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Des pansements pour régénérer les articulations |
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Des pansements pour régénérer les articulations
COMMUNIQUÉ | 14 MAI 2019 - 12H14 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)
TECHNOLOGIE POUR LA SANTE
Des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Strasbourg au sein de l’Unité 1260 » Nanomédecine régénérative » ont mis au point un implant qui, appliqué comme un pansement, permet de régénérer les cartilages en cas de lésions importantes des articulations ou d’arthrose débutante. Les détails de cette innovation validée en phase préclinique sont publiés ce jour dans Nature communication.
L’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation des traumatismes accidentels nécessitent une augmentation des interventions chirurgicales visant à remplacer une articulation défectueuse. Parmi les pathologies chroniques, l’arthrose, décrite comme une destruction du cartilage touchant toutes les structures de l’articulation, dont l’os et le tissu synovial, qui tapisse l’intérieur des articulations représente un réel problème de santé publique. Selon le diagnostic médical, plusieurs options thérapeutiques sont possibles allant de la microgreffe à la pose d’une prothèse. Néanmoins, ces interventions sont toutes invasives et/ou douloureuses pour le patient, avec une efficacité limitée et des effets secondaires.
Aujourd’hui, en dehors de la pose de prothèses, on se contente en réalité de réparer provisoirement le cartilage des articulations et d’alléger les douleurs. Les traitements consistent surtout à injecter des anti-inflammatoires ainsi que de l’acide hyaluronique pour améliorer la viscosité de l’articulation. Des cellules souches peuvent être aussi utilisées, notamment parce qu’elles sécrètent des molécules capables de contrôler l’inflammation.
Dans ce contexte et afin de régénérer ce tissu conjonctif, souple et souvent élastique qui recouvre nos articulations et permet aux os de bouger et de glisser l’un par rapport à l’autre, une équipe de recherche associant l’Inserm et l’université de Strasbourg vient de mettre au point un pansement pour le cartilage – inspiré des pansements de nouvelle génération qui forment comme une seconde peau sur les plaies cutanées. Avec les pansements développés par la chercheuse et son équipe, la réponse thérapeutique passe un nouveau cap. On n’est plus seulement dans la réparation, on parle réellement de régénération du cartilage articulaire.
L’équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Strasbourg 1260 sous la direction de Madame Benkirane-Jessel a en effet mis au point une technique innovante d’implant ostéoarticulaire, capable de reconstituer une articulation endommagée et dont l’application peut être comparée à celle des pansements. « L’implant que nous avons développé se destine à deux cas en particulier, d’une part les grandes lésions du cartilage et d’autre part les arthroses débutantes. » explique la chercheuse.
Dans le détail, ces pansements articulaires sont composés de deux couches successives. La première, qui fait office de support (pansements classiques), est une membrane composée de nanofibres de polymères et dotée de petites vésicules contenant des facteurs de croissance en quantités similaires à celles que nos cellules sécrètent elles même. La seconde est une couche d’hydrogel chargée d’acide hyaluronique et de cellules souches provenant de la moelle osseuse du patient lui-même, ce sont ces cellules qui, en se différenciant en chondrocytes (cellules qui forment le cartilage) vont régénérer le cartilage de l’articulation.
Les scientifiques entrevoient un avenir prometteur pour leur « pansement à cartilage » : en plus de l’articulation du genou et de l’épaule, celui-ci pourrait aussi être utilisé pour l’articulation temporo-mandibulaire, liée à la mâchoire. Assez handicapante, celle-ci peut conduire à des douleurs, des bruits articulaires mais surtout à une baisse de l’amplitude de l’ouverture de la bouche. L’équipe de chercheurs a d’ores et déjà mené des essais concernant des lésions cartilagineuses chez le petit animal, la souris et le rat, ainsi que chez le grand animal, la brebis et la chèvre, des modèles très adaptés à l’étude comparée des cartilages avec l’homme. L’objectif est de lancer un essai chez l’homme avec une petite cohorte de 15 patients.
Ce projet a été soutenu par la Satt conectus, L’ANR et la grande région Est.
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Interface cerveau-machine (ICM) Agir par la pensée |
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Interface cerveau-machine (ICM)
Agir par la pensée
MODIFIÉ LE : 01/09/2015 PUBLIÉ LE : 11/08/2017 TEMPS DE LECTURE : 7 MIN
Une interface cerveau-machine (ICM) désigne un système de liaison directe entre un cerveau et un ordinateur, permettant à un individu d’effectuer des tâches sans passer par l’action des nerfs périphériques et des muscles. Ce type de dispositif permet de contrôler par la pensée un ordinateur, une prothèse ou tout autre système automatisé, sans solliciter ses bras, mains ou jambes. Le concept remonte à 1973 et les premiers essais chez l’homme datent du milieu des années 90.
Dossier réalisé en collaboration avec François Berger, directeur du laboratoire de technologie translationnelle Clinatec (CEA/CHU de Grenoble/Inserm/Université Joseph Fourier, Grenoble) et Jérémie Mattout, chercheur dans l’équipe Dycog du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS/Université Claude Bernard, Lyon)
Comprendre les ICM
En cours de développement dans différents laboratoires à travers le monde, les interfaces cerveau-machine (ICM) sont des dispositifs qui devraient permettre à des personnes souffrant de handicaps majeurs de retrouver une certaine autonomie. Des individus tétraplégiques ou atteints du locked-in syndrome (le patient pense, mais il ne peut bouger que les paupières) pourraient par exemple contrôler un exosquelette grâce la pensée pour se déplacer, des personnes amputées pourraient contrôler les mouvements de leur prothèse par la pensée, des personnes ayant perdu la parole pourraient parler via un ordinateur, toujours grâce à la pensée… Les applications potentielles sont nombreuses, y compris pour les personnes en bonne santé avec par exemple le domaine des jeux vidéos.
Comment ça marche ?
La structure d’une ICM comprend un système d’acquisition et de traitement des signaux cérébraux, un système de classification puis de traduction de ces signaux en commande (écriture sur écran, mouvement de fauteuil roulant ou de prothèse...).
Concrètement, l’utilisateur focalise son attention sur une stimulation extérieure de son choix, ou bien imagine effectuer un mouvement. Cela génère une activité cérébrale caractéristique et mesurable à l’aide de capteurs. Ces signaux sont transmis à un ordinateur qui les analyse pour en extraire les données utiles, puis les transforme en commande pour la machine (prothèse, exosquelette, fauteuil roulant, interface logicielle, voix artificielle…).
Ces systèmes fonctionnent le plus souvent en boucle fermée (ou boucle de rétroaction), permettant à l’utilisateur de progresser dans la maîtrise de l’ICM. L’utilisateur observe le résultat de sa commande cérébrale, puis adapte sa pensée, affinant peu à peu la précision de l’action produite par le système. Les recherches s’inspirent aussi des algorithmes d’apprentissage automatique pour rendre la machine adaptative et capable d’affiner son interprétation des activités cérébrales de l’utilisateur au cours du temps.
L’utilisation de ces interfaces n’est pas toujours intuitive et la phase d’adaptation et d’apprentissage peut être longue pour parvenir à maîtriser l’outil. Certaines études estiment que la part de la population qui ne peut réussir à contrôler les systèmes actuels pourrait atteindre 30%. Ceci explique en partie pourquoi, malgré les récents progrès de ce domaine de recherche, ces applications ne sont pas encore disponibles sur le marché.
Enregistrer les signaux électriques
La première étape nécessaire au fonctionnement d’une ICM consiste à enregistrer l’activité cérébrale. Le plus souvent, des électrodes sont placées sur le crâne, sur le cortex ou dans le cerveau, afin d’enregistrer les signaux électriques émis par les neurones à l’occasion d’une pensée particulière.
Il existe ainsi trois modes d’enregistrement :
* Invasif : Une grille d’électrodes est implantée dans le cortex. Elle enregistre les signaux d’une population de neurones avec une très grande précision spatiale, mais cette méthode est encore associée à un risque de complications et de perte de signal à long terme. Elle n’a été jusqu’ici testée que chez un très faible nombre de patients volontaires, aux Etats-Unis.
* Semi-invasif : Une grille d’électrodes est placée sous la dure-mère, la membrane qui entoure le cerveau juste sous la boîte crânienne. La résolution spatiale est un peu moins bonne qu’avec une implantation dans le cortex, mais les risques de complication sont moindres et des applications médicales sont rapidement envisageables. Une équipe française (Clinatec, Grenoble), a récemment développé un implant de ce type (Wimagine), composé de deux lots de 64 électrodes sans fil.
* Non-invasif : Le patient porte un casque en tissus équipé de multiples électrodes pour mesurer l’électroencéphalogramme (EEG). La résolution spatiale est limitée et la durée d’enregistrement ne dépasse guère la journée. Toutefois ce système est peu cher, facile d’utilisation et permet d’envisager de nombreuses applications, y compris pour le grand public. De fait, c’est aujourd’hui le mode d’enregistrement le plus utilisé.
Le choix du mode d’enregistrement dépend de l’objectif recherché et des applications. Dans tous les cas, les électrodes peuvent être retirées en cas de problème.
Un logiciel interprète les signaux
Les électrodes utilisées pour l’enregistrement sont reliées à un logiciel externe, qui classe, analyse et interprète les signaux cérébraux, puis les restitue sous forme de commandes qu’exécute la machine contrôlée.
Selon la tâche à effectuer grâce à l’ICM, les signaux cérébraux enregistrés sont plus ou moins nombreux et profonds, et plus ou moins difficiles à traiter. Plusieurs dimensions rentrent en compte dans l’analyse : la durée des signaux, leur fréquence et leur répartition dans l’espace. Un prétraitement et un filtrage permettent de débarrasser les signaux enregistrés du bruit de fond. Le signal caractérisant l’intention est ensuite extrait, et ses composantes sont classées pour ne conserver que les informations utiles.
Des équipes françaises, notamment à l’Inserm (équipe DYCOG du Centre de recherche en neuroscience de Lyon), se sont associées pour développer un logiciel de traitement de ces signaux en temps-réel. Baptisé OpenViBE et libre d’accès, ce logiciel est destiné aux chercheurs qui travaillent sur les interfaces cerveau-machine pour des applications dans le domaine de la santé ou du multimédia (les jeux vidéo en particulier).
Les applications en santé
De nombreuses équipes de recherche travaillent au développement d’ICM destinées à la manipulation d’exosquelettes, des dispositifs de soutien destinés à des personnes totalement paralysées, afin de leur permettre de se lever, de se déplacer et d’effectuer différents mouvements. Mais bien d’autres applications sont envisagées : contrôler un fauteuil roulant ou une prothèse de membre, faire parler ou écrire un ordinateur. Aux Etats-Unis, des chercheurs ont déjà réussi à obtenir le contrôle à distance d’un bras robotisé par des personnes tétraplégiques.
Une femme tétraplégique contrôle un bras robotisé par la pensée – reportage – 4 min 29 – Nature video (2012)
En France, des chercheurs du CRNL ont développé une ICM permettant d’écrire en sélectionnant par la pensée des lettres présentées sur un écran. Des lignes et des colonnes de lettres sont successivement surlignées sur l’écran et quand la lettre recherchée apparaît, l’individu focalise son attention sur elle. Le logiciel sait interpréter les signaux cérébraux émis par ce laps de concentration et sélectionne la lettre.
Et demain, soigner des troubles psychiatriques ?
La boucle de rétroaction instaurée par une ICM peut permettre à l’utilisateur de prendre conscience de son activité cérébrale pour apprendre à la contrôler. C’est le principe général du biofeedback (ou neurofeedback lorsqu’il s’applique au cerveau). Ce principe pourrait conduire à de nouvelles approches thérapeutiques, notamment pour réduire les troubles de l’attention, en complément des approches médicamenteuses. A Lyon, le CRNL est à l’origine d’un partenariat public-privé visant à développer des dispositifs de ce type reposant sur des interfaces ludiques. Les chercheurs prévoient de lancer une étude clinique pour évaluer leur effet chez des enfants atteints de troubles de l’attention.
Les enjeux de la recherche
Améliorer la biocompatibilité et l’intégration des implants dans le cerveau
Les grilles d’électrodes invasives dont on dispose actuellement ne sont pas biocompatibles. Lorsqu’on les implante dans le cortex, elles déclenchent une réaction de défense des tissus. Les cellules gliales encapsulent l’implant, aboutissant à une perte de signal au bout d’un certain temps. En utilisant des nanotechnologies et des matériaux particuliers comme du diamant ou du graphène, les chercheurs tentent de rendre ce type de dispositif symbiotique avec le cortex. Ainsi, une équipe Inserm a récemment conçu un capteur 100% biocompatible en matériau organique, offrant une qualité d’enregistrement des signaux excellente.
En outre, les dispositifs actuels amplifient les signaux reçus à distance, créant ainsi un bruit de fond qui nuit à la qualité du traitement des enregistrements. Les chercheurs tentent d’améliorer l’intégration des électrodes dans le cortex. Un projet consiste ainsi à développer des électrodes souples qui seraient incorporées dans le cerveau à l’aide de micro aiguilles biodégradables. En parallèle, des équipes poursuivent le travail de miniaturisation des électrodes.
Aboutir à un bénéfice clinique réel
Ces travaux n’auront de sens clinique que s’ils améliorent le quotidien de personnes souffrant de handicaps. Au-delà de la prouesse technologique que représente la possibilité de piloter un objet par la pensée, l’objectif final est que ces personnes puissent à terme se déplacer, communiquer, être indépendantes. Pour cela, l’amélioration des implants et des logiciels de traitement des signaux cérébraux doit s’accompagner d’une amélioration des outils mis à disposition des patients, par exemple un exosquelette complet pour les personnes tétraplégiques. Les chercheurs y travaillent.
De nouveaux dilemmes éthiques
Ces nouvelles interfaces entre l’Homme et les machines suscitent bien des questions sur le plan éthique. Comment garantir une égalité de traitement pour tous les malades avec ces dispositifs, compte tenu de leur coût et de leur difficulté d’accès prévisibles ? Comment distinguer la responsabilité de l’Homme de celle de la machine lors d’un défaut de fonctionnement de l’ICM ? Le neurofeedback a‑t-il des effets secondaires et peut-on imaginer des systèmes qui influeraient sur le cerveau de manière indésirable ? Les chercheurs soulèvent déjà et débattent en dehors même de leur communauté de ces questions qui pourraient devenir de plus en plus aigües, au fur et à mesure des avancées dans ce domaine.L’Agence de la biomédecine est déjà mobilisée et a commencé un travail interne d’évaluation de projets et de recommandations sur ce qui est éthiquement acceptable ou pas.
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20 % des réactions aux produits de contraste en radiologie sont de réelles allergies |
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20 % des réactions aux produits de contraste en radiologie sont de réelles allergies
COMMUNIQUÉ | 27 SEPT. 2018 - 17H51 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)
IMMUNOLOGIE, INFLAMMATION, INFECTIOLOGIE ET MICROBIOLOGIE | PHYSIOPATHOLOGIE, MÉTABOLISME, NUTRITION | TECHNOLOGIE POUR LA SANTE
Une équipe du Pôle Imagerie-Explorations-Recherche de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, de l’université Paris Descartes et de l’Inserm pilotée par le Pr Olivier Clément, et une équipe du CHU et de l’université de Caen Normandie, dirigée par le Dr Dominique Laroche, ont mené la première étude multicentrique prospective nationale sur les réactions allergiques aux produits de contraste en radiologie. 31 centres en France réunissant des investigateurs radiologues, allergologues, anesthésistes et biologistes ont permis d’étudier 245 cas d’hypersensibilité aux produits de contraste. Promue par l’AP-HP, cette étude, financée par le programme hospitalier de recherche clinique régional de 2003, montre que l’allergie est responsable de plus de 20% des réactions d’hypersensibilité aux produits de contraste et recommande que les patients diagnostiqués allergiques, ayant un grand risque de récidive, fassent l’objet d’un suivi s’appuyant sur des tests cutanés réalisés chez un allergologue spécialisé en allergologie médicamenteuse. Ces travaux ont été publiés dans la revue EClinicalMedicine du Lancet dans son numéro de juillet 2018.
En radiologie, les patients peuvent manifester des réactions d’hypersensibilité immédiate aux produits de contraste iodés (pour les scanners) et gadolinés (pour les IRM) qu’on leur injecte lors de l’examen. Les réactions sont de type urticaire, angioedème, bronchospasme, hypotension ou choc anaphylactique. Les réactions sévères, rares, surviennent quelques minutes après l’injection et nécessitent de la part des équipes d’imagerie un diagnostic et une prise en charge rapides.
Pour les produits de contraste iodés, les réactions ont été longtemps faussement étiquetées « allergie à l’iode » et confondues avec les réactions aux produits de la mer ou aux désinfectants cutanés.
Mais la réelle allergie à un produit de contraste est diagnostiquée par une élévation des marqueurs plasmatiques de tryptase et d’histamine durant la première heure suivant la réaction et par des tests cutanés intradermiques à réaliser entre six semaines et six mois après celle-ci. Les quelques études rétrospectives menées a posteriori sur la performance de ce type de test cutané ont montré qu’entre 13 et 65% des réactions étaient réellement d’origine allergique, selon les populations testées. Néanmoins ces études péchaient par un manque de données cliniques, en particulier le nom du produit injecté, ou par des tests incomplets ou pratiqués tardivement, ou elles mélangeaient les réactions immédiates et les réactions retardées.
Une équipe du Pôle imagerie-explorations-recherche de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, de l’université Paris Descartes et de l’Inserm, pilotée par le Pr Olivier Clément, et une équipe du CHU et de l’université de Caen Normandie, dirigée par le Dr Dominique Laroche, ont étudié de manière prospective les réactions d’hypersensibilité immédiate aux produits iodés et gadolinés. Cette étude multicentrique a été menée dans 31 centres français équipés pour réaliser les tests cutanés six semaines à six mois après une réaction.
Après avoir reçu un produit de contraste pour un examen de radiologie, 245 patients présentant une réaction immédiate ont eu un prélèvement sanguin dans la première heure suivant celle-ci afin de mesurer le taux d’histamine et de tryptase dans leur plasma. Ils se sont vus proposer, six semaines après, un rendez-vous chez l’allergologue afin de tester tous les produits de contraste existants (10 iodés ou 5 gadolinés).
Les tests cutanés ont révélé trois types de réactions : allergiques (si test positif au produit de contraste dilué); potentiellement allergiques (si test positif uniquement au produit pur) et non allergiques. Ils ont permis d’identifier 41 patients allergiques aux produits iodés et 10 patients allergiques aux produits gadolinés.
Les résultats obtenus ont montré que plus la réaction était sévère, plus le mécanisme allergique révélé par le test cutané était fréquent : 9,5% dans les réactions cutanées ; 22,9% dans les réactions modérées ; 52,9% dans les réactions mettant en jeu le pronostic vital et 100% quand il y avait arrêt cardiaque.
De la même façon, les taux d’histamine et de tryptase plasmatique augmentaient en fonction de la sévérité de la réaction. La présence de signes cardiovasculaires était également très fortement liée à un mécanisme allergique.
Le groupe de patients potentiellement allergiques présentait des symptômes cliniques et des dosages d’histamine et de tryptase intermédiaires entre le groupe des patients allergiques et ceux non allergiques. Ce qui suggère qu’une partie d’entre eux sont véritablement allergiques au produit de contraste.
Les équipes ont également étudié les réactions croisées avec d’autres produits de contraste différents de celui responsable de la réaction : 62,7% des patients allergiques avaient une réaction croisée à un ou plusieurs produits testés purs.
Cette étude montre ainsi que 21% des réactions d’hypersensibilité en radiologie sont véritablement dus à une allergie aux produits de contraste.
Les patients allergiques présentent un grand risque de récidive si on leur réinjecte un produit de contraste donnant un test cutané positif.
Les patients ayant manifesté des symptômes sévères (choc anaphylactique ou signes cardiovasculaires) devraient bénéficier d’un dosage d’histamine et de tryptase au décours de la réanimation et de tests allergologiques dans les six mois qui suivent, afin de déterminer l’origine allergique ou non de leur réaction, et surtout de savoir quels produits seront contre indiqués ou autorisés pour les injections futures.
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ANOREXIE |
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ANOREXIE
Diminution ou arrêt de l’alimentation par perte d’appétit.
Il existe plusieurs grandes situations d’anorexie.
1. ANOREXIE MODÉRÉE ET TRANSITOIRE
La perte modérée et transitoire de l’appétit (→ faim, → satiété), pour tout type d’alimentation ou pour des aliments spécifiques comme la viande, est fréquente et banale au cours des maladies infectieuses aiguës comme, par exemple, la grippe et les syndromes grippaux, l’hépatite A, l’angine, la pneumonie aiguë, la gastro-entérite ou les fièvres éruptives chez le jeune enfant.
On la rencontre aussi au cours de maladies infectieuses chroniques comme la tuberculose, l’hépatite B, le sida déclaré, les parasitoses digestives.
Cette perte d’appétit accompagne de nombreuses maladies au long cours comme les cancers, l’insuffisance rénale ou hépatique, l’alcoolisme chronique et les toxicomanies.
2. ANOREXIE SÉVÈRE ET DURABLE
Une perte plus sévère et durable de l’appétit sans cause organique déclenchante s’observe aux âges extrêmes de la vie, chez le nourrisson et chez les personnes très âgées (→ vieillesse).
Elle accompagne surtout divers troubles psychiatriques, notamment la dépression dont elle est un symptôme habituel; et la maladie d’Alzheimer. À plus court terme, toutes les situations de stress aigu peuvent provoquer une anorexie d’intensité et de durée variables : deuil, divorce, perte d’emploi, accident de la vie, etc.
3. ANOREXIE MENTALE
Le refus de manger malgré la faim, dont la sensation persiste longtemps, caractérise l’anorexie mentale qui débute habituellement dès l’adolescence chez la jeune fille (90 % des cas contre 10 % de garçons) et qui constitue une maladie à part entière. Une forme d’anorexie mentale se voit aussi chez le nourrisson entre 8 et 20 mois.
Pour en savoir plus, voir les articles anorexie mentale, anorexie du nourrisson.
anorexie mentale
Refus conscient et volontaire, plus ou moins systématique, de s’alimenter.
L’anorexie mentale, décrite au xixe siècle sous le nom d’anorexie nerveuse, est un trouble sévère du comportement alimentaire qui se déclare le plus souvent à l’adolescence et touche, dans plus de 90 % des cas, des jeunes filles ou jeunes femmes. Il ne s’agit pas d’une perte d’appétit car la faim persiste durant plusieurs années, mais d’un refus conscient et volontaire de se nourrir, longtemps dissimulé à la famille ou justifié par de multiples prétextes.
L’anorexique, fille ou garçon, est obsédé par son poids et son apparence physique, chassant la moindre trace de graisse sous-cutanée ou la moindre rondeur. C’est une personnalité souvent brillante sur le plan intellectuel, très active et bien insérée sur le plan scolaire ou professionnel.
Pour en savoir plus, voir l'article alimentation, anorexie.
1. LES CAUSES PROFONDES DE L'ANOREXIE MENTALE
Les facteurs qui prédisposent à l’anorexie mentale sont l'appartenance au sexe féminin ou, chez les garçons, la profession (danseur, jockey, mannequin), mais aussi la génétique. En effet, le risque est multiplié par 10 quand un parent a été touché et il existe une concordance beaucoup plus forte chez les vrais jumeaux que chez les faux jumeaux.
La majorité des anorexiques ont, bien avant les troubles alimentaires, une personnalité insatisfaite d’elle même avec une faible estime de soi, plutôt introvertie dans la forme restrictive pure et extravertie dans la forme anorexie/boulimie, perfectionniste, avec une volonté de tout maîtriser et une intolérance à l’échec même relatif dans les études comme dans les loisirs.
Les facteurs extérieurs sont la forte pression culturelle et sociale ayant instauré un véritable culte de la minceur et un rejet des rondeurs. L’anorexie mentale est rare en dehors du monde occidental suralimenté et sa fréquence dans les populations immigrées, venues de pays pauvres où la maigreur est un signe de mauvaise santé et de faible fécondité, ne rejoint celle du pays d’accueil qu’à la troisième génération.
2. LES FACTEURS DÉCLENCHANTS DE L'ANOREXIE MENTALE
L’entrée dans l’anorexie est un phénomène lent et progressif au départ duquel on retrouve souvent un événement marquant : la puberté et ses transformations physiques et psychiques, les premiers émois ou échecs amoureux, le deuil (d'une grand-mère par exemple), la séparation des parents, un déménagement, une prise de poids involontaire et un premier régime.
La pression sociale sur le poids se traduit par des réflexions ou des moqueries de la famille, de l’entourage scolaire ou sportif, la lecture de multiples articles conseillant tel ou tel régime pour atteindre le « poids idéal » ou la ressemblance avec tel ou tel modèle féminin. Les premières privations provoquent une sensation de bien-être digestif et de légèreté physique et morale renforcée par les observations flatteuses de l’entourage : le processus enclenché va se renforcer et perdurer.
3. LES SIGNES ET LES SYMPTÔMES DE L'ANOREXIE MENTALE
L’anorexie est longtemps difficile à repérer car très bien dissimulée par de multiples subterfuges utilisés pour ne plus passer à table en famille ou pour en sortir rapidement, par exemple en prétextant le fait d’avoir fait la cuisine et d’en avoir goûté les plats ou d’être débordé par le travail scolaire et les activités extérieures.
Quatre critères servent de base au diagnostic d’anorexie mentale :
• le refus de maintenir un poids corporel normal ;
• la peur phobique de prendre du poids avec pesée une ou plusieurs fois par jour ;
• l’altération de l’image de son propre corps ;
• l’arrêt des règles.
On distingue alors deux grandes formes de la maladie :
• l’anorexie restrictive pure, souvent associée à une activité physique intense ;
• l’anorexie avec boulimie, marquée par des crises incontrôlables, brèves et intenses, d’ingestion massive d’aliments et de boissons (→ boulimie) suivies d’un fort sentiment de culpabilité avec vomissements provoqués et prises de diurétiques et de laxatifs.
La dépression qui peut aller jusqu’au suicide, l’anxiété et la peur du contact avec les autres, les idées obsédantes et les comportements compulsifs, les addictions (tabac, alcool, cannabis ou autre stupéfiant) sont des troubles souvent associés à l’anorexie mentale sans en être un signe direct. Ils peuvent néanmoins attirer l’attention quand ils sont associés à une perte de poids en apparence inexpliquée.
4. LE TRAITEMENT ET LE PRONOSTIC DE L'ANOREXIE MENTALE
Les multiples conséquences physiques et psychiques font de l’anorexie une maladie grave qui impose une prise en charge spécialisée, dans une « Maison des Adolescents », par exemple. La prise en charge sera multidisciplinaire, assurée par une équipe qui comprend le médecin traitant, un médecin interniste pour les conséquences organiques, un psychothérapeute pour mieux gérer le quotidien, un psychiatre pour gérer les aspects psychiques profonds, un diététicien et, si possible, la participation à un groupe de parole. L’équipe établit un programme individualisé et coordonné au sein d’une consultation hospitalière.
Il n’existe aucun médicament spécifique de l’anorexie mentale. L’hospitalisation n’est indiquée que dans les périodes les plus aiguës ou difficiles de l’anorexie.
Le pronostic de l’anorexie mentale, bien que nettement meilleur qu’au temps de la seule prise en charge psychanalytique, reste inquiétant avec seulement 30 à 40 % de guérison, 30 à 35 % d’amélioration relative, mais aussi 30 à 40 % d’échec total et 7 à 10 % de décès dus aux complications physiques de la dénutrition ou au suicide.
anorexie du nourrisson
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Trouble de l'alimentation assez fréquent chez l'enfant de 3 à 24 mois.
L'anorexie du nourrisson, d'une intensité et d'une durée limitées, passe le plus souvent inaperçue.
ANOREXIE COMMUNE
C'est une forme accentuée du refus alimentaire. Elle fait le plus souvent suite à une réponse mal adaptée de l'entourage face à ce refus soudain. Elle est souvent liée à un événement de la vie de l'enfant : poussée dentaire, sevrage, maladie infectieuse (rhinopharyngite, par exemple), naissance d'un frère ou d'une sœur, reprise du travail de l'un des parents, conflits familiaux. Le nourrisson anorexique, s'il refuse de manger aux repas, grignote néanmoins dans la journée et accepte toujours de boire. Les parents tentent souvent de le forcer à manger par toutes sortes de moyens : jeux, histoires, promesses, intimidation. Le conflit s'envenime d'autant plus qu'il n'est pas rare que le nourrisson s'alimente normalement chez d'autres personnes (nourrice, grands-parents ou à la crèche).
Après un examen clinique éliminant l'éventualité d'une maladie organique curable, le médecin aide les parents à dédramatiser la situation et fournit des conseils adaptés au fonctionnement familial et au stade de développement de l'enfant : présenter les aliments et les retirer sans commentaires en cas de refus, laisser le nourrisson manger avec ses doigts, assouplir les horaires de ses repas, jouer davantage avec lui, etc. La plupart des anorexies communes ne durent pas si elles sont traitées rapidement. La prise de poids reste faible mais va en augmentant. Toutefois, le diagnostic doit être remis en question en cas d'amaigrissement persistant.
ANOREXIE SÉVÈRE
Plus rare, elle peut apparaître quelques jours après la naissance. Le nourrisson présente un retard pondéral important et sa courbe de poids est "cassée". Son développement psychomoteur et cognitif (acquisition des connaissances) est ralenti. Trois diagnostics peuvent être évoqués:
— une anorexie commune mal traitée peut se muer en une anorexie sévère si la relation parent-enfant devient fortement perturbée;
— l'anorexie sévère peut être la conséquence d'une maladie organique. Le refus alimentaire n'entre plus alors dans le cadre de troubles comportementaux mais plutôt dans celui d'une disparition de la sensation de faim, liée à la pathologie ;
— l'anorexie sévère peut enfin révéler un trouble psychopathologique grave. Elle est alors associée à d'autres symptômes tels que troubles du sommeil, irrégularité des acquisitions psychomotrices et cognitives, comportements anormaux (apathie et agressivité), communication et socialisation perturbées.
L'anorexie sévère du nourrisson nécessite une prise en charge à la fois somatique et psychopathologique.
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