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Un test olfactif révèle l’état de conscience de patients victimes d’une lésion cérébrale |
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Un test olfactif révèle l’état de conscience de patients victimes d’une lésion cérébrale
Par Elena Sender le 08.06.2020 à 09h00
Lecture 3 min.
Une étude montre comment les odeurs peuvent aider à mesurer le niveau de conscience de patients victimes d’une lésion cérébrale grave et ainsi leurs chances de rétablissement.
Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°880 daté juin 2020, "Covid-19 : ce dont on est sûr et ce qu'il reste à découvrir".
La capacité à distinguer les odeurs prédirait le rétablissement des patients en état altéré de conscience. Telle est la conclusion d’une nouvelle étude signée par l’équipe d’Anat Arzi, chercheuse au département de psychologie de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) avec l’Institut des sciences Weizmann et l’Hôpital de rééducation Loewenstein (Israël).
Un test olfactif avec 43 personnes victimes d’une lésion cérébrale grave
"Pendant ma thèse nous avons découvert que la réponse olfactive - c’est-à-dire le changement du flux nasal selon le type d’odeur, plaisante ou déplaisante - était visible même pendant le sommeil, en dépit du manque d’éveil conscient, raconte Anat Arzi. Nous nous sommes donc demandé ce qui se passe dans les autres états de conscience altérée." Pour répondre à la question, la chercheuse a fait passer un test olfactif à 43 personnes victimes d’une lésion cérébrale grave. Certaines étaient en état d’éveil non-répondant (anciennement dit végétatif : yeux ouverts, pas de conscience de l’environnement) et d’autres en état de conscience minimale (éveillés, conscience fluctuante). Différents récipients contenant une odeur agréable (shampoing), désagréable (poisson pourri) ou neutre ont été placés placés sous leur nez. Leur flux nasal était alors mesuré grâce à une canule insérée dans l’appendice. Réitéré durant plusieurs semaines, ce test a été suivi d’examens standards de conscience (stimulations, IRM fonctionnel, électroencéphalogramme…). Observation : chez certains patients, le flux nasal varie en fonction des bonnes ou mauvaises odeurs (discrimination olfactive), chez d’autres, non. Mais 100 % de ceux dont le flux nasal a varié ont vu leur état de conscience s’améliorer avec le temps. Et plus de 91 % ont survécu plus de trois ans après leur blessure. A contrario, 63 % des sujets qui n’ont pas discriminé les odeurs sont décédés. Il semblerait donc, selon les auteurs, qu’une bonne réponse olfactive indique un niveau de conscience probable, alors que les autres signes peuvent être absents.
Une autre façon de tester le cerveau
"C’est une très belle étude, commente le professeur Steven Laureys, fondateur du Coma Science Group au CHU de Liège (Belgique). Les tests standards permettent de rechercher plutôt l’activité du thalamus, par lesquels passent tous nos sens, sauf l’olfaction, qui dépend directement du cortex orbitofrontal. C’est donc une autre façon de tester le cerveau." Reste à savoir comment utiliser cette découverte. " La précision du “test du snif” est remarquable, note Anat Arzi. Nous envisageons maintenant un examen très simple au chevet du malade, qui pourrait aider à la détection de la conscience chez les patients blessés. " Le professeur Laureys, lui, tempère. "L’équipe de l’Institut Weizmann est connue pour sa très grande maîtrise de ce type de mesures. Il faudrait s’assurer qu’elles sont reproductibles par tous dans des situations cliniques routinières."
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Dépression bipolaire : la reconnaître et la traiter |
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Dépression bipolaire : la reconnaître et la traiter
Paulina Jonquères d'Oriola
Journaliste maman, psycho et famille
Publié le 21/11/2017 à 17h13 , mis à jour le 07/10/2018 à 21h48
Comme son nom l’indique, la dépression bipolaire est associée au trouble bipolaire. Ce dernier se caractérise par la succession d’épisodes d’excitation intense et de dépression, entrecoupés d’intervalles libres. De manière générale, on estime qu’environ deux tiers des patients souffrant d’un trouble bipolaire ont été diagnostiqués à tort comme étant atteints d’une dépression unipolaire. Quelles sont donc les spécificités de la dépression bipolaire ? Comment la soigner ? On fait le point avec le Dr Christian Gay, psychiatre spécialiste du trouble bipolaire.
Sommaire
* Qu'est-ce qu'une dépression bipolaire ?
Qu'est ce qui mène à la dépression bipolaire ?
Dépression bipolaire : des symptômes particuliers
Dépression bipolaire : des signes avant-coureurs
Le diagnostic de la dépression bipolaire
Quelle est la durée moyenne d’une dépression bipolaire ?
Dépression bipolaire et envies suicidaires
Le traitement de la dépression bipolaire
Des nouvelles pistes de traitements
Qu'est-ce qu'une dépression bipolaire ?
La dépression bipolaire, est la phase de dépression qui survient chez une personne souffrant de trouble bipolaire.
"Le trouble bipolaire se caractérise par une alternance de phases dépressives et d’excitation. Ce qui signifie que la dépression bipolaire est un stade évolutif qui est inévitable et qui peut s’exprimer de manière plus ou moins intense. Ce trouble dépressif peut précéder l’excitation ou lui succéder", décrit le Dr Christian Gay.
Qu'est ce qui mène à la dépression bipolaire ?
Pour le psychiatre, il est important de déterminer si la dépression a été inaugurée ou non par un épisode maniaque.
* Lorsque cet épisode maniaque est franc, le diagnostic est généralement plus aisé : il s'agit d'un trouble bipolaire de type I.
* En revanche, dans le trouble bipolaire de type II, la phase maniaque peut plus facilement passer inaperçue et brouiller le diagnostic.
Enfin, "il arrive que la dépression soit associée à l’état d’excitation. Dans ce cas, le diagnostic d’état mixte ou de dépression mixte est évoqué", précise le psychiatre.
Pour mieux comprendre la dépression bipolaire, il est également important d'identifier les détonateurs. Par exemple :
* Des situations de stress ;
* Des changements de rythme de vie ;
* Des événements pénibles.
"Mais la caractéristique de la dépression bipolaire est son évolution spontanée, tout du moins après plusieurs épisodes. C’est-à-dire que les épisodes de dépression peuvent finir par apparaître sans facteur déclenchant", affirme le spécialiste.
Dépression bipolaire : des symptômes particuliers
"Rechercher l’existence d’un trouble bipolaire devrait être systématique lors de l’évaluation d’un état dépressif", martèle en préambule le Dr Christian Gay.
La dépression bipolaire possède effectivement des signes cliniques qui la distinguent d'une dépression unipolaire :
* Déclenchement à un âge plus précoce ;
* Risque suicidaire plus élevé ;
* Symptômes psychotiques associés ;
* Hypersomnie à la place de l’insomnie qui est plus fréquente dans la dépression unipolaire ;
* Augmentation de l’appétit (hyperphagie) avec un goût prononcé pour le sucré ;
* Ralentissement moteur (c’est-à-dire des gestes et des mouvements) ;
* Ralentissement de la pensée ;
* Émoussement des affects (la personne ressent moins d’émotion et a le sentiment que ses sentiments sont anesthésiés) ;
* Recrudescence matinale des symptômes avec une difficulté à se mettre en route et un allègement en fin de journée ;
* Réactivité aux antidépresseurs avec un risque d'inversion mais aussi une majoration de l’anxiété et l’apparition d’une irritabilité.
Dépression bipolaire : des signes avant-coureurs
La pose de ce diagnostic passe aussi par la recherche de différents éléments :
* La recherche d’antécédents familiaux de trouble bipolaire (ce qui n’est pas aisé car ils n’ont pas été obligatoirement identifiés) ;
* La recherche des périodes d’excitation dans la vie de la personne (elles passent souvent inaperçues, d’où la difficulté) ;
* L’existence de troubles associés (addictions, troubles de la personnalité avec une instabilité et une impulsivité au premier plan) ;
* La mise à jour d’épisodes de dépression fréquents et sévères ;
* La recherche d’antécédents de troubles de l’humeur dans les suites d’un accouchement car ces derniers peuvent être des indices en faveur de la bipolarité.
"En fait, devant tout trouble dépressif, le médecin devrait procéder à une enquête minutieuse à la recherche de bipolarité. C’est ainsi que des questionnaires de dépistage ont été proposés : HCL-32 de Angst et MDQ de Hirschfeld", précise le psychiatre.
Le diagnostic de la dépression bipolaire
Si la pose de ce diagnostic précoce est essentielle, c’est effectivement parce que le traitement de la dépression bipolaire est différent de celui de la dépression classique.
En clair, plus tôt la maladie sera traitée, moins les épisodes dépressifs s’aggraveront et se rapprocheront. "Trop souvent, le trouble bipolaire n’est pas identifié et le traitement antidépresseur est prescrit seul avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut occasionner. Il est largement admis que les antidépresseurs prescrits seuls aggravent l’évolution en favorisant une augmentation de la fréquence des cycles et le risque suicidaire. Ce n’est pas pour autant qu’ils ne seront jamais prescrits mais toujours en association avec un ou plusieurs stabilisateurs d’humeur", explique le Dr Christian Gay.
À voir aussi
Paralysie du sommeil - causes, symptômes et traitement - Doctissimo
Troubles bipolaires : les symptômes - Reconnaître les signes de la maladie bipolaire - Doctissimo
Comme le précise le spécialiste, cela est d’autant plus vrai dans les troubles bipolaires de type II où les épisodes d’excitation sont modérés par rapport à la dépression (qui est sur le devant de la scène clinique). Les troubles bipolaires de type II sont les plus fréquents, et malheureusement ceux qui sont diagnostiqués le plus tardivement, après dix ans en moyenne.
A l’inverse, les troubles bipolaires de type I sont plus faciles à diagnostiquer car plus explosifs. Cependant, ils peuvent être confondus avec des troubles schizophréniques.
Quelle est la durée moyenne d’une dépression bipolaire ?
La durée moyenne d’un trouble dépressif se situe entre deux à six mois. "Dans notre expérience, le trouble dépressif est plus difficile à traiter d’autant que les antidépresseurs sont à utiliser avec prudence", affirme le Dr Christian Gay.
Dépression bipolaire et envies suicidaires
Le trouble bipolaire présente un risque suicidaire majeur. Les chiffres de 10 à 15 % sont souvent rapportés dans la littérature scientifique.
"Ils sont étroitement liés à la dépression et surtout à son caractère récurrent et à la perte d’espoir. Mais le risque suicidaire existe en cas d’état mixte (dépression et excitation) et peut s’observer à la fin d’un état maniaque et lorsqu'il évolue vers la dépression. L’addiction à l’alcool et l’anxiété souvent associées sont des facteurs aggravants au même titre que les conséquences sociales désastreuses", décrit le psychiatre.
Le traitement de la dépression bipolaire
La prise en charge de la dépression bipolaire repose avant tout sur les stabilisateurs d’humeur. Il en existe trois catégories distinctes :
* Les sels de lithium ;
* Les antipsychotiques atypiques (APA) ;
* Les anticonvulsivants.
Trois produits auront une action plus spécifique sur la prévention des récidives dépressives :
* Les sels de lithium ;
* La quetiapine ;
* La lamotrigine.
Seule la quétiapine a obtenu une indication officielle dans le traitement curatif de la dépression bipolaire. "En pratique, il peut s’avérer utile de recourir aux antidépresseurs mais en appliquant une surveillance stricte et en limitant la durée de prescription", affirme le Dr Christian Gay.
La prise du traitement régulateur ne débute généralement pas lors d’une phase d’excitation, mais plutôt en phase d’intervalle libre. "L’absence de conscience du trouble bipolaire lors de la phase maniaque rend l’adhésion au traitement difficile. Il existe parallèlement des troubles de l’attention qui limitent les possibilités de comprendre les enjeux du traitement. Le traitement est donc principalement curatif et symptomatique : agir sur l'insomnie, l'agitation, l'agressivité, le délire lorsqu'il existe. Néanmoins, certains stabilisateurs peuvent avoir une efficacité curative mais le délai est souvent un peu différé. Les deux produits qui s’avèrent les plus intéressants en termes de rapidité d’action sont l’olanzapine et la rispéridone", explique le spécialiste.
A l’inverse, le patient est totalement conscient de son trouble dépressif dès l’apparition des premiers symptômes. "La conscience du trouble dépressif est immédiate dès les premiers symptômes. Cette conscience est douloureuse car la personne sait que le processus dépressif est engagé et que ce sera long. Le besoin de dormir, la fatigue au réveil, le sentiment d’amertume voire le dégout de vivre, l’impossibilité de comprendre des choses simples, le pessimisme envahissant, le désintérêt, la disparition du plaisir… Les symptômes annonciateurs sont immédiatement perçus même lorsqu'ils sont modérés dans leur intensité et limités en nombre", poursuit le psychiatre.
Des nouvelles pistes de traitements
Les stratégies thérapeutiques proposées aujourd’hui sont bien codifiées. "Les traitements proposés restent limités aux symptômes ou au syndrome mais ne prennent pas en compte la personne dans sa globalité et l’environnement dans lequel elle vit", regrette le Dr Christian Gay.
C’est pourquoi la méditation en pleine conscience intégrée à une approche comportementaliste a fait l’objet récemment d’une adaptation dans les troubles bipolaires. Les traitements basés sur les rythmes sociaux de vie (IPSRT), les mesures psychoéducatives, la luminothérapie, les rTMS (stimulation magnétique transcrânienne) constituent quelques nouvelles thérapeutiques qui peuvent être associées aux médicamenteux régulateurs d’humeur.
Publié le 21/11/2017 à 17h13
Sources
* Entretien avec le Dr Christian Gay, 15 novembre 2017.
* Article "Troubles bipolaires : Suivi médical et vie au quotidien", site de l'assurance maladie, consulté en février 2018.
* Troubles bipolaires, nouvelles perspectives, Présentation du Pr. Marie-Christine Hardy-Bayle de l'hôpital du Chesnay, parrainé par les laboratoires Lilly, MEDEC 2004.
* Patient avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge - Fiche Mémo - Haute Autorité de Santé (accessible en ligne)
* ALD n° 23 - Guide patient : la prise en charge d'un trouble bipolaire (accessible en ligne)
* ALD n° 23 - Actes et prestations sur les troubles bipolaires - Actualisation decembre 2017 (accessible en ligne)
* Les troubles bipolaires - Fondation Fondamental (accessible en ligne)
* Mieux contrôler mon trouble bipolaire avec la mindfulness, S. Beacco, C. Gay, Dunod, Paris 2016
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Pourquoi perdons-nous conscience lors d’une anesthésie générale? |
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Pourquoi perdons-nous conscience lors d’une anesthésie générale?
COMMUNIQUÉ | 20 AOÛT 2018 - 17H04 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)
NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE
À l’état conscient, différentes aires du cerveau, même non connectées anatomiquement, peuvent fonctionner en phase, grâce au phénomène de « réverbération » de l’information dans le cerveau. C’est cette propriété qui est bloquée sous anesthésie générale. Quel que soit l’agent anesthésique employé, l’effet d’une anesthésie générale sur le cerveau correspond à une « rigidification » du cheminement de l’information au sein du cerveau : l’activité cérébrale est maintenue, mais reste cantonnée aux connexions anatomiques, lui retirant la possibilité de générer d’autres flux d’informations plus flexibles. C’est ce phénomène qui explique la perte de conscience induite par l’anesthésie générale chez un patient. Il a pu être caractérisé, chez le singe, grâce à l’IRM fonctionnelle, l’électroencéphalographie (EEG), et un algorithme faisant partie des méthodes de type « Big Data ». Les résultats sont publiés par une équipe rassemblant des chercheurs du CEA, de l’Inserm, des Universités de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, Paris Sud/Paris Saclay, et Paris Descartes et de l’hôpital Foch, le 20 juillet dernier dans Anesthesiology, journal de l’American Society of Anesthesiologists, qui a consacré son éditorial à cette étude.
Le cerveau ne s’éteint pas sous anesthésie et continue à avoir une activité significative. Ainsi, les agents pharmacologiques utilisés agissent directement sur le cerveau et suppriment la conscience de manière contrôlée et réversible. Pourtant, le mécanisme d’action de l’anesthésie générale reste méconnu. Or cette connaissance est fondamentale pour développer des outils modernes de monitorage du cerveau pendant l’anesthésie, ainsi que le développement de nouveaux agents pharmacologiques plus sélectifs.
Dans une étude publiée dans la revue Anesthesiology, une équipe de NeuroSpin est parvenue à observer le cerveau d’un modèle animal de type primate non humain en état conscient et sous anesthésie générale, établissant ainsi une « signature cérébrale universelle » de l’anesthésie générale, quel que soit l’agent pharmacologique utilisé.
Béchir Jarraya, qui a dirigé ces travaux avec Lynn Uhrig, explique : « Pour mieux comprendre la découverte, imaginez que notre cerveau soit notre planète terre et que l’IRM fonctionnelle soit un satellite surveillant les axes routiers. Nous avons constaté que, dans l’état conscient, le réseau routier est fluide et flexible : axes autoroutiers et secondaires voient une bonne circulation et une bonne flexibilité dans la gestion des évolutions du flux rencontré par le réseau. En revanche, en cas d’anesthésie générale, le réseau est cantonné aux axes autoroutiers. Il ne permet ni une bonne flexibilité et ni une bonne répartition du flux, générant en quelque sorte des embouteillages».
« C’est ainsi que notre équipe a découvert une signature cérébrale universelle de l’anesthésie générale ».
Pour cette découverte, les scientifiques ont induit une anesthésie générale chez un primate non humain, suivant un protocole très similaire à l’anesthésie humaine, et enregistré l’activité cérébrale par imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) et par électroencéphalographie (EEG). La dynamique cérébrale a été étudiée grâce à un algorithme de classification statistique qui a permis d’extraire, à partir des données de l’IRMf, des états cérébraux spécifiques à l’anesthésie générale (cf figure ci-dessus).
Les retombées de cette découverte pourraient impacter significativement la manière dont on surveille et ajuste une anesthésie générale chez les patients devant être opérés ou chez les patients comateux qui reçoivent une sédation en réanimation.
Ont également contribué à cette étude le Collège de France, les hôpitaux Sainte-Anne et Necker, ainsi que l’Institut du cerveau et de la moelle.
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Le risque cardiovasculaire lié à la consommation de viande, en partie expliqué par des métabolites issus de la digestion |
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NUTRITION
Le risque cardiovasculaire lié à la consommation de viande, en partie expliqué par des métabolites issus de la digestion
Par Sophie Vanel le 05.08.2022 à 12h37
Lecture 6 min.
Des chercheurs viennent de confirmer le lien entre les molécules produites par des bactéries intestinales après avoir mangé de la viande et un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires. Ces composés chimiques n’expliquent cependant qu’une partie du mécanisme. D’autres facteurs, comme l'insulino-résistance, entrent également en jeu dans ce processus complexe.
Une consommation régulière de viande rouge et de viande transformée favorise les maladies cardiovasculaires. Certains composés issus de la digestion seraient en partie responsables.
ARTUR WIDAK / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
Les maladies cardiovasculaires constituent la principale cause de décès dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Consommer régulièrement de la viande rouge et de la viande transformée, comme la charcuterie, semble être un des multiples facteurs impliqués dans la survenue de ces maladies.
Bien que largement étudiés, les mécanismes physiologiques expliquant le lien entre consommation de viande et maladies cardiovasculaires restent controversés. Jusqu’à présent, les études s’étaient plutôt penchées sur les niveaux de graisses saturées et le cholestérol sanguin pour expliquer le lien entre produits animaux et risques cardiovasculaires. Une nouvelle étude publiée le 1er août 2022 dans la revue Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Biology révèle cependant le rôle du microbiote intestinal dans les liens entre consommation de viande et survenue de maladies cardiovasculaires.
Les chercheurs ont tout d'abord mis en évidence une augmentation significative de 15% d’événements cardiovasculaires chez les personnes qui mangent de la viande rouge cinq fois par semaine ou plus, par rapport aux individus qui en consomment seulement une fois par semaine ou moins. L'étude suggère également que la L-carnitine, un acide aminé très présent dans la viande rouge, joue un rôle relativement important dans cette augmentation du risque.
La L-carnitine et ses métabolites associés à un risque accru
En effet, en digérant la L-carnitine, les bactéries de notre tube digestif produisent des métabolites, dont est issu le N-oxyde de triméthylamine (TMAO). "Après avoir mangé des aliments d'origine animale, nos microbes intestinaux peuvent transformer les nutriments comme la L-carnitine en γ-butyrobétaïne et crotonobétaïne. Chacun d'eux peut être transformé en TMA par nos bactéries intestinales. La TMA peut ensuite être convertie en TMAO par certaines enzymes du foie", explique à Sciences et Avenir Meng Wang, un des auteurs de l'étude.
Les scientifiques ont découvert qu'une plus forte présence de TMAO et de ses métabolites explique environ 8% à 11% des risques de maladies cardiovasculaires associés à la consommation de viande. "Quelques études ont été faites sur le TMAO et les risques cardiovasculaires mais nous n'avions pas le schéma en entier. Cette étude est la première à montrer le chemin complet entre la viande rouge et les maladies cardiovasculaires en passant par le TMAO", affirme auprès de Sciences et Avenir Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’INSERM, extérieur à l'étude.
Augmentation des inflammations et thromboses
Le TMAO serait donc impliqué dans différents mécanismes ayant des conséquences sur le risque cardiovasculaire. Une récente revue de la littérature indique par exemple que ce métabolite augmenterait l'inflammation vasculaire et le risque de thrombose et diminuerait le transport du cholestérol. "Dans les études testées sur les animaux, le TMAO peut favoriser la coagulation du sang et la formation de plaques dans les vaisseaux sanguins", précise Meng Wang.
Mais pour l’instant, les mécanismes exacts conduisant à ces effets restent flous : "Nous ne savons toujours pas si le TMAO est juste un marqueur de l’état général de la santé cardiovasculaire ou une molécule qui agit directement. Pour l’instant nous pensons que c’est un peu les deux", admet Mélanie Deschasaux-Tanguy.
La TMA est produite par le microbiote au moment de la digestion de la L-carnitine, de la choline et d’autres éléments présents dans les produits animaux, en particulier la viande. Elle est ensuite convertie en TMAO dans notre foie. Le TMAO serait impliqué dans la survenue de maladies cardiovasculaires, en augmentant par exemple l’inflammation vasculaire. Crédit : Zhang X, Gérard P. Diet-gut microbiota interactions on cardiovascular disease. Comput Struct Biotechnol J. 2022 Mar 29.
Près de 4000 participants
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont récupéré les données de santé de 3931 états-uniens, hommes et femmes, initialement recrutés de 1989 à 1990 et suivis durant 12 ans en moyenne. Ils étaient tous âgés de 65 ans et plus, la moyenne d’âge tournant autour de 73 ans au moment de l’inclusion.
A l’époque, les participants ont tous dû répondre à un questionnaire sur leur fréquence de consommation de viande rouge, de viande transformée, de poisson, de volaille et d'œufs, ainsi que sur leur hygiène de vie. Leur état de santé a été évalué au cours du suivi, notamment le développement de maladies cardiovasculaires.
Avec toutes ces données, plusieurs biomarqueurs sanguins liés à la viande, dont le TMAO, ont pu être mesurés par les auteurs de la récente étude, grâce à des échantillons sanguins prélevés au début de l’étude et à nouveau en 1996-1997. Les chercheurs ont réalisé que les produits de nos bactéries intestinales, au moment de la digestion, n’expliquent pas à eux seuls le lien entre consommation de produits animaux et risque cardiovasculaire.
L’insulino-résistance, meilleure indicateur que le TMAO
"Les relations entre TMAO ou ses métabolites et consommation de viande rouge ou transformée sont très modestes, ce que reconnaissent les auteurs. Cela ne plaide guère pour leur valeur de marqueur alimentaire", commente Didier Chapelot, médecin et enseignant-chercheur en physiopathologie de la nutrition humaine à l’Université Sorbonne Paris Nord, extérieur à l'étude.
Il existe en effet d’autres facteurs pouvant expliquer cette association. Au-delà de ces 8 à 11 %, 90% de l’association viande rouge et maladies cardiovasculaires n’est pas expliquée par le TMAO et les précurseurs associés. Le glucose, l’insuline et la CRP, un marqueur de l’inflammation, expliquent finalement plus ce lien entre viande rouge et maladies cardiovasculaires. "Il semble que même pour la viande, l’insulino-résistance reste l’indicateur biologique majeur sur lequel il faut agir, et ceci peut passer par une multitude de mesures non seulement diététiques mais aussi comportementales comme l’activité physique", précise Didier Chapelot.
Le microbiote est complexe
Il faut également prendre en compte la complexité de notre microbiote : "Il existe une forte variabilité inter-individuelle. Certaines bactéries vont être capables de faire cette transformation de L-carnitine en TMA mais pas toutes. La quantité variable de ces bactéries présentes chez les gens va probablement influencer l’impact que va avoir la L-carnitine sur la production de TMA et le risque cardiovasculaire", ajoute Mélanie Deschasaux-Tanguy.
Pour limiter ce mécanisme, il serait possible d’envisager un traitement qui jouerait sur une modulation du microbiote afin d'éviter de produire du TMAO en excès. "Mais bien sûr, nous pouvons aussi jouer sur la prévention directement. La meilleure piste pour réduire le risque cardiovasculaire lié à la viande étant bien sûr de limiter sa consommation de viande", conseille la chercheuse de l'INSERM.
Plusieurs facteurs à prendre en compte
Il est également important de noter que les maladies cardiovasculaires ne sont pas uniquement expliquées par la consommation de viande. "Les maladies cardiovasculaires sont multifactorielles : l’âge, le tabac, l’alcool ou encore la sédentarité jouent aussi beaucoup", note Mélanie Deschasaux-Tanguy.
Consommer des fruits et légumes, pratiquer une activité physique régulière, dormir suffisamment ou encore adopter un régime à faible index glycémique sont autant de comportements qui permettent de s’assurer une bonne santé cardiovasculaire.
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