.
Ces composantes ont des caractéristiques différentes. En effet, l'œil est beaucoup plus sensible aux variations de luminance qu'aux variations de couleurs. Les bandes de fréquence nécessaires s'étendent de 0 à 6 MHz pour la luminance et de 0 à 1,5 MHz pour la chrominance. En production, deux solutions sont possibles : soit constituer un signal unique, dit « composite » (PAL [Phase Alternative Line], SECAM [système séquentiel à mémoire] ou NTSC [National Television System Committee]), soit conserver ces composantes séparées pour obtenir, après divers traitements, la meilleure qualité possible.
Le centre de production
Caméras
Caméra de télévision couleur
Le studio de production est constitué de deux parties. D'une part, le plateau, où se produisent les présentateurs, comédiens, chanteurs, dans des décors appropriés ; il est équipé des microphones et des caméras nécessaires à la prise de son et à la prise de vues. D'autre part, la régie, dans laquelle mélangeurs images et mélangeurs son servent à réaliser les mixages et les enchaînements des sources. Le mélangeur images traite soit des signaux composites (dans le système PAL), soit des signaux composantes (Y, R-Y, B-Y). Associé au mélangeur images, le truqueur numérique permet, après avoir mémorisé une image, de lui faire subir différents traitements : rotation, zoom avant ou arrière, renversement d'image, etc.
Les autres matériels sont regroupés dans une salle des équipements, climatisée en général. Les magnétoscopes reçoivent un signal vidéo soit en composite (PAL, SECAM) et enregistré sur une piste, soit en composantes enregistrées sur deux pistes, l'une pour la luminance Y, l'autre pour la chrominance (successivement R-Y et B-Y). Le second procédé, plus récent, évite les interférences entre luminance et chrominance. Le télécinéma sert à transformer l'image présente sur un film en un signal vidéo. La régie de postproduction comprend un pupitre de montage qui pilote deux (ou plusieurs) magnétoscopes en lecture et un en enregistrement afin de réaliser les enchaînements souhaités. On leur associe un truqueur numérique, un générateur de caractères (titres sur image) et une palette graphique, véritable outil électronique de dessins (certaines palettes peuvent réaliser des animations).
Tous les signaux transitent par le « nodal » : liaisons internes au centre de production, arrivées de l'extérieur (reportage), départ vers les émetteurs.
Les réseaux de diffusion et de transmission
Télécommunication à grande distance
Télécommunication à grande distance Diffusion de la télévision
Les signaux image et son sont « transportés » par des ondes électromagnétiques qui se propagent en espace libre jusqu'aux récepteurs. La fréquence de ces ondes doit être incluse dans les bandes de fréquences réservées à la diffusion terrestre : ondes métriques (O. m) de 174 à 230 MHz, ondes décimétriques (O. dm) de 470 à 860 MHz.
Les émetteurs de diffusion de forte puissance (50 kW) ont une portée maximale de l'ordre de 100 km. Pour assurer une couverture nationale, il est nécessaire d'utiliser un réseau d'émetteurs (une centaine pour un pays comme la France). Des obstacles naturels (montagnes) ou artificiels (immeubles), ainsi que des interférences entre des signaux émis (échos), limitent la couverture d'un pays. Des réémetteurs, équipements de faible puissance (1 W à 250 W), alimentent les zones d'ombre et de brouillage. Très nombreux en montagne, ils complètent la couverture recherchée (il y en a 3 000 dans un pays comme la France).
Le réseau de transmission terrestre (faisceaux hertziens) assure le transport des signaux image et son du centre de production aux émetteurs (liaisons directives de point à point : 52 000 km pour le réseau français). Ce transport peut aussi être réalisé par une liaison satellite de télécommunication, d'un point (centre de production) à de nombreux points (centres de diffusion). Le réseau de transmission terrestre est utilisé pour acheminer des reportages, retransmissions en direct des régions vers le centre de production national ou entre plusieurs centres régionaux. Un réseau de transmission international mixte (faisceaux hertziens et satellites) permet des échanges dans le cadre de l'U.E.R. (Union européenne de radiodiffusion). Les réseaux câblés distribuent les programmes de télévision nationaux et internationaux en zones urbaines et, à terme, en zones rurales. Les émissions des satellites de diffusion directe peuvent être captées avec des antennes de faible dimension.
Antennes, propagation et réception
Antenne parabolique
Antenne paraboliqueTélévision, analyse de l'image par balayage
Une antenne élémentaire (doublet), permettant d'émettre des ondes, est constituée de deux tiges de gros diamètres placées bout à bout et dont la longueur totale est une demi-longueur d'onde. Le diagramme de rayonnement (répartition dans l'espace de la puissance émise) est un tore dont l'axe est parallèle à celui du doublet. Plusieurs doublets placés devant un plan réflecteur constituent un panneau directif. Plusieurs panneaux, placés sur chaque face d'un pylône, constituent l'antenne d'émission. Le retard entre les signaux appliqués à chaque panneau ainsi que leur puissance permettent de façonner le diagramme de rayonnement en fonction de la zone à couvrir. Les ondes métriques et décimétriques se propagent en ligne droite ; elles ne franchissent pas les obstacles. Les antennes d'émission sont donc placées au sommet des montagnes ou des pylônes. Ces ondes se réfléchissent sur les obstacles (montagnes, immeubles) et créent des échos sur l'image. Le récepteur sélectionne le signal radiofréquence correspondant au programme choisi. Après transposition dans une bande de fréquence plus faible (F.I., fréquence intermédiaire), les signaux image et son sont démodulés. Les signaux composites (PAL ou SECAM) sont décodés puis appliqués, avec les tops de synchronisation, au tube cathodique.
Les antennes paraboliques servent à recevoir les programmes de télévision directe.
Les nouveaux systèmes de télévision
La télévision à haute définition (T.V.H.D.)
Écran plat
Les recherches en vue d'améliorer la qualité des images, notamment sur les écrans de grandes dimensions, ont conduit à la télévision à haute définition (T.V.H.D.), dont les images ont un nombre de lignes et un nombre de points par ligne bien plus importants ainsi qu'un format parfaitement adapté à la diffusion de films cinématographiques (rapport largeur/hauteur de 16/9), contrairement à celles des systèmes classiques (rapport largeur/hauteur de 4/3). Alors que la définition d'une image de télévision standard est aujourd'hui de 720 x 576 (576 lignes et 720 pixels par ligne), celle d'une image de télévision haute définition est de 1 280 x 720 (720 lignes, 1 280 pixels par ligne) au format 720p (à balayage progressif) et de 1 920 x 1 080 (1 080 lignes, 1 920 pixels par ligne) au format 1 080i (à signaux entrelacés, chaque trame ne comportant que la moitié des lignes).
De plus en plus de téléviseurs haut de gamme bénéficient d'un écran panoramique (à plasma ou LCD), au format 16/9. Associés à une chaîne haute-fidélité assurant une excellente restitution de tous les effets sonores, ils permettent de recréer à domicile l'ambiance d'une salle de cinéma (home cinéma ou cinéma à domicile).
La télévision numérique
Télévision numérique
Les systèmes de télévision classiques sont des systèmes analogiques, où la modulation du signal vidéo est proportionnelle à celle des intensités lumineuses balayées par le faisceau d'électrons. L'évolution technologique en cours conduit au développement de la télévision numérique, fondée sur le principe non pas de la variation continue de l'intensité lumineuse des lignes mais de la mesure de l'intensité de chaque point. La valeur du signal est découpée, échantillonnée en une succession d'impulsions, exprimées en nombres binaires et qui restent identiques quelles que soient les variations intervenues dans le signal premier. Le système numérique permet l'obtention d'un signal très stable, facilite le transcodage, offre de multiples possibilités de composition, dont les images de synthèse.
L'avènement de la télévision numérique provoque un bouleversement du paysage audiovisuel mondial. En effet, grâce aux techniques de compression numérique des images, il devient possible de diffuser plusieurs programmes (de 4 à 12 suivant la qualité de l'image et le type de programme) sur un même répéteur de satellite ou sur un même canal hertzien ou câblé. Il en résulte une multiplication des chaînes et des services : chaînes thématiques, programmes interactifs, téléachat, jeux vidéo ou éducatifs, formation professionnelle, systèmes de réservation, etc. La diffusion numérique engendre alors de nouveaux modes de consommation de la télévision, fondés sur l'interactivité ; la télévision de flux cède peu à peu la place à une télévision de stock, constituée de banques de programmes audiovisuels dans lesquelles le téléspectateur vient puiser selon ses centres d'intérêt.
Équipé d'un décodeur, intégrant un disque dur destiné à la sauvegarde de programmes (ce qui remplace le magnétoscope) et d'un modem relié à une ligne téléphonique, le téléviseur de la nouvelle génération se transforme en terminal intelligent. Cette intelligence repose pour l'essentiel sur un guide électronique de programmation qui tient compte du profil de chaque utilisateur (âge, sexe, passions, disponibilités horaires…), donnant ainsi accès à une véritable télévision à la carte.
La télévision numérique diffusée par voie hertzienne, ou télévision numérique terrestre (T.N.T.) s'inscrit dans le mouvement général de numérisation des technologies de l'information et de la communication. Elle vient compléter l'offre numérique offerte par le satellite, le câble et maintenant l'ADSL. À terme, la T.N.T. a vocation à se substituer à la diffusion analogique. Cette dernière pourra alors être arrêtée, ce qui libérera d'importantes ressources en fréquences pour de nouveaux services ou de nouveaux usages. En France, l'extinction de la télévision analogique a commencé à Coulommiers, le 4 février 2009, et doit progressivement s'étendre à tout le territoire métropolitain d'ici le 30 novembre 2011. Pour recevoir les 18 chaînes numériques gratuites, les foyers devront alors être équipés soit d'un adapteur T.N.T. branché sur le téléviseur, soit d'un nouveau téléviseur intégrant la T.N.T.
En France, deux normes de compression numérique ont été retenues pour la T.N.T. : pour la diffusion de chaînes gratuites (inaugurée le 31 mars 2005), la norme MPEG 2, déjà utilisée notamment pour les DVD ; pour la diffusion de chaînes payantes (depuis le 1er septembre 2005) et pour certains programmes en haute définition (depuis le 30 octobre 2008), la norme MPEG 4, qui permet globalement de diviser par deux le débit de données nécessaire pour la numérisation des images animées sans perte notable de qualité, et qui autorisera, à terme, le passage à la télévision à haute définition.
La télévision sur Internet
Un nombre croissant de sites Web produisent et diffusent des émissions de télévision interactive sur Internet. Ces « Web-TV » viennent concurrencer l'offre des bouquets de chaînes de télévision traditionnelles. Les données associées (textes, photos, etc.) complètent l'émission, elle-même diffusée en direct ou consultable à la demande, sans contrainte horaire. Les réseaux à haut débit devraient accélérer la croissance de ces nouveaux opérateurs de télévision dont les grilles de programmes thématiques s'adressent pour l'essentiel à des communautés de « télénautes » animés par une même passion. À terme, la convergence des techniques de diffusion devrait donner naissance à une génération de terminaux communs aux deux mondes de l'Internet (donc, de l'ordinateur personnel) et de la télévision.
La télévision sur téléphone mobile
En expérimentation depuis 2005, la télévision sur téléphone mobile (ou télévision mobile personnelle [TMP] ) suscite un indéniable engouement à travers le monde. L’arrivée de technologies de diffusion de masse, tel que le standard DVB-H (Digital Video Broadcasting-Handheld), contribue à accélérer le développement de ce mode de télévision nomade. Mais, en France, où des fréquences ont été attribuées à 16 chaînes, le lancement effectif de ce mode de télévision nomade a dû être différé, faute d'un accord entre les différents acteurs sur le modèle économique à appliquer, et il n'est attendu qu'en 2010.
MÉDIAS
Le système télévisuel : de l’analogique au numérique
La télévision est la transmission et la réception par voie électrique d’images et de sons de sujets fixes ou mobiles. Le récepteur de télévision, ou téléviseur, dont l’origine remonte aux recherches du physicien Michael Faraday dans les années 1830, a été mis au point au début du xxe siècle, essentiellement à partir de l’utilisation du tube cathodique. Les antennes hertziennes, le câble et les transmissions satellitaires ont successivement été employés pour la distribution des images. Les premières émissions datent des années 1930, mais la Seconde Guerre mondiale a enrayé le développement des programmes si bien que l’explosion de la production ne se produit qu’au cours des années 1950 dans les pays occidentaux, au cours des années 1980 dans le reste du monde. La libéralisation et la multiplication des chaînes sont allées de pair, comme dans le cas français.
De multiples innovations techniques ont bouleversé le système classique télévisuel (analogique) en rendant les attentes plus fortes et plus sélectives : apparition de la télécommande, de la vidéo puis du DVD, élargissement des écrans au profit du format 16/9, apparition de la télévision haute définition, combinaison de la télévision et de la hi-fi afin de rendre l'ambiance d'une salle de cinéma (home cinéma ou cinéma à domicile), etc. Mais c’est le big bang récent des technologies numériques qui modifie le plus en profondeur les conditions de production, de distribution et de réception des programmes (télévision numérique hertzienne ou terrestre [T.N.T.]).
La télévision française
Le monopole de l'État sur les ondes a été institué dès 1927 pour la radiodiffusion, au nom de l'objectivité et de l'intérêt général.
Les mutations du statut
Les réformes du statut de la radiotélévision française se sont succédé, au rythme des changements politiques les plus importants :
– en 1964, création de l'Office de la radiodiffusion-télévision française (O.R.T.F.) ;
– en 1968, assouplissement de la tutelle du ministère de l'Information ;
– en 1969, création de rédactions autonomes pour chacune des deux chaînes ;
– en 1974, fin de l'O.R.T.F. et institution de sept sociétés distinctes ;
– en 1982, suppression formelle du monopole de programmation et création d'une Haute Autorité ;
– en 1986, remplacement de la Haute Autorité par la Commission nationale de la communication et des libertés (C.N.C.L.) ;
– en 1989, remplacement de la C.N.C.L. par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (C.S.A.).
Le P.A.F.
Le paysage audiovisuel français (P.A.F.) se compose de chaînes publiques et de chaînes privées. Depuis 2009, France Télévisions est une entreprise unique chargée de concevoir et de programmer les services qui étaient jusqu'à présent édités par les sociétés France 2, France 3, France 4, France 5 et Réseau France Outre-mer (R.F.O.). L'ancienne première chaîne de télévision, TF 1, a été privatisée dès 1987. Également privé, Canal Plus fut en 1984 la première chaîne à fonctionner par abonnement et avec décodeur. Une autre chaîne privée non cryptée, M6, diffuse sur le territoire national. Arte est une chaîne européenne.
Les chaînes thématiques (cinéma, sport, musique, voyages, séries…) sont des chaînes payantes, généralement transmises par le câble ou par satellite (bouquets de programmes).
En 2005, la télévision numérique terrestre (T.N.T.) a fait son apparition dans les foyers. Moyennant l'usage d'un décodeur, elle donne accès à de nombreuses chaînes gratuites. Depuis 2006, France 24 – une chaîne d'information internationale en continu – est transmise par le câble et par satellite.
Entre monopole et système commercial
Dans la plupart des pays européens, le développement de la télévision s’est fait selon le principe du service public. La France illustre bien ce principe puisqu’elle institue dès 1927 le monopole de l'État sur les ondes pour la radiodiffusion. L’organisme chargé de gérer les chaînes de télévision est la RTF (Radio-Télévision française) devenue l’O.R.T.F. (Office de la radiodiffusion-télévision française) en 1964, organisme « tenu » par le ministère de l’information. L’O.R.T.F est dissocié en sept sociétés distinctes en 1974, alors que le monopole public de programmation n’est aboli qu’en 1982. La première chaîne est créée en 1947, la seconde en 1964, avant l’apparition de la chaîne régionale FR3 en 1973.
En Italie, la RAI est fondée au sortir de la guerre sur un modèle de proximité avec le pouvoir politique. La première chaîne émet en 1954, la seconde en 1961, la troisième, enfin, en 1979. En RFA, la télévision publique est fondée, au sortir de la guerre là encore, sur le principe du fédéralisme. La première chaîne, l’ARD, est une fédération d’une dizaine de stations régionales. La seconde chaîne publique, la ZDF, est fondée en 1963 sur une base centralisée. La Belgique lance sa première chaîne publique en 1953 en la faisant reposer sur deux organismes, l’un wallon (la RTBF), l’autre flamand (la BRT).
Le Royaume-Uni se distingue par l’antériorité et la cohérence de sa démarche. La BBC, service public de radiodiffusion naît dès 1922. Ce service propose rapidement une télévision et est confronté à la concurrence du privé dès 1955 (apparition de ITV, par ailleurs BBC 2 est créée en 1964). Les pouvoirs publics ne mettent pas la BBC sous tutelle, ce qui contribue à son essor et à la qualité de ses programmes.
Alors que la démarche européenne a consisté généralement à instaurer des monopoles publics et à multiplier par la suite des autorisations d’émettre pour le privé, celle des États-Unis a reposé entièrement sur la création d’un secteur privé, complété par un réseau public en 1966 (PBS). Les modèles se rejoignent aujourd’hui : domination du secteur privé, importance néanmoins des services publics. Il est à noter que des différences existent dans les modes de financement des télévisions publiques : pas de publicité au Royaume-Uni pour la BBC, importance de la publicité historiquement pour les chaînes publiques françaises et italiennes. Mais le passage d’un modèle de financement à un autre, comme envisagé en France (suppression de la publicité sur France Télévisions), n’a jamais été expérimenté.
« Le » média de masse
Du point de vue social, la télévision est le média de masse par excellence. Dans les pays occidentaux, plus de trois individus sur quatre la regarde tous les jours. La consommation quotidienne de télévision avoisine à elle seule 3 h 30 par personne en 2008 en France, 4 h 00 aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
La pratique télévisuelle est si présente et si visible qu’elle suscite des interrogations sur ses fonctions, ses effets, son utilité sociale. Mais il faut penser la télévision comme une pratique culturelle, qui a du sens y compris dans ses activités de zapping ou de « tapisserie ». Elle soude une communauté nationale et internationale partageant les mêmes rites puisqu’il n’existe pas dans nos sociétés de pratique où les différences de comportements soient aussi faibles : 96 % des foyers possèdent un téléviseur et les contenus de ce média sont le second objet de discussion dans l’entreprise (après le travail) et à l’école. Elle demeure toutefois inégalitaire car surconsommée par une forte minorité de la population, plus âgée, plus populaire et plus féminine que la moyenne. 10 % des publics représentent près de 30 % de l’écoute, 30 % des publics 60 % de l’écoute alors que les plus réfractaires représentent moins de 1 % de l’écoute pour 10 % de la population.
Le public de gros consommateurs de télévision, ou « grand public », ne peut être vu cependant comme aliéné par opposition aux autres. Quelques éléments statistiques suffisent à contredire cette thèse : le grand public est plus sélectif que les « élites » (les Parisiens diplômés sont ceux qui savent le moins ce qu’ils vont regarder), il attend de la diversité des programmes (il consomme tous les types d’émissions). S’il y a des téléspectateurs pour les journaux télévisés, les magazines, les documentaires, les émissions culturelles, c’est parce qu’ils sont regardés par ceux qui utilisent beaucoup la télévision. Ceux qui la regardent moins n’ont pas une pratique centrée sur les émissions prestigieuses. Les diplômés regardent proportionnellement plus que les gros consommateurs les programmes de cinéma et de sport…
La télévision est-elle en déclin ?
Deux grandes mutations menaceraient la télévision. L’avènement du web fait imaginer un déclin du média de masse au profit d’Internet (la fin de l’écoute massive de télévision, la montée de l’interactivité). La diffusion numérique et la multiplication des supports, rendant possibles de nouveaux modes de consommation de la télévision fondés sur l'interactivité, fait évoquer un éclatement des pratiques télévisuelles.
La concurrence d’Internet
Les enquêtes sur les pratiques démontrent cependant qu’il n’existe pas de concurrence nette entre la télévision et les autres médias, sauf pour des populations très précises. Internet prend place dans le paysage préexistant des médias sans expulser ses devanciers, contrairement à la thèse de substitution des médias. La concurrence exercée à l’égard de la télévision était au départ réelle au niveau de la perception : le rejet de la télévision est en effet plus élevé dans les catégories sociales qui se sont appropriées les premières Internet. Mais la hausse continue et significative de la consommation horaire de télévision depuis le lancement d’Internet vient démentir la thèse du déclin du grand média d’images. Celui-ci est ancré dans des routines familiales et répond à des attentes de sociabilité et de culture non satisfaites par le Net. L’écoute télévisuelle est d’autre part profondément polymorphe : près de 50 % des gens déclarent faire autre chose en regardant la télévision, manger, parler, dormir, repasser, lire, etc. Elle absorbe des usages nouveaux comme ceux liés à Internet : 40 % des jeunes internautes écoutent la télévision tout en jouant, surfant sur le web ou en consultant leurs courriers.
La convergence technologique des supports
La convergence programmée de la télévision et de l’Internet était au départ envisagée avec une fusion des écrans et la possibilité de gestion interactive des programmes télévisuels (du choix des contenus jusqu’au choix des caméras). Cette convergence se heurte cependant à des obstacles : les publics, qui estiment dans leur majorité que l’offre de contenus est déjà suffisante et assez coûteuse, ne s’intéressent pas aux outils de filmage (pourquoi sélectionner avec difficulté les caméras pour une course de F1 quand un réalisateur fait cela très bien ?) et ne sont pas profondément séduits par l’interactivité (la formule du télé-achat est la seule à s’être imposée depuis les années 1950 à la télévision). Les essais de fusion ordinateur/téléviseur n’ont guère satisfait les utilisateurs qui n’avaient pas envie de regarder la télévision sur ce qu’ils percevaient avant tout comme un poste de travail et de jeu. Au total, l’empilement des technologies à la maison, et non leur réduction, montre que la divergence technologique reste paradoxalement plus forte que la convergence.
L’identité télévisuelle face à la dissémination des images
La thèse de la diversification des supports de réception voit dans la dissémination avancée des images la vraie raison de la disparition de la télévision. Noyée dans un océan d’écrans, désarticulée par la vidéo et le DVD, le téléchargement sur Internet, le mobile, le podcasting, la télévision perdrait de sa centralité dans la production du sens commun : pour le spécialiste des médias Jean-Louis Missika, « il y a toujours plus d’images et moins de télévision ». La baisse des audiences des grandes chaînes au profit des chaînes thématiques ajouterait à la « démédiatisation ». À cette thèse s’opposent de nombreux faits et arguments. L’audience télévisuelle stricto sensu ne baisse pas, celle des grands networks s’est stabilisée et demeure élevée à 40 % environ. L’écoute en famille ne diminue pas, seule progresse l’écoute individualisée. Si la télévision a eu pour effet de consolider la famille nucléaire dans les années 1950-1960, en fournissant un support pour des pratiques partagées, si elle fournit un vocabulaire commun et sert de lieu d’échange, elle n’a jamais coïncidé avec l’idéal d’une société célébrant son unité par une culture commune. Les mutations qui l’affectent sont celles de l’individualisme, compatible avec la recherche de sens en commun. La dissémination des images, indéniable, ne signifie pas la disparition de l’identité télévisuelle : les médias ne sont jamais des entités isolées, pures, ils se définissent les uns par rapport aux autres et enregistrent des cycles complexes d’échange de propriétés. L’impact de la technologie est une redéfinition des frontières entre médias et non une disparation des frontières. Il est même possible de soutenir que se produit l’invention véritable de la télévision. Parvenue à la maturité du point de vue créatif, comme en attestent le genre le plus décrié, la télé-réalité, et le plus loué, les séries, elle propose des œuvres qui par leur format et le rythme de réception qu’elles supposent, inscrit dans la quotidienneté, ne peuvent plus être assimilées par les autres médias (notamment le cinéma). Les programmes les plus regardés sont désormais produits pour le « petit écran », ce qui signifie que la télévision s’est autonomisée comme média.
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